Le vendredi 25 juin 2021, la loi pour « le droit de chacun à disposer de sa propre vie » est entrée en vigueur en Espagne, 4e pays européen et 6e pays du monde à autoriser l’euthanasie.
La loi, approuvée à la mi-mars par les députés (202 votes pour, 141 contre), est devenue une réalité le 25 juin. Elle permet l’euthanasie (le soignant provoque la mort du patient) et le suicide médicalement assisté (le patient prend lui-même la dose prescrite), pour toute personne souffrant d’une « maladie grave et incurable ou chronique et invalidante ».
Des conditions strictes encadrent la démarche : la personne, espagnole ou résidant dans le pays, doit ainsi être « capable et consciente » lorsqu’elle fait la demande, qui doit être formulée par écrit « sans pression extérieure » et renouvelée quinze jours plus tard. Le médecin pourra toujours rejeter cette demande s’il estime que ces critères ne sont pas remplis ou faire valoir son objection de conscience. En outre, elle devra être approuvée par un autre médecin et recevoir le feu vert d’une commission d’évaluation.
L’Espagne étant un pays catholique et conservateur, l’euthanasie a toujours divisé l’opinion. Depuis 1998, quinze projets de loi ont été déposés par des partis de gauche, et de nombreux mouvements sociaux ont lutté pour revendiquer le droit de mourir dans la dignité. C’est l’arrivée de Podemos qui a été déterminante, en déposant en 2017, une proposition de loi visant à « garantir le droit de tous les citoyens souffrant d’une maladie en phase terminale ou en proie à des souffrances physiques ou psychiques intolérables de mourir dans la dignité. Et en 2019, le parti de Pablo Iglesias et le PSOE se sont associés pour former un gouvernement et ont publiquement signé leur accord de coalition, un texte de 50 pages négocié pendant un mois, contenant des mesures sociales comme l’encadrement de la hausse des loyers, l’instauration d’un revenu minimum vital et l’euthanasie, que le premier ministre socialiste Pedro Sanchez a érigé en priorité, afin de marquer son ancrage à gauche.
Podemos s’est réjoui sur twitter le 25 juin : « Aujourd’hui, deux lois sont entrées en vigueur : la loi sur les enfants et la loi sur l’euthanasie, qui, même si cela peut en déranger certains, rendent la vie plus digne. Parce que protéger la vie, c’est avant tout garantir des vies dignes d’être vécues ; sans violence dans l’enfance, sans souffrance dans la mort. »
Les deux partis de droite et d’extrême droite le Parti Populaire (PP) et Vox ont, eux, annoncé qu’ils déposeraient un recours auprès du Tribunal constitutionnel.