De nombreux Tunisiens ont battu le pavé de la capitale du pays hier afin de protester contre l’absence prolongée de démocratie. Depuis l’accaparement des pouvoirs par le président, Kaïs Saïed, peu de choses ont changé et les réformes promises tardent à arriver.
Plusieurs milliers de manifestants se sont rassemblés dimanche 20 mars à Tunis pour protester contre les dérives d’un président gourmant de pouvoir. Depuis la fin juillet, celui-ci s’est arrogé les pleins pouvoirs et a déjà adopté plusieurs décisions qui minent des acquis de la vague révolutionnaire de 2011. Kaïs Saïed a ainsi ordonné le mois dernier la dissolution du Conseil supérieur tunisien de la magistrature pour le remplacer par une institution dépendante des décisions de l’exécutif.
Le président a pourtant promis de soumettre une réforme constitutionnelle à un référendum le 25 juillet prochain, soit l’anniversaire de sa prise de pouvoir soudaine. Un calendrier qui pourrait ne pas être suivi. En prévision de la rédaction de cette réforme, Kaïs Saïed avait en effet organisé une consultation de la population mais uniquement en ligne, un choix discutable compte tenu de la fracture numérique qui touche une part conséquente du peuple tunisien. Près de 530 000 personnes, soit moins de 10 % du corps électoral, ont répondu aux 30 questions proposées. Une consultation étendue sur trois mois qui a pris fin ce dimanche, jour de la Fête de l’indépendance.
Avec un si faible soutien public, difficile d’envisager une rédaction sereine de la réforme constitutionnelle. À l’inverse, les opposants au président, qui ont appelé au boycott de la consultation, ont préféré se mobiliser dans la rue. Malgré l’emploi de la police pour empêcher aux manifestants d’accéder à la place du Bardo, point de chute de la manifestation, le cortège a pu scander ses slogans réclamants un retour aux institutions démocratiques voulues par le peuple. Une lutte pour sauver la révolution qui n’a pas dit son dernier mot.