Pour le philosophe Mark Alizart, la crise sanitaire que nous traversons est la bande d’annonce de ce qui nous attend si rien n’est fait sur le plan écologique. Dans son dernier essai » Le coup d’État climatique » il nous met en garde face aux dérives du capitalisme.
Nous n’avons jamais vu autant de scientifiques à la télévision. Sur tous les plateaux de tv ils nous somment de rester chez nous, et nous les écoutons. Mark Alizart se réjouit de cette prise de conscience. Selon lui, l’émergence du virus a rendu audible la parole scientifique pour le public. Ce retour des experts dans les bonnes grâces de la population est une bonne chose. Il y a quelques mois, les climatologues étaient encore ridiculisés voire intimidés par des campagnes orchestrées par les lobbies de l’industrie fossile. On est donc en droit d’espérer que cette crise épidémiologique nous projette plus loin dans la lutte contre le changement climatique. » Il y a une sorte de pédagogie nouvelle qui s’est installée dans l’esprit du public. C’est le fait d’aplatir les courbes. Tout le monde a bien compris pourquoi il était nécessaire de rester confinés à la vision de ces deux courbes, dont l’une montait en flèche si l’épidémie n’était pas maîtrisée. Je pense qu’on peut dire aujourd’hui en étant compris que la question du climat est à peu près semblable. «
Un des obstacles à cette conscientisation du public face au changement climatique est le capitalisme. Un modèle que nos dirigeants souhaitent préserver quoi qu’il en coûte. Le philosophe pointe du doigt les polémiques qui ont court actuellement aux États-Unis quant à la manière de traiter le virus. Faut-il déconfiner ? » Ce sont des questions que nous nous posons également en Europe, parce qu’on se dit qu’après tout le capitalisme vaut bien quelques morts du coronavirus « Et pour Mark Alizart, la gestion de la crise sanitaire nous dévoile aussi le fond politique de la question climatique. » S’il y a si peu de choses qui ont été faites pour contrer le réchauffement climatique c’est parce que plein de gens pensent qu’au fond c’est pareil. Le capitalisme vaut bien quelques morts du réchauffement climatique. En plus ces morts on ne sait pas très bien où ils seront, ils seront sûrement lointains, pas très productifs. Donc ils ne nous intéressent pas tellement. Un peu comme les vieillards qu’on laisse mourir dans les EPHAD. «
Le capitalisme a besoin de catastrophes
Dans nos pays occidentaux, le dérèglement climatique revêt fréquemment des allures de fin du monde. Notre vision est très collapsologiste, explique le philosophe, paralyse toute forme d’action car » si c’est la fin de tout, cela ne sert à rien de se battre. Le réchauffement climatique est d’abord une succession de petites et de grosses crises inégalement distribuées à la surface de la planète. Certaines ont déjà commencé et il y a toujours quelqu’un qui peut tirer profit de cette situation. » Notre vision du capitalisme est selon lui erronée. Car le capitalisme survit même dans la destruction. Détruire de la valeur permet aussi aux actionnaires qui ont pu se défausser de leurs actions de les racheter à bas prix. » Le capitalisme a besoin de catastrophes et quand elles n’arrivent pas il peut même les fabriquer. »
Nous avons besoin d’écologistes qui comprennent que nous sommes en guerre et non en crise
Guerre climatique
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