Notre chroniqueuse revient d’un séjour au Kurdistan syrien. Elle appelle à ne pas oublier les révolutionnaires qui y inventent une autre société et font actuellement face à un manque d’eau autant lié aux enjeux géopolitiques qu’au changement climatique. Face à la pression mortifère de l’État turc, la solidarité internationale ne doit pas se tarir.
La première chose qui me saute aux yeux à mon retour dans la Drôme, c’est le vert. Du pomme, de l’émeraude et du bruyère. L’herbe tendre et humide des champs et les feuilles encore jeunes des arbres, la brise légère qui apporte un peu de fraîcheur en ces premiers jours de grandes chaleurs. Puis la rivière, le long de la vallée, alimentée par les pluies de printemps et un hiver neigeux, et le bruissement, au fond de mon jardin, du canal d’amenée. Enfin dans la maison, l’eau, fidèle au poste, qui en un tour de poignet se met à ruisseler du tuyau jusqu’au robinet.
Avoir éprouvé, entre le Tigre et l’Euphrate, les longs horizons jaune paille des champs de blé grillés, la poussière sèche et insidieuse du désert qui vient vous asphyxier la peau et tout gripper, les tempêtes de sable et la torpeur assommante d’un ciel bas, sans un îlot d’ombre, à plus de quarante degrés; avoir arpenté les ruines laissées intactes, pour la mémoire, à Kobane et les ravages de douleur encore partout présents à Raqqa, avoir longé les allées des cimetières de martyrs et vu la combustion spontanée d’une décharge à ciel ouvert, permet d’apprécier à sa juste valeur le confort inouï dont nous jouissons ici. En éprouver l’indécence du bout des doigts, écartelée entre le soulagement et la part morale que l’on doit à celles et ceux qui sont restés là-bas.
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