39 millions de Colombiens étaient appelés aux urnes ce dimanche pour le premier tour des présidentielles. Gustavo Petro est arrivé largement en tête dans les voix et affrontera Rodolfo Hernández au deuxième tour.
Le candidat du Pacto Histórico, coalition de partis de gauche a obtenu les voix de 8,5 millions de personnes soit 40,32 % des bulletins. C’est près du double des voix qu’il avait obtenu au premier tour de la dernière présidentielle en 2018. Il s’était alors qualifié pour le deuxième tour, une première pour un candidat de gauche. Contrairement à il y a quatre ans, il finit en tête des suffrage.
Petro a 12 points d’avance sur Rodolfo Hernández qui, avec ses 5,9 millions d’électeurs, obtient 28,15 % des voix. Le candidat de la Ligue des gouverneurs anti-corruption (LIGA) est donc le deuxième qualifié de cette élection. Pour le deuxième tour du 19 juin, il a d’ores et déjà obtenu le soutien du troisième homme, Federico Gutiérrez. Le candidat de la droite avait rassemblé 23,91 % des électeurs derrière sa candidature.
Son soutien pour le candidat de la LIGA n’est pas une surprise et constitue une stratégie visant à garder coûte que coûte le pays dans le giron du libéralisme au détriment du social. Rodolfo Hernández est pourtant qualifié de « Trump colombien », accumulant les prises de paroles polémiques. Il use de son image d’homme d’affaire à succès pour tenter de prouver qu’il peut réussir la même chose au bénéfice du pays. S’il se présente comme le chevalier blanc de la lutte contre la corruption, il est également régulièrement accusé de clientélisme et de misogynie.
Face à lui, Petro aura développé un programme qui veut social et environnemental, et qui ne définit pas le succès de chacun aux biens ou aux profits dont une personne dispose. C’est dans cet esprit qu’il a désigné Francia Márquez pour devenir sa future vice-présidente s’il est élu. Cette figure de la lutte pour les droits humains dans le pays a eu un rôle clé ces dernières années dans la lutte contre les exploitations minières illégales. Lors de la primaire pour désigner le candidat de la gauche, elle avait fini à un score particulièrement élevé, montrant une véritable volonté populaire d’avancer sur ces thématiques.
L’entre-deux-tours sera difficile pour Petro qui devra lutter contre un front de l’ensemble de la droite. Son score élevé pourrait toutefois provoquer une remobilisation d’un électorat désabusé par des années de corruption et de complaisance des autorités vis-à-vis des activités criminelles du narcotrafic. Le taux de participation est ainsi resté stable depuis la dernière présidentielle mais reste faible avec seulement 54,84 % des électeurs qui se sont déplacé. Le Pacto Histórico a trois semaines pour renverser la vapeur et répliquer le succès électoral obtenu il y a deux mois lors des législatives.