Cet article fait partie du dossier En temps de pandémie

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Sous le masque du Coronavirus

Les épidémies sont de vieilles compagnes de l’Histoire humaine. Elles ont toutes été le résultat de la mondialisation, c’est-à-dire du fait que, si loin que l’on remonte dans le temps, les êtres humains se sont toujours déplacés et ils ont donc transporté avec eux d’un endroit vers l’autre les microbes auxquels ils avaient eux-mêmes survécu. On connaît le terrible impact des maladies transportées par les conquistadors sur le monde des Indiens d’Amérique. Il explique aussi comment les populations nomades de tous les continents ont pu être exterminées par les sédentaires survivants des maladies qu’ils avaient contractées.

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En réponse à l’extrême droite et à l’islamisme, une seule question : qui sommes nous ?

« Les noces entre l'islamisme extrémiste et l'extrême-droite sont festives. Chacun utilise l'autre, s'appuie sur l'autre, sert le dessein de l'autre, pouvant même, par le truchement de l'antisémitisme, pactiser ponctuellement et fréquenter les mêmes espaces, les mêmes réseaux, les mêmes personnes » explique Christophe Ventura. L'assassinat de Samuel Paty, les attaques à Vienne le 2 novembre 2020 ou l'attaque à Nice le jeudi 29 octobre... Plusieurs attentats islamistes et à chaque fois le même déchainement de l'extrême droite dans les médias : xénophobie, racisme, mépris de l'État de droit. Christophe Ventura prend le temps de penser et d'esquisser une réponse à la question brûlante : qui sommes nous ?

Ce billet a été rédigé par Christophe Ventura. Il l'a publié sur sa chaîne Telegram. Il est directeur de recherches à l'Iris et spécialiste de l'Amérique latine et publie régulièrement ses analyses dans Le Monde diplomatique.

Les noces entre l’islamisme extrémiste et l’extrême-droite sont festives. Chacun utilise l’autre, s’appuie sur l’autre, sert le dessein de l’autre, pouvant même, par le truchement de l’antisémitisme, pactiser ponctuellement et fréquenter les mêmes espaces, les mêmes réseaux, les mêmes personnes.

Pour le premier, l’extrême-droite est l’allié objectif qui, si elle arrivait au pouvoir – le cas échéant sous les coups de boutoir des violences terroristes fanatiques sur-médiatisées -, systématiserait la fracture de l’unité de la communauté nationale et attaquerait plus spécifiquement sa composante musulmane (environ 6 millions de personnes, 8 % de la population totale en France) dont toutes les études de terrain confirment, de génération en génération, le rapprochement des valeurs et des modes de vie avec ceux de l’ensemble de la population. Car, au grand dam des rigoristes et des extrémistes de tout poil, il n’existe pas  – et n’a jamais existé dans une quelconque société –  « d’étanchéité des formations humaines, cultuelles et culturelles. L’histoire de l’humanité est comme un soleil noir, c’est le récit des échanges de tous ordres entre les êtres humains » ( Ignacio Ramonet, Civilisations en guerre ?, juin 1995, Le Monde diplomatique).

ll n’existe pas d’identité pure, qu’elle soit culturelle, religieuse, sociale ou ethnique, qui soit, de surcroît, étanche à son contexte et au frottement aux autres. L’islamisme extrémiste et l’extrême droite ne peuvent accepter ces réalités immuables des sociétés qui anéantissent leurs desseins et leurs visions essentialisées et transfigurées du monde, des sociétés et de la condition humaine. 

En réaction, ces alliés de circonstances se font la courte-échelle.  L’islamisme extrémiste compte sur l’extrême-droite identitaire et nationaliste – qu’elle soit politique, sociale, intellectuelle et médiatique – pour violenter, avec son aide, les musulmans, les radicaliser et les renvoyer vers eux. Dans ce contexte, le rôle des médias, notamment des chaînes d’information en continue qui distillent à longueur de journée le venin haineux, fascisant et anti-musulman sous couvert de « débat » a rarement été aussi central dans la détérioration de l’esprit public.

De son côté, l’extrême-droite, falsifiant les questions de l’immigration, des évolutions démographiques mondiales et du terrorisme extrémiste en les fusionnant et en les réduisant à celle de l’islam – comme de nombreux médias -, encaisse les dividendes politiques immédiats de la stratégie violente de ses partenaires de circonstance pour avancer dans sa marche vers le pouvoir. Et le pouvoir actuel lui court après…

Pendant ce temps, le reste de la société est prisonnière et victime de ces dynamiques funestes et de cette alliance de fait entre les extrémismes identitaires paranoïaques. Cette dernière accélère la division d’un peuple déjà largement entamée par des décennies de néolibéralisme économique et idéologique qui prône et organise la chacun pour soi, le tous contre tous. 

