Avec 56% des voix contre le candidat d’extrême droite José Antonio Kast, la victoire est écrasante pour Gabriel Boric, ancien député et leader étudiant, défenseur de l’Etat-providence et pourfendeur du néolibéralisme. À 35 ans, il est le nouveau président du Chili.
Les scènes de liesse à Santigao de Chile qui circulent sur les réseaux sociaux depuis hier dimanche 19 décembre 2021 sont spectaculaires : elles sont à la hauteur de l’évènement historique que représente la victoire de Gabriel Boric, à la tête de la coalition de gauche dont est membre le Parti communiste, sur José Antonio Kast, le candidat d’extrême droite ouvertement nostalgique de la dictature de Pinochet.
Plus d’un million de voix séparent les deux hommes et la participation dépasse les 55%, un record depuis la fin du vote obligatoire en 2012. Au premier tour, elle était de 47%, et M. Kast était arrivé devant (27,9% contre 25,8%). Au deuxième tour, les Chiliens se sont fortement mobilisés et ont élu Gabriel Boric, un président de gauche représentant une génération qui a massivement manifesté et obtenu une nouvelle constitution qui efface l’héritage de Pinochet.
Gabriel Boric est le candidat de l’Etat-providence : « Le néo-libéralisme est né au Chili, et ce pays sera son tombeau« , avait-il lancé lors de sa victoire aux primaires de gauche face au communiste Daniel Jadue. Il promet d’en finir avec le système néolibéral implanté sous Pinochet et de « remettre l’État au cœur des politiques publiques pour garantir des conditions de vie dignes ». Il souhaite promouvoir une grande réforme fiscale comprenant un meilleur partage des richesses, un meilleur accès à la santé, à l’éducation, ainsi que la création d’un nouveau système de retraite, aujourd’hui entièrement privé. José Antonio Kast était lui le candidat « de l’ordre et de la sécurité » avec un programme ultraconservateur.
La victoire de Boric, 48 ans après le coup d’état du 11 septembre 1973 contre le président socialiste démocratiquement élu Salvador Allende, est historique. Elle fait suite à la révolution citoyenne entamée par la jeunesse qui a porté les immenses manifestations de 2019. « Il suffit d’oser », avaient dit les jeunes qui ont sauté dans le métro de Santiago un jour d’octobre 2019, en commençant le processus de récupération de la Dignité. Ce noble geste accompagné d’un acte de rébellion a suffi à réaliser l’impossible. Nous avons tous en mémoire les images des jeunes lycéens sautant par-dessus les barrières du métro de Santiago, exigeant qu’il soit gratuit pour tous. Et ce sont les jeunes que Boric a réussi à mobiliser pour s’imposer dans les urnes. Cette jeune génération qui souhaite tourner la page de la dictature de Pinochet, qui souhaite plus d’Etat, plus de partage des richesses et le respect de l’environnement.
Le Chili a démontré, une fois encore, que c’est possible, que la reprise en main de nos destins est possible. Le Chili ouvre la voie pour tous les peuples qui luttent contre un système néolibéral toujours plus autoritaire, contre les inégalités, contre le saccage de la planète et pour l’harmonie des êtres humains entre eux et avec la nature.