Yoon Seok-yeol, candidat du PPP a remporté l’élection présidentielle du 9 mars 48,59 % des voix. Son dauphin issu du Parti démocratique Lee Jae-myung échoue à moins d’un point avec 47,79 % des voix. Cette victoire du PPP est une mauvaise nouvelle dans la lutte continue des femmes contre une misogynie ancrée dans la société sud-coréenne.
« Les femmes ne souffrent pas d’inégalité structurelle en Corée du Sud. » Ces propos sont ceux de Yoon Seok-yeol, candidat victorieux de l’élection présidentielle sud-coréenne. Ils sont surtout faux selon les indicateurs disponibles sur le pays. La Corée du Sud se trouve ainsi à la dernière place du classement de l’OCDE sur les écarts de revenus entre les hommes et les femmes. Le pays est classé derrière 42 autres nations développées. L’écart de revenus sous le prisme du genre y est de 31,5 %. Israël, classé avant-dernier, n’a ‘que’ 22,7 % d’écart.
Ces propos sont en réalité ceux d’une stratégie politique savamment orchestrée à des fins électorales. Depuis 5 ans, un mouvement d’opposition à toute mobilisation féministe a pris pied en Corée du Sud. Une très large majorité d’hommes considèrent qu’ils sont les victimes de discriminations liées à leur genre et écartent l’existence d’un sexisme systémique dans le pays. Les femmes y sont souvent moquées, leurs propos dévalorisés et tandis qu’elles sont cantonnées à des rôles genrées au sein de la société. Pour les antiféministes, c’est même de la faute de ces femmes si le taux de natalité sud-coréen est si bas.
Face à la puissance de ce mouvement masculiniste, le PPP, parti conservateur, et son candidat, Yoon Seok-yeol, ont tenté de se saisir de ses thématiques. Une réussite qui se traduit dans les résultats du vote. 58,7 % des hommes de moins de 30 ans ont ainsi donné leur voix au candidat conservateur contre seulement 36,3 % pour Lee Jae-myung, son rival. À l’inverse, les femmes de moins de 30 ans ont voté à 58 % pour Lee et seulement à 33,8 % pour Yoon.
Avec cette victoire du conservateur, les mouvements féministes craignent un retour en arrière dans les mentalités avec l’expression d’un sexisme encore plus marqué dans le pays. Des avancées concrètes obtenues ces dernières années comme l’obligation légale d’avoir 30 % de femmes dans les institutions publiques pourraient être supprimées. Le vainqueur de l’élection a d’ores et déjà annoncé la suppression du ministère de l’égalité des genres et de la famille. Malgré ces mesures, les féministes restent déterminées à mener ce combat pour plus d’égalité.