Cet article fait partie du dossier En temps de pandémie

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Sous le masque du Coronavirus

Les épidémies sont de vieilles compagnes de l’Histoire humaine. Elles ont toutes été le résultat de la mondialisation, c’est-à-dire du fait que, si loin que l’on remonte dans le temps, les êtres humains se sont toujours déplacés et ils ont donc transporté avec eux d’un endroit vers l’autre les microbes auxquels ils avaient eux-mêmes survécu. On connaît le terrible impact des maladies transportées par les conquistadors sur le monde des Indiens d’Amérique. Il explique aussi comment les populations nomades de tous les continents ont pu être exterminées par les sédentaires survivants des maladies qu’ils avaient contractées.

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Les profiteurs de la pandémie se goinfrent

Difficile à digérer : aux États-Unis, alors que 100.000 décès dus au coronavirus sont officiellement enregistrés, que des millions de travailleurs ont définitivement perdu leur emploi, les milliardaires en profitent au point d'encaisser des milliards de dollars. 282 milliards de dollars nous dit cet article de Amber Colon Nunez pour In These Times. On parle de la richesse personnelle d'une poignée d'individus dont Jeff Bezos, le patron de Amazon, ou encore Mark Zuckerberg, l'homme vitrine de Facebook.

Cet article a été publié le 21 mai 2020 sous le titre "Covid-19 Profiteers Are Making a Killing". Accessible en anglais.

Deux mois après que l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) a déclaré que le coronavirus constituait une pandémie globale, les États-Unis se démarquent comme le pays comptant le plus de cas confirmés. Et l’OMS prévient que le pire est encore à venir. Cependant le président Donald Trump a affirmé qu’il souhaitait faire redémarrer l’économie aussi tôt que possible, bien que de nombreux experts en santé publique l’aient averti qu’une réouverture prématurée pourrait provoquer un pic de la mortalité.

Les grandes entreprises et leurs patrons ont rejoint le président pour minimiser les dangers et obtenir une réouverture. Elon Musk a déclaré aux employés de SpaceX qu’il était plus dangereux de conduire une voiture que d’être exposé au coronavirus. David Green, le fondateur de Hobby Lobby, a fait les titres des journaux quand il a affirmé qu’il obéissait à la volonté de Dieu en maintenant ses magasins ouverts, et s’est d’abord rebellé contre le confinement (décidé au niveau des États). Des groupes conservateurs financés par les grandes entreprises, tels que FreedomWorks, font du lobbying auprès des législateurs fédéraux et étatiques, et organisent des manifestations anti-confinement devant les capitoles des États. En avril, les PDG d’Amazon et de Facebook, Jeff Bezos et Mark Zuckerberg, se sont entretenus par téléphone avec le président au sujet de la réouverture de l’économie dès que possible.

Il est peut-être plus facile d’être dans le déni quand on peut se permettre de s’isoler du reste du monde.

Alors que les employés d’Amazon à travers le pays luttent en ce moment pour conserver leur prime de risque de 2 $ par heure, les plus riches de la nation se terrent dans des bunkers apocalyptiques et sollicitent des visites médicales à domicile coûtant plus de 1 500 $. Mi-avril, tandis que les médecins à travers tout le pays étaient encore confrontés à une pénurie de tests, les résidents de Fisher Island en Floride (la localité la plus opulente du pays) ont acquis 1 800 tests sérologiques pour eux-mêmes, juste pour le cas où le Covid-19 parvenait à pénétrer leur communauté hautement sécurisée. Dans l’État de New-York, 40 % des résidents n’ont pas pu payer leur loyer en avril, selon le New York Times. Dans la ville de New-York, les plus aisés se sont massivement enfuis : les quartiers huppés tels que Upper East Side, West Village, SoHo et Brooklyn Heights se sont vidés de 40 % de leurs habitants.

Les règles du jeu sont clairement complètement différentes pour les 1 % les plus riches.

Le milliardaire Ken Langone, co-fondateur de Home Depot, 84 ans, a appelé ses amis du NYU Langone Medical Center en février pour se faire une idée de la sévérité du coronavirus. Depuis le confort de sa villa de North Palm Beach en Floride, il a déclaré à Bloomberg News : « Ce que des gens beaucoup plus compétents que moi sur la maladie m’ont dit, c’est que « jusqu’ici, c’est une mauvaise grippe. » »

Mais il est devenu clair que le coronavirus est très, très différent de la grippe saisonnière. L’OMS a établi que le taux de reproduction du Covid est significativement plus élevé : une personne infectée au Covid-19 peut contaminer de 2 à 2,5 fois plus de personnes qu’avec la grippe, pour laquelle le taux est de typiquement de 1,3. (Langone a depuis changé son opinion sur le déconfinement et il a déclaré sur CNBC : « Notre rôle en tant que citoyens devrait être de rester à la maison et de respecter la distanciation sociale. » Home Depot a mis en place des contrôles de température pour les employés, des horaires d’ouverture réduits, une limitation du nombre de clients, des congés payés, des primes de risque et la suppression du ticket modérateur.)

