Le Président guinéen Alpha Condé, au pouvoir depuis onze ans, a été arrêté dimanche 5 septembre lors d’un coup d’état militaire.
Un coup d’état « prévisible ». Longtemps après avoir incarné l’alternative à la dictature, Alpha Condé n’a pas résisté au mandat de trop : il y a un an il menait un « coup d’état constitutionnel » pour s’offrir un troisième mandat. Depuis, ses opposants l’accusent d’avoir opéré un « hold-up électoral » et les manifestations étaient régulières dans ce pays en crise politique et sociale. Moins d’un an après sa réélection donc, le dirigeant guinéen a été victime ce dimanche d’un putsch militaire. Le troisième en quelques mois en Afrique francophone (après le Tchad et le Mali). L’armée a annoncé la dissolution des institutions, la fermeture des frontières et l’instauration d’un couvre-feu. Le chef des putschistes, le lieutenant-colonel Mamady Doumbouya a promis lundi la mise en place d’un « gouvernement d’union nationale chargé de conduire une période de transition politique », sans toutefois préciser la durée de la transition. Il a également tenté de rassurer les partenaires et investisseurs étrangers quant à « la poursuite normale des activités dans le pays ».
Le coup d’état a été condamné par la communauté internationale. Paris a réagi dimanche soir aux évènements : « La France se joint à l’appel de la communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), pour condamner la tentative de prise de pouvoir par la force survenue le 5 septembre, demander le retour à l’ordre constitutionnel et appeler à la libération immédiate et sans condition du Président Condé », indique une note du ministère français de l’Europe et des Affaires étrangères publiée sur son site web. « La France est en contact étroit avec ses partenaires africains et internationaux », ajoute le Quai d’Orsay. Pour l’instant, aucune réaction du président Macron n’est à signaler.
Sur France Culture, l’historien Amzat Boukari-Yabara a été interrogé sur le fait que notre pays « n’a pas vraiment protesté ». Sa réponse : « Disons que la France se positionne en fonction de ses intérêts, de ce qui les sert ou les dessert. Il y a un an, il y avait la comparaison avec la Côte d’Ivoire : Alassane Ouattara a pu faire son troisième mandat, validé par Paris, alors que c’était moins le cas en Guinée. La tolérance de Paris vis-à-vis de ces régimes est vraiment un élément qui montre la permanence de la Françafrique. »
La réaction du candidat à la présidentielle Jean-Luc Mélenchon va dans ce sens :