Dans la province de Québec, le programme d’accès au logement AccèsLogis pourrait disparaître, sacrifié sur l’autel du libéralisme porté par le gouvernement Legault. Malgré les demandes de l’opposition qui soulignent l’importance d’un tel programme public.
C’est des déclarations qui inquiètent alors que le gouvernement québécois de François Legault présentera son budget 2022-2023 dans moins d’un mois. AccèsLogis, programme avec un quart de siècle d’existence qui finance la construction de logements sociaux et communautaires au Québec, est sur la sellette. Début février, Andrée Laforest, ministre des Affaires municipales et de l’Habitation, a annoncé un tout nouveau Programme d’habitation abordable Québec (PHAQ). Un programme à 200 millions de dollars afin d’accélérer la construction de nouveaux logements abordables. Mais par omission c’est surtout la question de l’absence d’investissements publics supplémentaires dans AccèsLogis qui est soulevée.
Car le PHAQ est avant tout un programme de partenariat avec les acteurs privés du bâtiment. François Legault, poussant sa conception libérale de la société, considère que le privé peut permettre de construire 2 000 nouveaux logements en chantier dès l’année prochaine. Un programme à base d’appels à projet mais qui ne comprend aucune garantie, aucune obligation, dans l’établissement du loyer et l’attribution de ces logements. Le Front d’action populaire en réaménagement urbain (FRAPRU) dénonce une privatisation du droit au logement. Il a ainsi tenu à rappeler l’importance d’un programme public comme AccèsLogis qui permet de garder la main sur les destinataires de ces logements, en permettant aux personnes avec les ressources les moins importantes d’accéder à ceux-ci.
Toujours est-il que plusieurs élus locaux ont témoigné leur inquiétude vis-à-vis du flou entourant la suite du programme public. Faute de budget, c’est un programme qui fonctionne qui pourrait être supprimé. Un comble quand on sait que les besoins en logements sociaux ont jamais été aussi élevés. À Montréal, l’opposition montréalaise dénonce le sous-investissement chronique du budget de la ville dans ce domaine du logement depuis trois ans. 265 millions de dollars canadiens sont nécessaires pour livrer d’ici 2025 2 000 logements, un chiffre qui ne répond même plus aux besoins actuels dans un marché saturé. Couplé à l’inflation, les logements au Québec sont désormais inaccessibles pour une majorité de ménages. Une situation difficilement corrigible par une politique libérale.