En raison de la pénurie nationale de tests, il est difficile de savoir exactement combien de personnes sont affectées par la pandémie. Anthony Fauci, l’un des meilleurs experts américains en maladies infectieuses, est certain que le chiffre officiel de 80 000 morts liées au Covid est significativement sous-évalué. Certains experts estiment que le nombre total de morts aux États-Unis pourrait être deux fois plus élevé.

Il est plus facile de mesurer combien certaines firmes profitent des bouleversements causés par le virus. Comme les Américains désinfectent tous les coins et recoins de leurs maisons, voitures et caddies, les ventes de produits ménagers de la marque Clorox ont augmenté de 32 % au premier trimestre de 2020. Zoom et Slack Technologies ont également connu des augmentations de leurs bénéfices, le télétravail étant devenu la nouvelle norme. Slack a gagné 80 % de nouveaux utilisateurs en un trimestre, tandis que Zoom en accueille 300 millions quotidiennement, ce qui a boosté le cours de son action de 150 %. Durant les 23 premiers jours du confinement, les milliardaires américains ont siphonné 282 milliards de dollars au profit de leur fortune personnelle, selon l’Institute for Policy Studies.

Les profiteurs du Covid ont tiré parti de la crise quasiment dès son commencement. Les fabricants du purificateur d’air Molekule ont proclamé en février qu’ils étaient « très confiants sur le fait que cette technologie allait détruire le coronavirus, » et le concurrent Airpura affirmait en mars sur son site web que ses appareils étaient efficaces à 99,99 % pour détruire le coronavirus. Cependant, l’efficacité du purificateur avait été testée non pas pour l’élimination du coronavirus, mais seulement pour celle d’agents infectieux similaires, tels que la variole ou Ebola. Les experts disent que les virions de coronavirus sont trop petits pour être bloqués par les filtres des purificateurs d’airs. (Airpura a ensuite retiré son allégation.)

En mars, des vendeurs partenaires sur Amazon ont fait exploser les prix des solutions hydroalcooliques. Reniflant l’aubaine, des profiteurs ont acheté des produits (rares) aux stocks limités dans les commerces et les ont revendus à des tarifs exorbitants. Il n’a pas fallu longtemps avant qu’Amazon ne restreigne la pratique en interdisant les nouvelles offres de masques et de désinfectants. Mais Amazon a allègrement continué à dégager ses propres bénéfices : l’entreprise a gagné 33 millions de dollars toutes les heures au premier trimestre, alors même que ses entrepôts devenaient des foyers de coronavirus et que ses travailleurs étaient soumis à des conditions sanitaires dangereuses. Bezos, l’homme le plus riche du monde, a accumulé 25 milliards de dollars supplémentaires depuis le début de l’année, le plaçant en bonne voie pour devenir le tout premier billionnaire (NdT : on parle bien de 1 000 milliards de dollars).

Avec la perspective d’un vaccin dans un an au plus tôt, et un président qui continue à minimiser la gravité de la pandémie, les consommateurs américains continueront à placer leur argent dans des promesses vides ou incertaines. Les ventes en ligne ont décollé ces dernières semaines. Les ventes en magasin ont baissé tandis que les achats en ligne ont fait un bond de près de 40 % après la première distribution de chèques de stimulation gouvernementaux.

DoorDash, dont les chauffeurs complètent un salaire minimum par des pourboires, prend à la gorge les autres services de livraison de repas comme HelloFresh et Blue Apron. Instacart arrive en tête et laisse de grandes entreprises comme Amazon et Walmart sur le carreau avec une augmentation des ventes de près de 500 % à la mi-avril. Néanmoins, les employés d’Instacart ont déclaré que l’entreprise tardait à distribuer les Équipements de Protection Individuelle (EPI).

Pendant ce temps, avec la fermeture des entreprises « non essentielles » décidée dans de nombreux États, plus de 33 millions d’Américains se sont inscrits au chômage depuis début mars. Les milliardaires qui possèdent bon nombre de ces entreprises paniquent. Alors qu’ils poussent à la réouverture de l’économie, une chose est apparue très clairement : ce ne sont pas eux qui font leur propre richesse, mais leurs employés.


