Cet article fait partie du dossier Contre le lawfare

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« Lawfare : coup d’état au nom de la loi »

C’est le nouveau livre de la politologue Arantxa Tirado Sanchez, docteur en relations internationales et en études latino-américaines. Paru en avril 2021, elle démontre dans son ouvrage comment la loi est utilisée en tant que stratégie militaire : si par le passé les coups d’états classiques empêchaient la gauche au pouvoir de déployer son agenda politique, c’est aujourd’hui par le droit que sont montées des stratégies pour saper le pouvoir, l’image et les possibilités de réélection de gouvernements de gauche en Amérique latine.

L’Amérique Latine, voisine des États-Unis, est un laboratoire d’essais. Les gouvernements de gauche qui se sont succédés depuis la fin du XXe siècle dans la région et dans les Caraïbes ont appliqué des politiques contraires au modèle néolibéral et à l’orthodoxie financière défendue par le FMI : investissements massifs dans les services publics, nationalisations et refus du paiement des pans illégitimes de la dette. De quoi menacer les intérêts américains dans la région. Cette vague de gouvernements de gauche qui a caractérisé l’Amérique Latine a formé une nouvelle carte géopolitique contraire à la domination Etats-Unienne. 

Afin de changer les rapports de force, une nouvelle pratique est entrée en scène : le lawfare, mécanisme qui sous des apparences démocratiques, convoque la loi et les médias pour empêcher les dirigeants de gauche d’avoir une chance d’être réélus. 

Trois ex-présidents, l’ex-chef d’Etat brésilien Lula (en prison pendant plus d’un an et demi), l’ex-président équatorien Rafael Correa (exilé en Belgique) et l’Argentine Cristina Kirchner (ciblée par de nombreux procès) ont été la cible de campagnes judiciaires et médiatiques agressives : on les accuse de détournement de fonds ou de complicité dans des affaires de corruption. 

Qui, « on » ? 

Ce sont les mêmes acteurs que l’on retrouve systématiquement derrière ces mises en accusation : des figures du pouvoir judiciaire (on pense à Sergio Moro au Brésil, l’un des juges responsables de l’emprisonnement de Lula et qui a été nommé par la suite ministre de la justice par Bolsonaro), appuyées et accompagnées par les médias nationaux, détenus comme chez nous, par les représentants de pouvoirs économiques locaux ou internationaux. 

Ces trois ex-présidents ont dénoncé les premiers l’instrumentalisation du pouvoir judiciaire à des fins politiques. Ces procès ont permis à leurs successeurs d’opérer des virages libéraux agressifs tout en privant les oppositions de leurs représentants les plus populaires : la loi est au service des élites économiques et à l’idéologie du tout marché. 

Par des combinaisons de coups judiciaires, médiatiques et économiques, en apparence démocratiques et sous protection juridique, le droit exerce aujourd’hui la même fonction que les coups d’états classiques des décennies précédentes : empêcher la gauche d’accéder à nouveau au pouvoir. On assiste à la démolition de l’Etat de droit, au nom du droit.

Arantxa Tirado Sanchez, qui a déjà écrit sur le Venezuela, « Au-delà des mensonges et des mythes » (sorti en 2019), met en garde : « Une fois l’efficacité de ce nouvel outil-système confirmée, qu’est-ce qui l’empêche d’être appliqué dans d’autres pays ? Il y a des indications très proches qui vont dans ce sens. » Nous pensons évidemment à Jean-Luc Mélenchon en France et à Pablo Iglesias en Espagne. 

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Marina Mesure

Syndicalisme international

Marina Mesure is a specialist of social issues. She has worked for several years with organizations defending workers’ rights such as the European Federation of Building and Wood Workers.

She has campaigned against child labor with the International Labor Organization, against social dumping and the criminalization of unionism. As a famous figure in the international trade union world, she considers that the principle of “equal work, equal pay « remain revolutionary: between women and men, between posted and domestic workers, between foreigners and nationals ».

Marina Mesure, especialista en asuntos sociales, ha trabajado durante varios años con organizaciones de derechos de los trabajadores como la Federación Europea de Trabajadores de la Construcción y la Madera.

Llevo varias campañas contra el trabajo infantil con la Organización Internacional del Trabajo, contra el dumping social, y la criminalización del sindicalismo. Es una figura reconocida en el mundo sindical internacional. Considera que el principio de « igual trabajo, igual salario » sigue siendo revolucionario: entre mujeres y hombres, entre trabajadores desplazados y domésticos, entre extranjeros y nacionales « .

Spécialiste des questions sociales, Marina Mesure travaille depuis plusieurs années auprès d’organisations de défense des droits des travailleurs comme la Fédération Européenne des travailleurs du Bâtiment et du Bois.

Elle a mené des campagnes contre le travail des enfants avec l’Organisation internationale du travail, contre le dumping social, la criminalisation du syndicalisme. Figure reconnue dans le monde syndical international, elle considère que le principe de « travail égal, salaire égal » est toujours aussi révolutionnaire : entre les femmes et les hommes, entre les travailleurs détachés et domestiques, entre étrangers et nationaux ».

Sophia Chikirou

Directrice de la publication

Sophia Chikirou is the publisher of Le Monde en commun. Columnist, director of a documentary on the lawfare, she also founded several media such as Le Média TV and the web radio Les Jours Heureux.

Communications advisor and political activist, she has worked and campaigned in several countries. From Ecuador to Spain, via the United States, Mexico, Colombia, but also Mauritania, she has intervened with progressive and humanist movements during presidential or legislative campaigns.

In 2007, she published Ma France laïque (La Martinière Editions).

Sophia Chikirou es directora de la publicación de Le Monde en commun. Columnista, directora de un documental sobre el lawfare, también fundó varios medios de comunicación tal como Le Média TV y la radio web Les Jours Heureux.

Asesora de comunicacion y activista política, ha trabajado y realizado campañas en varios países. Desde Ecuador hasta España, pasando por Estados Unidos, México, Colombia, pero también Mauritania, intervino con movimientos progresistas y humanistas durante campañas presidenciales o legislativas.

En 2007, publicó Ma France laïque por Edicion La Martinière.

Sophia Chikirou est directrice de la publication du Monde en commun. Editorialiste, réalisatrice d’un documentaire sur le lawfare, elle a aussi fondé plusieurs médias comme Le Média TV et la web radio Les Jours Heureux.

Conseillère en communication et militante politique, elle a exercé et milité dans plusieurs pays. De l’Equateur à l’Espagne, en passant par les Etats-Unis, le Mexique, la Colombie, mais aussi la Mauritanie, elle est intervenue auprès de mouvements progressistes et humanistes lors de campagnes présidentielles ou législatives.

En 2007, elle publiait Ma France laïque aux éditions La Martinière.

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