L’accès à l’eau et à son assainissement est le défi de notre siècle. Avec l’air, il n’existe pas d’élément naturel plus nécessaire à toute vie. Après deux ou trois jours sans boire d’eau douce, tout être humain meurt. Nous utilisons l’eau pour nous nourrir, pour notre hygiène et notre salubrité publique ainsi que pour toutes nos productions. Sans eau, il n’y a pas d’économie, pas de développement, pas de société, pas d’êtres humains, pas d’écosystème. Et pourtant, l’eau est asservie aujourd’hui par une gestion destructrice.
C’est le bilan de la mise en œuvre de politiques fondées sur les principes de la marchandisation, de la globalisation financière, du productivisme et du consumérisme. En Australie, aux Etats-Unis et parmi les décideurs européens, les libéraux s’attellent à monétiser les services gratuits que l’eau rend à la Terre. Ils veulent même imposer un marché financier de l’eau, où les litres d’eau s’échangent en bourse, générant rareté, spéculation et pauvreté.
L’eau, ce trésor au centre de toutes nos existences, s’épuise. L’accès à l’eau et à son assainissement, défini par les conditions sociales et écologiques de cet usage, est devenu le problème numéro un de l’Humanité.
Dans le monde, 2,2 milliards de personnes ne disposent pas de services d’alimentation en eau potable gérés en toute sécurité, 4,2 milliards sont privés de services d’assainissement hygiéniques et 3 milliards ne possèdent même pas d’installations de base pour se laver les mains.
En France, 300 000 personnes n’ont pas l’eau courante tandis que 2 millions sont dans de grandes difficultés pour payer leurs factures et maintenir l’accès à l’eau salubre et propre. Nos compatriotes des départements et régions d’outre-mer souffrent de politiques qui les maintiennent dans la pénurie, au mépris des principes républicains. À Mayotte ou en Guyane, un.e français.e sur cinq ne dispose pas de l’eau à domicile ou d’un point d’eau potable à proximité. En Martinique et en Guadeloupe, les installations sont si vétustes que plus de 50% de l’eau part dans les fuites et qu’en bien des endroits l‘eau est polluée.
L’eau et son assainissement est un droit inaliénable
Personne ne doit en être privé. Parce que personne ne peut s’en passer. La France insoumise défend l’inscription du droit à l’eau et à l’assainissement dans la Constitution. En conséquence, chaque foyer doit disposer de l’eau au robinet et d’infrastructures d’assainissement sûres, écartant tout risque sanitaire et toute pollution de l’environnement. La présence, en quantité suffisante, de points et fontaines gratuits d’eau potable dans l’espace public, pour boire et se laver dans les villes et villages, doit être rendue obligatoire. Il est nécessaire d’instaurer la gratuité des compteurs et des mètres cubes d’eau vitaux, indispensables à la boisson et à l’hygiène. En conséquence, les entreprises privées ou opérateurs publics qui ne respectent pas ou contournent l’interdiction de couper l’eau doivent être pourchassés et sévèrement punis.
Le changement climatique bouleverse les équilibres aquatiques. Dans un avenir très proche, les situations de pénuries d’eau s’accentueront. Les Nations Unies nous disent que 4 milliards de personnes vivront dans des régions en manque d’eau en 2030. En Europe, 30% de la population vivra dans des régions où l’eau sera rare toute l’année et 45% l’été. En France, nous constatons déjà une augmentation de la fréquence et de l’intensité des sécheresses et la baisse des réserves en eau. En 2019, le déficit de pluies à atteint 20%. 142 arrêtés de restrictions ont été prononcés dans 73 départements. D’un autre côté, l’intensification des fortes précipitations, dues au changement climatique, accentuera les inondations extrêmes, renforcées par l’imperméabilisation des sols toujours plus poussée et les nombreuses constructions le long des cours d’eau. Malgré ces alertes, nous traitons toujours l’eau comme une marchandise banale. Au contraire, nous devons la penser de manière unifiée, depuis l’eau des glaciers jusqu’à l’évaporation en mer en passant par l’évaporation des végétaux qui nous entourent, en prenant en compte l’ensemble des activités humaines qui interagissent et bouleversent son cycle.
