C’est une nouvelle victoire pour les militants féministes d’Amérique latine. Dans une décision rendue lundi 21 février, la Cour constitutionnelle colombienne a confirmé que l’avortement n’était pas un délit.
La Colombie rejoint la courte liste des pays d’Amérique latine qui autorisent l’avortement. La décision de la Cour constitutionnelle du pays le rend possible jusqu’à la vingt-quatrième semaine de grossesse. L’avortement est par ailleurs supprimé du Code pénal. Le Parlement est désormais invité à légiférer sur la question pour intégrer dans le droit cette possibilité. Cette prise de position intervient deux mois avant l’élection présidentielle colombienne.
Cette décision s’inscrit dans un contexte favorable à la dépénalisation sur le continent. Des décisions similaires ont été prises par les cours constitutionnelles du Mexique l’année dernière ou d’Argentine en 2020. La Colombie, comme la plupart des pays d’Amérique du Sud, est un pays traditionnellement conservateur, où l’emprise du catholicisme demeure forte, ce qui rend cette décision d’autant plus importante.
Depuis plusieurs mois des milliers de militants favorable au droit à l’avortement se mobilisent afin de faire bouger les lignes. Le foulard vert est devenu le symbole de cette lutte à l’échelle du continent. La vague verte est d’autant plus importante en Colombie que ce sont environ 70 femmes qui meurent chaque année dans des avortements clandestins d’après les chiffres du ministère de la santé. Des centaines de femmes sont également poursuivies tous les ans même si les condamnations demeurent rares.
Du côté des réactions politiques, Iván Duque, président du pays, ancré à l’extrême droite, a estimé qu’il était « atroce » de faire appel à l’avortement plusieurs mois après le début d’une grossesse. Il a rappelé que pour lui le fœtus était vivant et conscient dès « sa conception ». Par ses propos il pousse une vision patriarcale où la femme ne devrait pas avoir le droit de disposer de son corps. Il craint ainsi que l’avortement ne devienne un moyen de contraception à la place du préservatif. De son côté, Gustavo Petro, candidat à la présidence à la tête d’une coalition de gauche, a salué la décision et se satisfait de cette liberté de choix désormais offerte aux femmes colombiennes.