930 000 hectares, plus de 10 % de la surface de l’État argentin de Corrientes, partis en fumée en seulement quelques semaines. Situé au nord-est du pays, dans une zone subtropicale, le territoire est en proie aux flammes depuis plus d’un mois. Des incendies aux conséquences dévastatrices pour la biodiversité.
Des incendies incontrôlables et des moyens limités pour y faire face. L’inquiétude est grande dans le nord-est de l’Argentine où des pompiers se battent depuis des semaines face à un danger d’ampleur alimenté par la sécheresse et les hautes températures. Ces multiples incendies ont pris pied sur plusieurs fronts et ont rasé plus de 10 % de la surface de la province de Corrientes, située aux frontières brésilienne et paraguayenne. Les cours d’eau asséchés dans ces zones habituellement humides n’a pas permis de stopper la progression des feux comme c’est le cas en temps normal. S’ajoute à cela la déforestation et l’agriculture intensive qui contribuent aux départs de feu involontaires.
Les pompiers de la province disposent de moyens limités. Les gouverneurs successifs, de droite, sont accusés d’avoir rogné dans les investissements nécessaires pour parer une telle situation. Pour aider à y faire face, plusieurs pays d’Amérique du Sud ont participé à l’envoi de pompiers sur place dont le Brésil et la Bolivie. Les autorités de ce dernier ont envoyé 80 pompiers boliviens sur place, arrivés la semaine dernière en vertu d’accords de coopération mutuelle. Des pluies en fin de semaine ont également contribué à diminuer l’ampleur de la catastrophe, limitant à six les foyers d’incendie encore hors de contrôle, principalement dans le nord et nord-est de la province. 70 % des incendies de la province sont ainsi sous contrôle en ce début de semaine, sans garantie que cette situation ne change.
Plusieurs chercheurs craignent les conséquences des feux sur la biodiversité. Le Parc national Iberá constitue ainsi l’un des principaux lieux où les feux se sont répandus. L’ONG Rewilding Argentina, qui œuvre à la préservation de la biodiversité, annonce que c’est 40 % de la végétation du parc national qui a brûlé. Une annonce inquiétante compte tenu du risque élevé d’une reprise en intensité des feux, et une mauvaise nouvelle supplémentaire pour les espèces préservées endémiques qui ont eu à subir ces incendies. Bruno Lovinson, sous-directeur de la Défense civile, estime que sept à quinze jours seront nécessaires afin de dresser un bilan de la situation avec suffisamment de recul. Dans ce contexte, les avertissements présents dans rapport du GIEC publié dans l’après-midi du 28 février trouvent une résonnance toute particulière. De tels incendies deviendront la norme, aux hommes de s’y adapter.