En Turquie, Osman Kavala et sept co-accusés ont été condamné à l’issue d’un procès politique le lundi 25 avril. Une décision fraîchement accueillie par les défenseurs des droits humains qui se sont spontanément mobilisés dans la rue le lendemain.
La condamnation d’Osman Kavala ne passe pas. Figure de la société civile en Turquie, il a été condamné à la prison à vie par la justice du pays. L’issue courue d’avance d’un procès mené à charge contre une bête noire du régime d’Erdogan. Il était accusé de tentative de coup d’État et d’espionnage. Des charges qui ont été liées à son rôle clé supposément joué dans le mouvement pacifique de la place de Gezi à Istanbul en 2013 ou dans la tentative de coup d’État de 2016. Acteur de la sphère culturelle, fondateur d’une maison d’édition, il avait souvent été assimilé à un opposant de l’ombre, usant de son réseau secret pour faire tomber Erdogan. Un récit vigoureusement rejeté par la principal intéressé, ce qui n’a pas empêché une persécution judiciaire menée à son encontre, terminée par cette prison à perpétuité sans possibilité de réduction de peine. Il était jusqu’à présent en détention provisoire depuis quatre années et demi.
Ses sept co-accusés, parmi lesquels l’avocat Can Atalay mais également des universitaires, artistes, ont de leur côté hérité d’une peine de 18 années derrière les barreaux. Plusieurs ONG mais également des ambassades européennes ont dénoncé une décision judiciaire qui continue de diminuer l’accès aux droits humains, des droits largement remis en cause depuis 2016 avec une chasse aux sorcières menée contre les supposés organisateurs du coup d’État manqué. Amnesty International considère ainsi qu’il s’agit d’un nouveau « coup dévastateur » porté à ces droits dans le pays. Les avocats des personnes jugées annoncent vouloir faire appel de ces condamnations dans les jours qui viennent. En réaction à ces décisions, des mobilisations spontanées, rassemblant plusieurs centaines de personnes, ont eu lieu dans les rues d’Istanbul le mardi 26 avril. Et ce malgré l’interdiction formulée par les autorités qui ont effectué plusieurs arrestations. Une réaction qui ne risque pas de démobiliser une population en mal de liberté.