Covid-19 profiteers are making a killing

Two months after the World Health Organization (WHO) declared coronavirus a global pandemic, the United States stands as the nation with the most confirmed cases. The WHO warns that the worst is yet to come. Yet President Donald Trump has signaled that he wants the economy to reopen as soon as possible, despite countless warnings from public health experts that opening too soon can cause a spike in deaths.

Big corporations and their head honchos have joined the president in downplaying the dangers and gunning for a reopening. Elon Musk told SpaceX employees that it’s more dangerous to drive a car than to be exposed to coronavirus. Hobby Lobby founder David Green made headlines when he claimed keeping his stores open was a part of God’s plan, and initially defied state shutdowns. Corporate-funded conservative groups like FreedomWorks are lobbying federal and state legislators and orchestrating astroturf anti-lockdown protests at state capitols. In April, Amazon CEO Jeff Bezos and Facebook CEO Mark Zuckerberg joined the president on phone calls to discuss reopening the economy as soon as possible.

Perhaps denial is easy when you can afford to sequester yourself.

While Amazon workers across the country are now fighting to keep their $2 hazard pay raise, the nation’s wealthiest are hiding out in apocalyptic bunkers and making requests for private, at-home doctor’s visits that cost upwards of about $1,500. In mid-April, when doctor’s offices nationwide still faced a shortage of testing kits, Florida residents of Fisher Island—the richest ZIP code in the nation—purchased 1,800 antibody tests for themselves just in case Covid-19 penetrated their very gated community. In New York, 40% of residents were unable to pay rent in April, according to The New York Times. In New York City, the most affluent fled in droves, emptying out well-to-do neighborhoods like the Upper East Side, the West Village, SoHo and Brooklyn Heights by 40%.

It’s clear that the 1% are playing by an entirely different set of rules.

84-year-old billionaire Ken Langone, co-founder of Home Depot, called up his buddies at NYU Langone in February to get a feel for the severity of coronavirus. “What I’ve been told by people who are smarter than me in disease is, ‘As of right now it’s a bad flu,’” Langone told Bloomberg News from the comfort of his North Palm Beach, Fla., home.

But it’s become clear that the coronavirus is very, very different from the common flu. The WHO has determined that Covid’s reproductive number is significantly higher: One infected individual can infect 2 to 2.5 more people than the flu, whose sufferers typically only infect up to 1.3 others. (Langone has since changed his tone on reopening, telling CNBC, “Our part as citizens should be stay home, obey separation.” Home Depot has instituted temperature checks for workers, shorter hours, customer limits, paid leave, hazard pay and no-co-pay healthcare.)

Due to the nationwide shortage of testing kits, it’s hard to know exactly how many people this pandemic is affecting. America’s top infectious disease expert, Anthony Fauci, is certain the approximately 80,000 reported Covid-related deaths is a significant undercount. Some experts estimate that total deaths in the U.S. may be twice as high as reported.

What can be more easily measured are the ways some companies are profiting from the changes wrought by the virus. As Americans eagerly sanitized every nook and cranny of their homes, cars and shopping carts, sales of Clorox cleaning supplies rose by 32% in the first quarter of 2020. Zoom and Slack Technologies have also seen increases in their profits as working from home has become the new normal. Slack has added 80% more customers compared to the previous quarter, while Zoom hosts more than 300 million participants each day—boosting its stock price by 150%. In the first 23 days after the initial lockdowns began, America’s billionaire class raked in over $282 billion in personal wealth, according to the Institute for Policy Studies.

Profiteering on Covid began almost as soon as the crisis hit. The makers of air purifier Molekule proclaimed in February they were “very confident that this technology will destroy coronavirus,” and rival Airpura claimed on its website in March that its devices are 99.99% effective in removing coronavirus. However, scientists hadn’t tested the purifier’s efficiency at eliminating coronavirus molecules—only that of similar diseases, like smallpox and Ebola. Experts say that coronavirus particles are too small to be blocked by the filters in air purifiers. (Airpura later removed the claim).

In March, third party sellers on Amazon began jacking up the prices on hand sanitizer. Sniffing out the opportunity for a windfall, profiteers bought out scarce supplies at grocery stores and resold them at exorbitant rates. It wasn’t long before Amazon curtailed the practice by banning new listings for masks and sanitizer. But Amazon happily continued to turn its own profit: The company’s earnings increased by $33 million every hour of the first quarter, even as its warehouses suffered coronavirus outbreaks and workers walked out over unsafe conditions. Bezos, the world’s richest man, has accumulated an additional $25 billion since the beginning of this year, putting him on track to become the first-ever trillionaire.

