Nous ne nous sommes pas rendus à Naples, au quartier général de l’Unione Popolare, dans l’espoir d’une victoire. Nous y sommes allés pour que persistent ces liens si précieux qui nous unissent, de fraternité et d’internationalisme, qui transcendent les frontières et unissent nos peuples. Une solidarité nécessaire, qui ne doit pas seulement se manifester dans les victoires les plus belles, comme outre-Atlantique — au grand bonheur de nos peuples — mais également dans les moments les moins simples, ceux que l’on a connus, ceux qui nous font repartir de zéro, dans des moments de grande solitude parfois, mais aussi de grande opportunité. L’opportunité de construire les bases d’une alternative populaire solide, sur lesquelles pourront s’appuyer des millions de personnes à court, moyen ou long terme. La temporalité parfois cruelle des événements ne doit pas entamer notre patience infinie à laquelle nous sommes obligés.
Rendre visite à nos camarades là-bas, c’est tisser ces liens qui peuvent nous unir dans le temps en rencontrant tour à tour des militants humbles à un moment de l’histoire et de brillants gouvernants. Quelle joie lorsque cela arrive. Leur apporter notre soutien, c’est leur donner cette force qui nous manquait tant quand nous étions nous aussi dans le néant. Une force politique, tant par l’exposition médiatique que leur a apporté la visite de Jean-Luc Mélenchon alors que les médias mainstream ne prononçaient jamais les mots « Unione » et « Popolare », que par les échanges formateurs qui ont eu lieu. Formation idéologique et formation stratégique, indispensable au développement de nos forces populaires respectives.
Puis est venu le résultat de dimanche. Sans surprise, nous assistons en Italie à une recomposition des forces politiques de la droite et de l’extrême-droite dont la candidate est plus « néolibérale que fasciste », comme l’ont expliqué les membres de l’Union Popolare sur place : « L’extrême-droite la plus réactionnaire représentée par la Lega et Salvini, a laissé la place à une droite extrême au discours plus « poli », mais au libéralisme dévastateur. La possible future présidente du conseil ressemble davantage à une réincarnation de Berlusconi et du pire de la politique italienne des années 2000. »
En réalité, l’événement politique majeur de la nuit dernière n’est pas tant la victoire attendue de Meloni et Fratelli d’Italia, que l’abstention : la grève civique continue de croître en Italie. Ce dimanche, près de 9% d’inscrits supplémentaires se sont abstenus, comparé à 2018. Depuis 2006, en une quinzaine d’année, ce sont 20% d’Italiens de plus qui font le choix de ne plus participer au jeu électoral, pour les mêmes raisons que l’on connaît aussi en France : dégoût de la politique, « tous pourris », et trahisons de la gauche notamment.
L’Italie, son peuple et le combat que mènent les membres de l’Unione Popolare, qui ont malgré tout gagné 30 000 voix dans cette élection — après une campagne éclair de deux mois et 60 000 signatures à rassembler pour pouvoir se présenter, nous enseignent ce qui suit. Aussi bas que soit tombé le flambeau de la lutte, nous serons toujours là pour le relever. Aussi compromises que soient les forces politiques traditionnelles de gauche, la rupture et la transformation radicale de nos sociétés demeurent la seule alternative populaire au néolibéralisme et au fascisme. Enfin, aussi inégales que soient nos forces d’une frontière à une autre, l’internationalisme et la solidarité concrète doivent continuer à animer nos échanges, parfois loin de logiques strictement politiciennes, mais toujours proches des logiques qu’impose la fraternité universelle.