L’eau et son assainissement est un bien commun
Elle est vitale et trop précieuse. Trop précieuse pour être confiée à des multinationales plus soucieuses du niveau de leurs dividendes que des équilibres écologiques. La France insoumise défend, comme des associations, des syndicats représentatifs des agents et des ONG, le principe d’une co-gestion publique et citoyenne de l’eau à l’échelle locale, gérée par les élu.es, les technicien.nes et les usager.es. La gestion publique est déjà dominante : elle compte environ 21 100 régies publiques d’eau potable et d’assainissement des eaux usées contre 7200 contrats délégués au privé. Nous devons favoriser et accompagner le mouvement de retour en gestion publique et mettre fin aux contrats privés en respectant les acquis des salarié.es. Il faut également cesser d’autoriser des entreprises privées à pomper et polluer des nappes phréatiques aux dépens des riverains. Ainsi les captages destinés à fabriquer de l’eau en bouteilles et autres sodas devront être restreints. Le retour dans le giron public de l’eau doit permettre d’engager un plan sérieux de rénovation du réseau de distribution. Aujourd’hui un litre sur cinq est perdu en chemin. Cela doit conduire à établir une tarification basée sur l’intérêt général. Cela implique un renchérissement pour les mésusages, comme l’arrosage intensif et le remplissage des piscines. Des tarifs différents doivent exister pour l’eau utilisée en cuisine et à la salle de bain et pour l’eau utilisée pour l’agriculture ou l’industrie. La différence des tarifs, due en raison de conditions géographiques variées, doit conduire à un système de péréquation nationale.
La qualité de l’eau est essentielle. Il faut la protéger. Ou la rétablir. La moitié de nos cours d’eau est polluée à cause des pesticides ou des rejets chimiques. La législation européenne, en cours de modification, s’accommode d’une hausse des taux de perturbateurs endocriniens dans l’eau potable. C’est une grave menace que nous devons prendre au sérieux. Conserver dans l’avenir un accès à une eau salubre dépend de notre capacité à instaurer une relation d’harmonie avec la biosphère. La règle verte s’applique avant tout pour l’eau. Ne jamais prélever davantage d’eau que nous ne sommes capables d’en restituer en bon état bactériologique et chimique à la nature. Nous devons accomplir la transition agricole pour sortir de l’agriculture chimique et productiviste. L’usage de pesticides doit être proscrit autour de tous les cours d’eau, points d’eau, nappes phréatiques et zones de captages. L’agro-écologie, respectueuse de la ressource en eau, doit devenir la base de nos pratiques agricoles.
L’eau n’appartient à personne, elle est l’affaire de tous
Les insoumis.es défendent la création d’un service public de l’eau unifié par une fonction publique commune (eau potable, assainissement, milieux aquatiques, navigation…). Ce service sera planificateur, il assurera une coordination technique et une péréquation financière nationale, tout en garantissant une gestion publique et citoyenne démocratique et décentralisée à chaque niveau (bassins et communes). Sa première mission sera de veiller au respect des équilibres du cycle de l’eau et à sa protection des pollutions. De plus en plus, la défense de l’eau, en tant que bien commun, fait l’objet de mobilisations populaires à travers le monde. Depuis l’adoption en juillet 2010 par l’ONU d’une résolution proposée par la Bolivie en faveur du droit à l’eau et à l’assainissement de qualité, d’amples luttes ont participé des révolutions citoyennes qui ont éclaté au Chili ou en Irak en 2019. Cette question a aussi fait l’objet de grands mouvements en Europe : en Italie en 2011 ou en Irlande en 2014.
Le peuple a une place centrale dans la bataille pour l’eau. Il sera le cœur battant du service public de l’eau.
Water is a common good of Humankind
Water is the great common challenge of Humankind. For Jean-Luc Mélenchon, it is both the symbol and the core of his fight for an ecological and social Republic. The Representative Assembly of the La France insoumise movement has made the struggle for water the emblem of its commitment to safeguard the biosphere, which is essential to all forms of life.
This text is a resolution supported by Jean-Luc Mélenchon during the Representative Assembly of his movement La France insoumise in July 2020.
Access to water and to its sanitation is the challenge of our century. Along with air, it is the natural element that is most essential to all life. No human being can survive for more than two or three days without drinking water. We use water for our food, for our hygiene and public sanitation, and for all our productive activities. Without water, there is no economy, no development, no society, no ecosystem, nor are there any human beings. Yet today, water is subjugated by a destructive form of management.
This is the result of the implementation of policies based on the principles of commodification, financial globalization, productivism and consumerism. In Australia, the United States and among European decision-makers, free-market liberals are working to monetize the free services that water provides to the planet. They even want to impose a financial water market, where water would be traded on the stock exchange, generating scarcity, speculation and poverty.
Water, this treasure that is at the core of our species’s existence, is running out. Access to water and to its sanitation, defined by the social and ecological circumstances governing its use, has become Humankind’s number one problem.
2.2 billion people worldwide do not have access to safely managed drinking water services, 4.2 billion are deprived of hygienic sanitation services and 3 billion do not even have basic facilities for washing their hands.
