La Cour constitutionnelle a ordonné la libération de l’ex-président, condamné en 2009, arguant qu’il avait obtenu une grâce présidentielle en 2017. Plusieurs manifestations spontanées ont eu lieu les villes du pays afin de protester contre cette décision incompréhensible.
#IndultoEsInsulto. La grâce est une insulte. Le hashtag a déjà été partagé 40 000 fois depuis l’annonce de la libération prochaine d’Alberto Fujimori, dictateur péruvien qui a dirigé d’une main de fer le Pérou entre 1990 et 2000. Il est derrière l’existence du Grupo Colina, structure paramilitaire destinée à effectuer du terrorisme d’État. Réfugié au Japon puis au Chili à sa chute, il avait été remis aux autorités péruviennes en 2007. Une condamnation à vingt-cinq années de prison pour crimes contre l’humanité et corruption avait suivi en 2009.
Pourtant, en 2017, il avait bénéficié d’une grâce attribuée par le président de droite de l’époque, Pedro Pablo Kuczynski. C’est cette amnistie qui était au centre du recours étudié cette semaine par la Cour constitutionnelle. Dans une première décision, c’est une autre juridiction, la Cour suprême, qui avait relevé des irrégularités dans l’attribution de cette grâce et avait donc annulé la possibilité de libération. Depuis, les avocats du dictateur de 83 ans avançaient comme arguments une dégradation de l’état de santé de l’homme tout en maintenant que l’amnistie présidentielle était bien légale. La Cour constitutionnelle a reconnu l’admissibilité de cet argumentaire jeudi 17 mars, accordant donc sa libération à Fujimori. Au grand regret des familles des victimes de la violence institutionnalisée des années 90.
Plusieurs milliers de manifestants sont descendus dans la rue pour signifier leur opposition à cette libération, et une grande marche nationale est prévue samedi 19 mars. Le gouvernement a également regretté cette décision et étudie des possibilités de recours. Ceux-ci ne seront plus possible dans le pays, la Cour constitutionnelle ayant le dernier mot, mais une porte de sortie peut éventuellement être trouvée en faisant appel à la Cour interaméricaine des droits de l’homme. En attendant, Alberto Fujimori ressort libre dès cette fin de semaine malgré sa responsabilité dans des dizaines de décès.