Le décret avait été publié dans l’entre-deux-tours de la présidentielle : en application d’une réforme de la haute fonction publique, les deux corps historiques du ministère des Affaires étrangères devraient être progressivement supprimés. Une annonce soudaine, remise en cause par les diplomates qui s’inquiètent du devenir de la profession.
Une grève est en cours de préparation au sein des locaux du ministère des Affaires étrangères d’ici au début du mois de juin. Une réaction au démantèlement annoncé du renommé réseau de diplomates français. Ce démantèlement serait le résultat de la création d’un corps des administrateurs de l’État composé de hauts fonctionnaires amenés à travailler dans de multiples ministères tout au long de leur carrière. L’étincelle d’une mobilisation inédite dans ce qui deviendrait la deuxième grève en un siècle au sein de l’institution.
C’est que les réformes proposées se sont faites à marche forcée et en décalage avec les besoins sur le terrain. Alors que le réseau diplomatique est mis à contribution comme rarement avant, actualité internationale oblige, une filière d’excellence sera désormais mise en concurrence avec des hauts fonctionnaires issus d’autres milieux. Un tel système pourrait ainsi faciliter la nomination de figures politiques en lieu et place de diplomates de formation, au grand dam des nouveaux entrants dans la profession. Une politisation de l’administration déjà visible dans d’autres domaines. Ainsi, au sein de l’Éducation nationale, c’est le seuil de nomination des recteurs ne disposant pas d’habilitation à diriger des recherches qui avait été relevé en douce sous le quinquennat d’Emmanuel Macron.
Peu de figures politiques s’étaient emparées du sujet avant le décret de l’entre-deux-tours à l’exception notable de Jean-Luc Mélenchon qui avait publiquement pris position contre cette disparition des corps diplomatiques. Dès mars il signait la pétition lancée par des agents du ministère pour attirer l’attention sur ce changement.