La désolation sur des centaines et des centaines de kilomètres. Une agriculture vivrière sinistrée. Et la famine qui poursuit son inexorable progression. Le scénario dépeint est calamiteux et les ONG brillent par leur impuissance. Pour la 4ème année de suite, la Somalie subit les foudres de la désertification, une des nombreuses conséquences du changement climatique. Chaque année à partir du mois d’octobre, la saison des pluies doit pourtant constituer une parenthèse indispensable au maintien d’une agriculture de subsistance.
Les sécheresses successives participent donc à la précarité croissante d’une large part de la population somalienne. Comme le relève l’ONG NRC (Norwegian Refugee Council), le nombre de personnes souffrant de la faim pourrait passer au-dessus du seuil des 7 millions, soit plus de la moitié de la population du pays. Une progression de 2 millions en quelques mois. Depuis l’année dernière, 800 000 nouveaux réfugiés climatiques ont fait leur apparition, des personnes contraintes de quitter leur domicile à cause de cette absence d’eau.
Des repas en moins, un accès dégradé à de l’eau potable alors que les perspectives climatiques continuent de se noircir. D’autant plus que les difficultés de la Somalie sont présentes sur plusieurs fronts. Les conflits armés restent prévalents dans l’État de la Corne de l’Afrique. Et le contexte géopolitique n’aide pas. Le pays dépend très largement des exportations de blé d’Ukraine et de Russie et subit donc la hausse des cours céréaliers mondiaux.
Ces difficultés chroniques qui se déroulent parallèlement à d’autres crises humanitaires dans le monde, provoquent mécaniquement une diminution de l’aide accordée à cette population en détresse. L’ONU est sous-dotée pour faire face aux besoins critiques et ses tentatives d’amasser des fonds rencontrent peu de succès. Tout juste la Somalie pourra-t-elle se préparer à aborder dans quelques mois sa 5ème saison des pluies sans eau.