Après le décès du président Idriss Déby, au pouvoir depuis 1990 et mort des suites de blessures lors de combats menés contre des rebelles du nord du pays, son fils Mahamat Idriss Déby a pris la tête du Conseil militaire de transition et a suspendu les principales institutions républicaines. Une prise de pouvoir inconstitutionnelle par le conseil militaire condamnée par les députés européens, sous l’impulsion de la France insoumise et des verts, qui appellent la junte à permettre des élections le plus rapidement possible.
La résolution a été votée par 635 voix sur 693. Les parlementaires européens ont condamné la prise de pouvoir par les militaires tchadiens après le décès du président Idriss Déby, ainsi que la suspension de la Constitution tchadienne et la dissolution du gouvernement. Les eurodéputés appellent le Conseil militaire à assurer un retour à l’ordre constitutionnel et dénoncent la répression violente de la junte contre les manifestations. En effet une vague contestataire s’est soulevée contre le Conseil militaire de Transition (CMT) et les Tchadiens sont descendus dans la rue contre ce qu’ils ont qualifié de « coup d’Etat », un de plus dans l’histoire tourmentée de ce pays qui n’a jamais connu de transition pacifique.
Une semaine après la prise de pouvoir de Mahamat Idriss Déby, les autorités ont annoncé deux morts dans le cadre des manifestations contre la junte militaire. Les ONG et associations locales ont compté, elles, près de dix morts, rien que pour la journée de contestation du 27 avril. Depuis, les manifestations et la répression continuent, avec sur les réseaux sociaux, des vidéos de manifestants qui dénoncent l’ingérence française et le soutien de Paris à la dictature. Car si le CMT a annoncé la tenue d’élections dans le pays d’ici 18 mois, les manifestants ne sont pas dupes et sont dans la rue pour exprimer leur ras-le-bol d’une dynastie monarchique en place depuis 1990 et l’impérialisme français qui l’entretient pour maintenir ses intérêts dans la région.
A la mort de Idriss Déby, l’Elysée avait sorti un communiqué saluant la mémoire du dictateur et le coup d’Etat de son fils Mahamat. La France insoumise avait immédiatement publié un communiqué au nom du groupe parlementaire pour déplorer l’hommage rendu à un despote par Emmanuel Macron : « Si la France veut véritablement se tenir aux côtés du peuple tchadien comme le prétend le communiqué de l’Elysée, elle doit appeler au retour à l’ordre constitutionnel et à l’organisation d’élections libres dans le délai prévu par la constitution tchadienne (90 jours maximum). »
L’Union européenne avait également fermement condamné la répression des manifestations. Et hier, le Parlement européen a adopté une résolution sur la situation au Tchad comprenant deux points essentiels : la condamnation des violations des droits humains et de la prise de pouvoir par les miliaires, et la demande d’enquête sur la répression des manifestations : « Nous serons vigilants à ce que la diplomatie européenne s’emploie à convaincre ses partenaires tchadiens d’honorer leurs droits démocratiques », s’est exprimé le député français Mounir Satouri.