In France, 300,000 people do not have tap water, while 2 million people are finding it extremely difficult to pay their bills and maintain access to safe, clean water. Our compatriots in overseas departments and regions are suffering from policies that maintain the state of dearth they live under, with complete disregard for all republican principles. One out of five French people living in Mayotte and in French Guiana does not have access to drinking water at home, or to a nearby water fountain. In Martinique and Guadeloupe, the facilities are in such a state of disrepair that more than 50% of the water is lost to leaks and that the water at various locations is polluted.
Water and its sanitation are an inalienable right
No one should be deprived of it. Because no one can live without it. La France insoumise advocates for the right of access to water and to its sanitation to be put into the French Constitution. Consequently, every household must have access to tap water and safe sanitation facilities, preventing all health risks and environmental pollution. The availability of an adequate number of water access points and fountains in public spaces throughout towns and cities, free of charge, for the purposes of drinking as well as personal hygiene, must be made mandatory. Water metering services must be made free of charge. The minimum amount of cubic meters of water that is essential for the purposes of drinking and hygiene must also be free by law. Therefore, private companies or public operators who do not respect or bypass the ban on cutting off water must be prosecuted and severely punished.
Climate change is disrupting aquatic ecosystems. In the very near future, instances of water shortages will worsen. The United Nations tells us that 4 billion people will be living in water-scarce regions by 2030. In Europe, 30% of the population will live in regions where water will be scarce all year round while 45% will deal with the same shortage during summer. In France, we are already seeing an increase in the frequency and intensity of droughts and a decline in water reserves. In 2019, the rainfall deficit will reach 20%. 142 water restriction orders were issued in 73 French departments. On the other hand, the increase in heavy rainfall, due to climate change, will accentuate extreme flooding, reinforced by the ever-increasing waterproofing of soils and the numerous built-up areas along watercourses. Despite these warnings, we continue to treat water as a common commodity. On the contrary, we need to think of it in a unified perspective, from glacier waters to ocean evaporation and the evaporation from the plants around us, taking into account all the human activities that interact and disrupt its cycle.
Water and its sanitation are a common good
It is vital and far too precious. Far too precious to be entrusted to multinationals more concerned about their dividends payouts than about the balance of ecosystems. Like many nonprofits associations, trade unions within the water supply sector, and NGOs, La France insoumise advocates for the principle of public and citizen joint-management of water at the local level, handled by elected representatives, technicians and users. Public management is already dominant: there are about 21,100 publicly run drinking water and wastewater treatment plants, while only 7,200 contracts are delegated to the private sector. We must encourage and support the return to public management and put an end to private contracts while respecting the rights of employees. We must also stop allowing private companies to pump and pollute groundwater at the expense of local residents. For example, the extraction of bottled water and other soft drinks should be restricted. Returning water to the public sector should make it possible to launch a serious plan to renovate its distribution network. Today, one out of every five litres are lost along the way. This must lead to the establishment of a pricing system based on public interest. This implies to increase the cost in case of misuse, such as intensive watering and the filling of swimming pools. There must be different rates for water used in the kitchen and bathroom and for water used in agriculture or industry. The price difference, due to varying geographical conditions, should lead to a national equalization system.
Water quality is essential. It must be protected or restored. Half of our waterways are polluted by pesticides or chemical discharges. European legislation, which is currently being amended, is coping with rising levels of endocrine disruptors in drinking water. This is a serious threat that we must take seriously. Maintaining access to safe water in the future depends on our ability to establish a harmonious relationship with the biosphere. The Green Rule especially applies to water, that is we must never take more water than we are able to return to nature in good bacteriological and chemical condition. We need to make the agricultural transition from chemical and productivist agriculture. The use of pesticides must be banned around all watercourses, water points, water tables and catchment areas. Agro-ecology, respectful of water resources, must become the basis of our agricultural practices.
Water belongs to no one, it’s everyone’s business
The insoumis.es defend the creation of a unified public water service led by a common civil service (drinking water, sanitation, aquatic environments, navigation…). This will be a planning service, ensuring technical coordination and national financial equalization, while guaranteeing democratic and decentralized public and citizen management at each level (basins and municipalities). Its first mission will be to ensure that the water cycle balances are respected and protected from pollution. Increasingly, the defence of water, as a common good, is the subject of citizen mobilization throughout the world. Since the United Nations’s adoption of a resolution proposed by Bolivia in favour of the right to water and quality sanitation in July 2010, large struggles have been part of the citizens’ revolutions that broke out in Chile and Iraq in 2019. This issue has also been the focus of major movements in Europe: in Italy in 2011 or in Ireland in 2014.
People have a central role in the battle for water. They will be the beating heart of the public water service.