C’est l’issue d’un combat acharné mais juste : Goodyear, multinationale qui fabrique des pneus agricoles, est (enfin !) condamnée pour le licenciement abusif de 832 salariés de son usine d’Amiens-Nord.
1 143 emplois supprimés au nom de la bourse. 1143 vies, familles, affectées quand ce ne fut pas plus grave encore. En 2014, Goodyear fermait l’usine d’Amiens alors même qu’elle réalisait 1,7 milliard de dollars de bénéfices.
Pour l’avocat des salariés, Maître Rilov,
« c’est le couronnement d’années de bataille et de lutte acharnée des salariés de ce site, qui avaient décidé de ne pas se laisser faire. (…) Pendant ces six années qu’a duré la procédure, beaucoup de gens leur ont dit qu’ils avaient tort de se battre, que ça n’en valait pas la peine. »
Mickaël Wamen, qui était délégué syndical CGT, est soulagé. Même si, pour lui, la victoire a un goût amer :
« J’en veux aux hommes et aux femmes politiques qui, depuis tout ce temps, auraient pu faire des lois pour interdire ces licenciements boursiers, sans motif économique. Parce qu’on a gagné, on va être indemnisé, mais Goodyear ne rouvrira pas pour autant ce site industriel. Les emplois, eux, sont perdus. »
On aimerait que la direction de Goodyear s’abstienne de faire appel de cette décision et que celle-ci serve d’avertissement à toutes les entreprises qui voient dans la crise liée à la pandémie de Coronavirus, l’occasion de licencier pour enrichir quelques actionnaires. Maître Rilov le dit à la sortie du Conseil des Prud’hommes :
« Nous allons assister à une avalanche de licenciements, les multinationales vont se servir de la pandémie pour mettre en œuvre des plans de restructuration décidés en fait de longue date, utilisant le Covid-19 comme un prétexte, c’est lugubre (…). J’espère que ce jugement inspirera des milliers de salariés qui vont lutter dans les mois à venir contre ces licenciements injustes. »