La suspension des aides internationales liée au retour des talibans au pouvoir a des répercussions dramatiques sur le peuple afghan. Une sécheresse qui a frappé le pays de plein fouet ne devrait pas contribuer à l’amélioration de leur condition de vie.
L’ONU tire la sonnette d’alarme. En 8 mois, 9 millions de personnes sont venues s’ajouter aux 14 millions déjà touchés par « l’insécurité alimentaire », la terminologie retenue par l’organisation internationale pour désigner les personnes dans l’incapacité de manger selon leurs besoins. Cette malnutrition généralisée atteint donc des records avec en tout 23 millions d’Afghans affectés sur une population totale de 37 millions.
Cette donnée ne concerne que la population souffrant d’une faim aigüe. L’ONU estime que si l’on mesure la part de la population qui ne mange pas assez, le chiffre bondit à près de 95 % de la population, voire 100 % des ménages dirigés par une femme. Des données ahurissantes qui révèlent l’ampleur d’un phénomène qui n’a cessé de s’aggraver depuis l’été dernier et l’arrivée des talibans au pouvoir.
La situation ne pourra qu’empirer au cours des prochains mois : une sécheresse a fortement frappé le sol afghan, laissant craindre de mauvaises récoltes cette année. Par ailleurs, le contexte international, avec la guerre en Ukraine déclenchée par la Russie, a des conséquences concrètes dans le quotidien de la population. La hausse du tarif des produits alimentaires ainsi que celle des carburants entraînent une perte de pouvoir d’achat. L’ONU a pu constater des cas dans lesquels des familles choisissent l’endettement afin de se nourrir.
L’organisation appelle la communauté internationale à soutenir la population afghane. Elle s’inquiète du sort des 3,5 millions d’enfants qui ont le besoin urgent d’un traitement nutritif. Pour le moment, seul 800 000 enfants ont pu bénéficier de l’aide de l’Unicef depuis l’été dernier. Elle espère pouvoir répondre à l’appel de 3,2 millions d’enfants avant la fin de l’année. D’ici là, elle espère que cette crise alimentaire sera résorbée avec l’aide internationale avant qu’elle ne dégénère en une famine.
L’aide des États-Unis sera en tout cas inférieure à ce qui était prévu initialement. Il y a un mois, Joe Biden annonçait saisir 7 milliards d’actifs afghans présents sur son sol pour n’en rendre que la moitié sous la forme d’aide humanitaire, sans offrir de calendrier précis. Le reste de la somme devait servir à indemniser les familles des victimes du 11 septembre 2001. Une décision sur laquelle Biden est resté inflexible, malgré les critiques accompagnées d’accusation de néocolonialisme ou d’impérialisme.