Il s’agit d’une décision historique pour les femmes dans ce pays où 80% des grossesses des filles de moins de 14 ans sont dues à des violences sexuelles sur mineures et dont le code pénal prévoyait jusqu’à 3 ans de prison en cas d’IVG. À partir de maintenant, aucune femme violée ne sera incriminée et sera protégée par l’Etat.
Cette avancée législative a été accueillie dans la joie le mercredi 28 avril par toutes les femmes qui ont scandé le slogan « Ninas, no madres » (filles, pas mères), qui a fait le tour de l’Amérique latine, région du monde où le combat pour le droit à l’avortement et la lutte pour les droits des femmes en général est à la pointe : en Argentine le mouvement des foulards verts a obtenu le droit à l’avortement le 30 décembre 2020, après des années de lutte. Au Chili depuis 2019, le slogan « un violador en tu camino » est devenu un hymne mondial.
Le féminisme en Amérique latine inspire le monde entier car il pose la question de la stratégie. Les femmes là-bas luttent contre trois adversaires : l’appareil d’état, l’église et les gangs. Les mouvements féministes qui se forment se politisent donc très vite avec des femmes souvent très jeunes, animées par un sentiment d’urgence… car le mouvement féministe qui se lève en Amérique latine constitue le mouvement révolutionnaire le plus important de ces dernières années. Les femmes le savent très bien : quand elles entrent en lutte, c’est que c’est une question de survie. Et cela met en mouvement des collectifs avec des idées novatrices et très efficaces. La révolution féministe en cours en Amérique latine peut changer profondément l’ensemble de ces sociétés.
Le défenseur du peuple équatorien Freddy Carrion Intriago s’est exprimé en ce sens sur Twitter :
« La résolution de la cour constitutionnelle de décriminaliser l’avortement pour viol est possible grâce aux femmes et aux groupes féministes qui se battent en permanence pour une société plus juste et égalitaire, sans eux ce ne serait pas possible aujourd’hui. »