Qui sommes-nous ? C’est la question que posait dans son ouvrage de 2004 le théoricien américain du « choc des civilisations » Samuel Huntington. Sa réponse est que nous sommes ici des occidentaux, là des latino-américains, là encore des africains, ici des islamiques, là des chinois, là des hindous, la des orthodoxes et ici des bouddhistes ou des japonais.

Ce qui nous sépare serait des « lignes de fractures culturelles ». Nous y voilà. Ici des « dégénérés », là des « fanatiques » et tout le monde se meut en ennemi irrémédiable.

Hélas, pour le moment, force est d’admettre que le vent de la dislocation et de la division souffle plus fort que tout autre.

Préserver coûte que coûte l’unité de la population, dans son quotidien, auprès des siens, dans son voisinage, dans ses engagements et ses actions, ne peut être que la seule réponse de toutes celles et de tous ceux qui ne se résignent pas à ce nouvel âge des extrêmes.

Qui sommes nous ? Celles et ceux qui n’abandonneront pas, malgré tout, comme ils peuvent, là où ils peuvent. Car n’oublions pas que la fonction politique de l’extrémisme est de déchirer la paix civile et de renverser la démocratie (politique et sociale) lorsque cette dernière lui a laissé remplir le vide laissé par son affaissement, son retrait et, in fine, son absence.

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Marina Mesure

Syndicalisme international

Marina Mesure is a specialist of social issues. She has worked for several years with organizations defending workers’ rights such as the European Federation of Building and Wood Workers.

She has campaigned against child labor with the International Labor Organization, against social dumping and the criminalization of unionism. As a famous figure in the international trade union world, she considers that the principle of “equal work, equal pay « remain revolutionary: between women and men, between posted and domestic workers, between foreigners and nationals ».

Marina Mesure, especialista en asuntos sociales, ha trabajado durante varios años con organizaciones de derechos de los trabajadores como la Federación Europea de Trabajadores de la Construcción y la Madera.

Llevo varias campañas contra el trabajo infantil con la Organización Internacional del Trabajo, contra el dumping social, y la criminalización del sindicalismo. Es una figura reconocida en el mundo sindical internacional. Considera que el principio de « igual trabajo, igual salario » sigue siendo revolucionario: entre mujeres y hombres, entre trabajadores desplazados y domésticos, entre extranjeros y nacionales « .

Spécialiste des questions sociales, Marina Mesure travaille depuis plusieurs années auprès d’organisations de défense des droits des travailleurs comme la Fédération Européenne des travailleurs du Bâtiment et du Bois.

Elle a mené des campagnes contre le travail des enfants avec l’Organisation internationale du travail, contre le dumping social, la criminalisation du syndicalisme. Figure reconnue dans le monde syndical international, elle considère que le principe de « travail égal, salaire égal » est toujours aussi révolutionnaire : entre les femmes et les hommes, entre les travailleurs détachés et domestiques, entre étrangers et nationaux ».

Sophia Chikirou

Directrice de la publication

Sophia Chikirou is the publisher of Le Monde en commun. Columnist, director of a documentary on the lawfare, she also founded several media such as Le Média TV and the web radio Les Jours Heureux.

Communications advisor and political activist, she has worked and campaigned in several countries. From Ecuador to Spain, via the United States, Mexico, Colombia, but also Mauritania, she has intervened with progressive and humanist movements during presidential or legislative campaigns.

In 2007, she published Ma France laïque (La Martinière Editions).

Sophia Chikirou es directora de la publicación de Le Monde en commun. Columnista, directora de un documental sobre el lawfare, también fundó varios medios de comunicación tal como Le Média TV y la radio web Les Jours Heureux.

Asesora de comunicacion y activista política, ha trabajado y realizado campañas en varios países. Desde Ecuador hasta España, pasando por Estados Unidos, México, Colombia, pero también Mauritania, intervino con movimientos progresistas y humanistas durante campañas presidenciales o legislativas.

En 2007, publicó Ma France laïque por Edicion La Martinière.

Sophia Chikirou est directrice de la publication du Monde en commun. Editorialiste, réalisatrice d’un documentaire sur le lawfare, elle a aussi fondé plusieurs médias comme Le Média TV et la web radio Les Jours Heureux.

Conseillère en communication et militante politique, elle a exercé et milité dans plusieurs pays. De l’Equateur à l’Espagne, en passant par les Etats-Unis, le Mexique, la Colombie, mais aussi la Mauritanie, elle est intervenue auprès de mouvements progressistes et humanistes lors de campagnes présidentielles ou législatives.

En 2007, elle publiait Ma France laïque aux éditions La Martinière.

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