6 mois après le coup d’État mené au Soudan par Abdel Fattah al-Burhan, la population exprime toujours le désir d’un retour à la démocratie. La voix pacifique reste privilégiée par les comités de résistance.
Depuis le 25 octobre, le pays a entamé un retour en arrière. Répression violente de manifestations, disparitions forcées et musellement de la parole. Un rappel des sombres années qui avaient marqué les trente années de dictature Omar el-Bechir, dirigeant d’une main de fer le pays avec l’armée et un premier cercle nommé dans les plus hautes fonctions du Soudan. Ces deux composantes sont désormais de retour. Depuis la prise de contrôle de al-Burhan, il a fait libérer plusieurs membres du Congrès national (NCP), parti national fondé par le dictateur déchu. Les analystes y voient une volonté de la junte en place d’asseoir son pouvoir et de mieux préparer des élections l’année prochaine.
Mais du côté des militants pour la démocratie et plus généralement de la population, les aspirations vers un retour de la démocratie ne sont pas affectées. Malgré les décès de manifestants, l’opposition se structure et s’organise. 6 mois de retour en arrière n’ont fait que confirmer la volonté de changement vers plus de droits. L’envie de tirer un trait sur ce vieux monde est omniprésente. Signe de cette vitalité, les comités de résistance, organisations qui avaient entraîné la chute de el-Bechir il y a trois ans, ont convenu de la rédaction d’une « Charte pour l’instauration de l’autorité du peuple » en février, une feuille de route pour amorcer un retour à la transition, abruptement interrompue en octobre. La violence employée à des fins politiques par les forces de l’ordre n’ont pas altéré le pacifisme prôné par ces groupes de résistance.
Un recours à la non violence qui inquiète le régime puisqu’il amplifie à l’international la légitimité des demandes populaires. La communauté internationale a ainsi coupé une partie de l’aide qu’elle avait attribué à la démocratie en devenir. Par ailleurs, la perspective de manifestations massives dans les mois à venir, alors que le pouvoir d’achat est en chute libre, alimente encore plus l’inquiétude du pouvoir. Le Soudan dépend en effet en grande partie du blé ukrainien ou russe et c’est la hausse du prix de ce produit alimentaire qui avait précipité la chute d’el-Bechir.