Les autorités canadiennes ont présenté leur plan pour réduire les émissions de gaz à effet de serre du pays d’ici 2030. Mais celui-ci ne concernera pas les deux domaines qui polluent le plus, à savoir l’industrie des énergies fossiles et le secteur des transports.
Le 29 mars, le gouvernement de Justin Trudeau présentait son plan de lutte contre les émissions de gaz à effet de serre avec pour ambition le respect d’objectifs climatiques déterminés. Le plan vise ainsi à réduire de 40 % les émissions d’ici 2030 par rapport au niveau en 2005. À terme, c’est l’objectif d’une neutralité carbone à l’horizon 2050 qui est en ligne de mire. Il comprend 9 milliards de dollars d’investissements dédiés à cette lutte contre le changement climatique. Malgré tous ces beaux engagements, il est un détail qui n’a pas échappé aux observateurs : l’industrie des énergies fossiles et le domaine des transports n’auront pas à respecter la réduction demandée. Si ces deux secteurs – qui représentent près de la moitié des émissions de gaz à effet de serre dans le pays – devront baisser leurs émissions, ils devront le faire moins rapidement que dans d’autres acteurs du tissu économique.
Justin Trudeau a justifié cette exemption en affirmant que… ces secteurs étaient trop polluants pour pouvoir envisager un objectif plus ambitieux. Ainsi, selon lui, « nous en demandons énormément à l’industrie pétrolière » ce qui impose un peu de compréhension et de pragmatisme. Un positionnement surprenant pour celui qui se présente comme un exemple sur le climat auprès des pays membres de l’OCDE. Plus inquiétant, le gouvernement note que selon ses prévisions, la production de pétrole et de gaz canadiens va augmenter pendant quelques années encore. Le Canada est le quatrième exportateur de pétrole et le sixième de gaz, une place au sein des exportateurs d’énergie fossile que le pays entend garder. Par ailleurs, le secteur semble vouloir miser sa réduction d’émissions sur le développement de la capture de CO2, une technologie qui n’a pas encore réussi à faire ses preuves et qui pour le moment est particulièrement onéreuse et désincitative. Malgré ces annonces, le secteur a fraîchement accueilli la nouvelle et demande plus d’aides du gouvernement ainsi que l’essor de partenariats public-privé. Une preuve supplémentaire d’un marché incapable d’aborder frontalement le sujet climatique.