Depuis le 8 juin 2021, grâce à un amendement du code de procédure, les femmes non mariées peuvent vivre où elles le souhaitent, sans avoir besoin de l’autorisation d’un tuteur masculin.
Une avancée de plus pour l’émancipation des femmes en Arabie Saoudite : Depuis 2015, elles ont le droit de vote, depuis 2017, elle ont le droit de se rendre dans un stade, depuis 2018, elles peuvent conduire et créer leur propre entreprise, depuis 2019 elles peuvent voyager à l’extérieur du pays sans l’accord d’un homme, et depuis 2021, elles peuvent vivre de manière indépendante sans le consentement de l’homme qui contrôle leur vie.
Une lutte menée depuis plusieurs années par la militante anti tutelle masculine Mariam al-Otaibi : en 2016 son père avait porté plainte contre elle car elle avait quitté son domicile sans son autorisation. Après avoir passé plus de 100 jours en prison, la jeune femme a obtenu gain de cause devant les tribunaux saoudiens en juillet 2020, qui ont jugé que « le fait pour une femme adulte rationnelle de vivre de façon indépendante ne constituait pas une infraction ».
Cet évènement a créé un précédent qui a abouti à l’abrogation de l’amendement qui stipulait qu’une femme ne pouvait vivre seule sans l’autorisation de son tuteur. Mais cette avancée s’inscrit surtout dans un programme politique : avec son plan de modernisation « Vision 2030 », élaboré en 2016, qui vise à diversifier l’économie pour sortir du tout-pétrole après les difficultés budgétaires qu’a connu le pays suite à la forte baisse des prix du pétrole en 2014, le prince héritier Mohammed Ben Salmane veut donner plus de libertés aux femmes afin d’augmenter le taux d’emploi dans le pays. Et les femmes représentent 45% de la population.
Ces décisions qui vont dans le sens de l’autonomisation et l’indépendance des femmes, restent paradoxales : en novembre 2020, Amnesty International rappelait que quelques semaines avant l’annonce du droit de conduire accordé aux femmes, les autorités avaient arrêté de nombreuses personnes mobilisées dans cette lutte, et mené une terrible campagne de répression contre les défenseures des droits humains.
Rebelote en 2020 : la libéralisation de la condition féminine s’est accompagnée d’une vague de répression sans précédent sur les militantes historiques pour les droits des femmes. Onze d’entre elles avaient été emprisonnées et sont encore actuellement poursuivie par la justice. Le féminisme étant le mouvement le plus bruyant de ces dernières années dans ce pays, il est le plus réprimé. Quand il y a une avancée pour le droit des femmes, Mohammed Ben Salmane, jeune, ambitieux et autoritaire, envoie surtout le signal que c’est lui qui décide.
Ne nous y trompons pas : en Arabie Saoudite, il est toujours impossible de militer pour les droits fondamentaux sans finir mort ou en prison. Ce mercredi 16 juin 2021, Mustafa al Darwish, 17 ans, arrêté, torturé et condamné à mort pour avoir participé à des émeutes antigouvernementales, vient d’être exécuté.