Par Christophe Ventura
Quel que soit le vainqueur, le gouvernement qui se mettra en place devra diriger avec un pouvoir législatif complexe. Le 21 novembre, on votait également pour la Chambre des députés et la moitié du Sénat. Tandis qu’au mois de mai 2021 les Chiliens plébiscitaient les candidats indépendants et de gauche lors de l’élection de la Convention constitutionnelle, ils ont voté- pour ceux qui l’ont fait, 47 %- cette fois-ci pour les partis traditionnels, délaissés dans le vote présidentiel.
Ainsi, la droite conservatrice sortante remporte 24 sièges de sénateurs sur les 25 en jeu. Un sénateur du parti de Kast entre aussi. Le Senat a donc 25 membres issus du centre gauche (22), de la gauche radicale (1), des indépendants(2) et 25 issus de la droite… sortante pour 24 d’entre eux .
A la Chambre des députés, (155 sièges), Kast remporte 15 sièges, la droite de Sebastián Pinera, 25, ( groupe le plus important), le centre droit, 23 et le parti de l’outsider conservateur Franco Parisi, 6. La droite dans toutes ses composantes pèse donc 76 députés ( 72 dans la mandature précédente).
La gauche remporte elle 79 sièges ( 83 dans la précédente mandature). Elle baisse donc. Et ce score est atteint par l’addition des sièges de quatre coalitions qui couvrent du centre-gauche à la gauche radicale. Le centre gauche traditionnel domine le paysage avec une quarantaine de sièges. Le reste va à la coalition de Gabriel Boric dans laquelle domine le Parti communiste avec 12 sièges ( contre 8 lors de la dernière mandature).
Ce paysage complexe et morcelé est favorable aux partis traditionnels qui ont été sanctionnés… dans le vote présidentiel. Dans ce contexte, la droite progresse et le centre gauche domine la gauche radicale.
En conclusion, quel que soit le prochain président, il sera confronté à un casse tête au Parlement et n’aura pas naturellement de majorité. Le pouvoir législatif pourra bloquer de nombreuses initiatives, qu’elles soient sur le terrain social, économique et sociétal selon qui sera au Palacio de la Moneda…
Comme dans d’autres pays latino-américains, il n’y a plus de symétrie entre les pouvoirs exécutifs et législatifs.