With a vaccine a year or more off and a president who keeps dismissing the severity of the pandemic, U.S. consumers will continue to pour their money into empty or uncertain promises. Online sales have spiked over the last several weeks. In-store sales have declined while online shopping has peaked to almost 40% after the first round of stimulus checks went out.

DoorDash, whose drivers are paid with a tipped minimum wage, is holding its foot on the necks of other meal-delivery services like HelloFresh and Blue Apron. Instacart is coming out on top and leaving major companies like Amazon and Walmart in the dust with a nearly 500% increase in sales in mid-April. Still, Instacart workers said the company was slow to hand out PPE.

Meanwhile, with “non-essential” businesses ordered closed in many states, more than 33 million Americans have filed for unemployment since early March. The billionaires who own many of those businesses are panicking. As they push for the economy to reopen, they’ve made one thing very clear: They aren’t the ones making their own wealth, their workers are.

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Marina Mesure

Syndicalisme international

Marina Mesure is a specialist of social issues. She has worked for several years with organizations defending workers’ rights such as the European Federation of Building and Wood Workers.

She has campaigned against child labor with the International Labor Organization, against social dumping and the criminalization of unionism. As a famous figure in the international trade union world, she considers that the principle of “equal work, equal pay « remain revolutionary: between women and men, between posted and domestic workers, between foreigners and nationals ».

Marina Mesure, especialista en asuntos sociales, ha trabajado durante varios años con organizaciones de derechos de los trabajadores como la Federación Europea de Trabajadores de la Construcción y la Madera.

Llevo varias campañas contra el trabajo infantil con la Organización Internacional del Trabajo, contra el dumping social, y la criminalización del sindicalismo. Es una figura reconocida en el mundo sindical internacional. Considera que el principio de « igual trabajo, igual salario » sigue siendo revolucionario: entre mujeres y hombres, entre trabajadores desplazados y domésticos, entre extranjeros y nacionales « .

Spécialiste des questions sociales, Marina Mesure travaille depuis plusieurs années auprès d’organisations de défense des droits des travailleurs comme la Fédération Européenne des travailleurs du Bâtiment et du Bois.

Elle a mené des campagnes contre le travail des enfants avec l’Organisation internationale du travail, contre le dumping social, la criminalisation du syndicalisme. Figure reconnue dans le monde syndical international, elle considère que le principe de « travail égal, salaire égal » est toujours aussi révolutionnaire : entre les femmes et les hommes, entre les travailleurs détachés et domestiques, entre étrangers et nationaux ».

Sophia Chikirou

Directrice de la publication

Sophia Chikirou is the publisher of Le Monde en commun. Columnist, director of a documentary on the lawfare, she also founded several media such as Le Média TV and the web radio Les Jours Heureux.

Communications advisor and political activist, she has worked and campaigned in several countries. From Ecuador to Spain, via the United States, Mexico, Colombia, but also Mauritania, she has intervened with progressive and humanist movements during presidential or legislative campaigns.

In 2007, she published Ma France laïque (La Martinière Editions).

Sophia Chikirou es directora de la publicación de Le Monde en commun. Columnista, directora de un documental sobre el lawfare, también fundó varios medios de comunicación tal como Le Média TV y la radio web Les Jours Heureux.

Asesora de comunicacion y activista política, ha trabajado y realizado campañas en varios países. Desde Ecuador hasta España, pasando por Estados Unidos, México, Colombia, pero también Mauritania, intervino con movimientos progresistas y humanistas durante campañas presidenciales o legislativas.

En 2007, publicó Ma France laïque por Edicion La Martinière.

Sophia Chikirou est directrice de la publication du Monde en commun. Editorialiste, réalisatrice d’un documentaire sur le lawfare, elle a aussi fondé plusieurs médias comme Le Média TV et la web radio Les Jours Heureux.

Conseillère en communication et militante politique, elle a exercé et milité dans plusieurs pays. De l’Equateur à l’Espagne, en passant par les Etats-Unis, le Mexique, la Colombie, mais aussi la Mauritanie, elle est intervenue auprès de mouvements progressistes et humanistes lors de campagnes présidentielles ou législatives.

En 2007, elle publiait Ma France laïque aux éditions La Martinière.

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