Après un an de suspension de la protestation à cause de la pandémie, le mouvement de contestation populaire du Hirak a repris les manifestations en février 2021 et subit un acharnement policier et judiciaire de plus en plus violent. Les autorités vont jusqu’à accuser de terrorisme des journalistes et des militants du Hirak : deux journalistes et une figure de l’opposition ont été arrêtés la veille des législatives anticipées qui avaient lieu le 12 juin, rendez-vous électoral boycotté par le Hirak et les principaux partis d’opposition.
Le pouvoir algérien tente d’assoir sa légitimité par les urnes. Comme pour le référendum constitutionnel du 1ernovembre, l’Algérie était de nouveau appelée aux urnes ce samedi pour élire les 407 députés de l’Assemblée populaire nationale dissoute en février par le président Tebboune. Des consultations électorales contestées par le mouvement du Hirak qui depuis février descend dans la rue pour exiger un vrai changement dans le pays, malgré la répression violente des autorités.
Répression qui a franchi une étape de plus à la veille des élections le week-end dernier : Amnesty International a recueilli pour la première fois des accusations de terrorisme portées contre des journalistes et des défenseurs des droits humains du Hirak.
Deux journalistes de premier plan et une figure du Hirak ont été arrêtés la veille des élections :
« Les autorités algériennes ont arrêté hier soir deux journalistes de renom, Khaled Drareni et Ihsane El Kadi, ainsi que le chef de l’opposition Karim Tabbou, renforçant ainsi la répression avant les élections législatives de demain. »
Amnesty International alerte sur cette escalade répressive : les professeurs, journalistes et défenseurs des droits humains algériens qui ont été arrêtés encourent tous la peine de mort ou de lourdes peines de prison sur la base de charges fabriquées de toutes pièces, telles que « participation à une organisation terroriste » et « complot contre l’Etat ». Des charges qui ne sont qu’un écran de fumée visant à étouffer leur action.
Le 13 juin à Paris a eu lieu une marche citoyenne pour commémorer le Printemps noir et pour exiger la libération des détenus d’opinion en Algérie.
Selon les organisations locales (comme le Comité national pour la libération des détenus), 223 personnes sont actuellement détenues pour leur participation au mouvement du Hirak. Nous relayons l’appel de l’ONG aux autorités algériennes de mettre un terme aux procès visant les militants du Hirak et les défenseurs des droits, ainsi qu’à garantir les droits à la liberté d’expression et de réunion pacifique.