Alors que les sanctions visant la Russie se multiplient, la nécessité de viser directement les oligarques russes, premiers soutiens et bénéficiaires du régime, s’impose petit à petit. Ceux-ci ont multiplié pendant des années, les investissements au sein de l’Union européenne, ce qui rend d’autant plus facile toute ambition de les pénaliser. À condition d’en avoir la volonté.
La question des sanctions agite depuis plusieurs jours la sphère européenne. Où les appliquer, à quel secteur, et pour viser qui ? Des choix cornéliens quand il s’agit de sanctionner pour en subir plus tard les conséquences. Ainsi, la fin progressive de l’importation de gaz russe devrait entraîner une explosion des tarifs alors que la hausse des prix du carburant s’apparente déjà au choc pétrolier de 1973. Plusieurs personnalités politiques, ancrées à gauche, tels Jean-Luc Mélenchon ou Bernie Sanders, ont ainsi appelé à favoriser les sanctions visant les oligarques russes, véritables colonnes vertébrales du régime. Ces sanctions auraient le double avantage de toucher directement les acteurs de l’économie russe en leurs cœurs tout en limitant l’impact sur le portefeuille de la population russe et européenne.
Cette question des sanctions est au centre des préoccupations au Luxembourg où un tiers des oligarques les plus aisés détiennent des intérêts financiers selon les données publiques compilées par Stop Russian Capital. Le média luxembourgeois Delano relève ainsi que 12 des 40 plus grands oligarques russes sont les bénéficiaires d’au moins 90 entités luxembourgeoises. Ce chiffre pourrait être largement supérieur : au Luxembourg, le bénéficiaire d’une entité ne devient public que s’il possède plus de 25 % des parts d’une société. Une précision qui provoque une sous-évaluation de la donnée. Le cumul de la fortune de ces oligarques dépasse les 140 milliards de dollars mais la part de cette somme investie en Europe n’est pas publiquement disponible. Aujourd’hui, seul deux de ces oligarques sont présents sur la liste des personnalités sanctionnées par l’Union européenne. L’élargissement de cette liste pour inclure l’ensemble de ces investisseurs pourrait avoir un meilleur impact que d’autres sanctions moins ciblées.