Vendredi 11 mars à midi, Gabriel Boric a été investi président du Chili lors d’une cérémonie au Congrès national. L’arrivée de ce nouveau chef d’État s’inscrit dans la continuité des mouvements qui avaient ébranlé la société du pays dès 2019. L’enjeu sera pour lui de répondre aux nombreuses attentes d’une part de la population frappée depuis des années par les inégalités et la discrimination.
Perché sur la tribune du Congrès national, il vient de recevoir l’écharpe qui lui incombe du président du Sénat et la pioche de O’Higgins, symbole du pouvoir présidentiel, des mains de son prédécesseur de droite, Sebastián Piñera. L’émotion le prend alors que l’hymne chilien résonne dans le salon d’honneur. C’est que le poids qui repose sur les épaules de Gabriel Boric, nouveau président du Chili, est immense. Ses premiers gestes en tant que président seront scruté par une population qui attend de profonds changements dans le pays.
Cette cérémonie est la suite logique de mouvements sociaux portés par la jeunesse qui ont investi la scène publique dès 2019. La hausse des tarifs du métro de Santiago avait déclenché une mobilisation inédite dans le pays. De multiples revendications sociales ont été mises en avant avec une véritable volonté de lutter contre les inégalités. Une Assemblée constituante avait été créée afin de rédiger une nouvelle constitution chilienne (celle qui existait jusqu’alors étant un héritage de la dictature de Pinochet).
Le mode de désignation de cette nouvelle assemblée avait permis de montrer que les Chiliens souhaitaient également modifier les pratiques politiques. Un tiers de ses membres sont aujourd’hui indépendants, affiliés à aucun parti politique. Ses travaux sont encore en cours et le vote des nouveaux articles a commencé la semaine dernière. La nouvelle constitution sera présentée cet été mais l’on sait déjà qu’elle devrait comporter de nombreux éléments progressistes, notamment sur le droit des peuples indigènes. Ces derniers sont ceux qui subissent encore aujourd’hui les plus grandes discriminations dans le pays. Gabriel Boric leur a d’ailleurs adressé un message vers plus de reconnaissance dès sa prestation de serment « devant le peuple et les peuples du Chili ».
Une réaction conservatrice est née de ce tournant progressif unique au monde. Lors de l’élection présidentielle, Gabriel Boric a affronté le projet d’extrême droite porté par José Antonio Kast et sa nostalgie du régime de Pinochet. Les forces de gauche se sont unies avec succès derrière le jeune candidat de 36 ans afin de maintenir vivantes leurs revendications. Tout l’enjeu pour l’ancien député au cours des quatre prochaines années sera désormais de ne pas décevoir les espoirs portés en lui, alors que s’ouvre pour le Chili un nouveau chapitre de son histoire.