Déni et priorité à l’économie : comment répandre rapidement l’épidémie
Trump a d’abord nié la gravité de l’épidémie. Prenant mauvais exemple sur les pays européens qui ne se sentaient pas trop concernés, il a tardé à prendre les mesures qui auraient permis de ralentir la propagation de l’épidémie. Comme les dirigeants français, il a voulu d’abord éviter une récession… avant de se rendre compte que cela serait probablement impossible.
Avant de se rendre tardivement à l’évidence : les États-Unis, particulièrement connectés par l’avion, comprenant de grandes métropoles avec de très grandes concentrations de populations, sont un terrain de jeu idéal pour le virus.
Vol de matériel sanitaire
Trump a donc voulu réagir d’autant plus fortement qu’il avait nié l’importance du virus. Il a voulu s’approprier tous azimuts les résultats des recherches des autres pays.
Ainsi, il a souhaité racheter la recherche d’un laboratoire allemand sur un vaccin… à l’usage exclusif des États-Unis. L’Allemagne a finalement empêché la transaction. Depuis, les affaires se multiplient de rachat de matériel sanitaire destiné à d’autres pays. La France en a fait les frais, et une commande de masques a été rachetée comptant sur le tarmac, et expédiée aux États-Unis plutôt qu’en France. Mais aussi l’Allemagne, qui parle de « piraterie moderne », ou encore le Canada, en ont été victimes, quoique le gouvernement étatsunien le nie « fermement ».
Dans tous les domaines, les États-Unis promeuvent l’individualisme forcené. Ils organisent donc une véritable guerre des prix pour le matériel sanitaire dont ils manquent, en étant prêts à payer très cher.
Système de santé particulièrement inadapté
Il faut dire que le système de santé étatsunien est particulièrement inadapté à une pandémie. Fondé sur l’assurance privée, très chère, la plupart des gens sont peu ou mal couverts pour leur santé. Ainsi, 50 millions de personnes sont mal assurées. Et 27,5 millions de personnes, soit 9% de la population, n’ont pas du tout d’assurance maladie. Le fameux Obama-Care, tant décrié par Trump, reste insuffisant pour se soigner. Ils n’ont pas d’arrêts maladie possibles, pas d’indemnisation, et sont très réticents à aller se soigner préventivement, au vu du prix que cela coûte.
Ainsi, une personne a reçu une facture de près de 35 000$ après avoir été soignée pour avoir contracté le coronavirus. Et ce n’est qu’un exemple.
Résultat, les gens vont travailler coûte que coûte, se contaminent et contaminent les autres. De quoi prévoir une très longue période de contamination, et des difficultés accrues pour endiguer l’épidémie.
L’absence de politique de prévention, et le coût ordinaire de la santé n’aident pas à avoir des personnes en bonne santé pour affronter l’épidémie. Or, celle-ci est particulièrement mortelle chez les personnes présentant des comorbidités. Ainsi, l’épidémie d’obésité qui y sévit sera un facteur très aggravant du Covid-19.
Individualisme forcené
Les États-Unis ont placé la réussite individuelle au sommet de la hiérarchie de ce qu’ils valorisent. C’est la course au chacun pour soi, entre la tendance millénariste, la peur des autres, et l’absence totale de réflexes collectifs. Ainsi, les gens se sont rués sur les supermarchés pour faire leurs courses… mais surtout sur les armureries pour acheter une arme.
Peut-être abreuvés par le film-catastrophe « The Road », où suite à la suite d’un événement écologique, le climat est détraqué, la société humaine s’effondre rapidement, et les gens luttent pour leur survie en bandes violentes. Plutôt que se préparer à une organisation, ils préfèrent se menacer les uns les autres.
Les plus riches, comme d’habitude, cherchent à s’en tirer eux, plutôt que de participer à l’effort collectif. Plutôt que de financer la production du matériel dont ils ont besoin pour soigner, ils achètent des bunkers hors de prix.
Une période vraiment horrible
Les États-Unis ont dépassé les 11 000 morts du coronavirus au début de la semaine, et ont recensé 1150 décès supplémentaires en 24 h lundi 6 avril. Dimanche 5 avril, on dénombrait le pire bilan quotidien, avec 1200 morts en 24 h. La ville de New York est la plus touchée avec 3500 morts.
Le navire-hôpital, censé aider à désengorger les hôpitaux, grâce à une capacité d’accueil théorique de 1000 lits, est un échec. En raison de protocoles trop complexes, seuls 25 lits seraient occupés.
Faute d’avoir pu prévoir, et faute de système de santé performant pour l’ensemble de la population, Trump a dû prévenir qu’il fallait s’attendre à une « période vraiment horrible ».
Aide humanitaire de la Russie : c’est la fin des haricots
Cela va si mal que la Russie a envoyé de l’aide humanitaire aux États-Unis, qui ont bien été forcés d’accepter, au vu de l’urgence de la situation. La première puissance mondiale, le pays le plus riche du monde, reçoit de l’aide humanitaire de son grand ennemi, le vaincu de la guerre froide. C’est peu dire que le coronavirus rebat les cartes de la situation internationale.
Ailleurs, des soldats russes ont été accueillis avec soulagement dans un pays de l’OTAN, l’Italie, très durement touchée par l’épidémie.
Manifestement, c’est principalement la Chine qui joue le rôle de grande puissance venant aider les pays en difficultés avec le virus, pas les États-Unis.
Comment va réagir la puissance menacée ?
Très mal, probablement. Et sans perdre ses mauvaises habitudes. Un déploiement militaire a lieu dans les Caraïbes, sans que l’on sache encore pourquoi, mais qui vise probablement le Vénézuéla. Puissance militaire agressive, menacée, les États-Unis ne vont pas renoncer si facilement à leur hégémonie.
Plus que jamais, nous devons agir pour la coopération internationale, en vue de la paix, en passant par les instances de l’ONU.