Les Uruguayens sont invités à se rendre aux urnes ce dimanche pour s’exprimer sur un texte de loi adopté il y a deux ans par la droite au pouvoir. Cette loi contient des dispositions qui remettent en cause plusieurs acquis sociaux au nom d’un essor économique dans le pays.
La présidence de Luis Lacalle Pou a commencé d’une façon mouvementée. Avec une passation de pouvoir le 1er mars 2020, son mandat a débuté en plein cœur d’une pandémie. Mais en réalité, c’est l’adoption d’un texte proposé par le président conservateur du Parti national qui a surtout marqué les esprits. Proposé dès sa campagne électorale, sa Loi de considération urgente devait créer un big bang législatif en abordant une multitude de thématiques. Le texte comprend ainsi 475 articles. Lorsqu’une telle loi est présentée en Uruguay, elle est étudiée et validée via une procédure accélérée. Ainsi donc, l’adoption du projet de loi a eu lieu en juin 2022.
Son contenu est particulièrement libéral. Il ouvre à la concurrence plusieurs marchés jusqu’ici tenus par l’État dont l’éducation, fixe des limites au droit de grève et atténue le pouvoir des syndicats, rend possible une procédure accélérée d’expulsion d’un logement ou facilite l’usage de la force par les forces de l’ordre, y compris contre des manifestants pacifiques. Sans surprise, l’opposition menée par le Frente Amplio s’est levée contre ces dispositions qui détricotent l’État social uruguayen. Elle s’est donc mobilisée pour le déclenchement d’un référendum d’initiative citoyenne. Dans le pays, les signatures de 25 % des électeurs doivent être réunies en une année afin d’amorcer ce processus, soit près de 675 000 personnes. Une année plus tard l’objectif était atteint, non sans difficultés.
Le vote de ce dimanche 27 mars constitue donc la fin d’un long processus initié il y a deux ans. Les électeurs auront le choix entre supprimer les articles les plus problématiques du texte législatif ou le maintenir tel qu’il est. Le Frente Amplio maintient que si c’est le ‘Non’ qui l’emporte (le ‘non’ à la suppression d’articles), cela pourrait constituer un véritable bouleversement dans le pays. Le référendum va en tous cas se jouer avec les indécis qui sont encore 28 % à ne pas savoir comment se positionner. Quel que soit le résultat du référendum, il s’agit malgré tout d’une victoire supplémentaire pour l’exercice d’une démocratie directe dans laquelle les citoyens ont leur mot à dire.