Bangladesh, Bélarus, Brésil, Colombie, Égypte, Honduras, Myanmar, Philippines, Turquie, Zimbabwe. Voici les dix pires pays au monde pour les travailleurs, sur les 149 classés en fonction de leur niveau de respect des droits au travail dans la huitième édition de l’Indice CSI des droits dans le monde. Nous avons relevé ici les principales conclusions à tirer de ce rapport.
Les violations des droits des travailleurs n’ont jamais été aussi nombreuses depuis sept ans. L’édition de 2021 de l’indice CSI des droits dans le monde dénonce la rupture du contrat social et le comportement de certains gouvernements et employeurs, qui cherchent à restreindre les droits de la main-d’œuvre en limitant la négociation collective, en violant le droit de grève et en excluant des travailleurs des syndicats. Tout y passe : la liberté d’expression et l’accès à la justice sont attaqués et limités dans de plus en plus de pays, mettant en péril les démocraties.
Rappelons ici un fait inédit en 2020 : de nombreux scandales ont éclaté, révélant que des gouvernements surveillent des responsables syndicaux pour tenter d’instiller la peur et de faire pression sur des syndicats indépendants et leurs membres, dans un contexte de pandémie mondiale utilisée comme prétexte pour faire avancer en réalité un programme scandaleux contre les travailleurs.
Sharan Burrow, Secrétaire général de la Confédération syndicale internationale a indiqué : « Alors que les travailleurs étaient en première ligne face à la crise sanitaire et fournissaient des services essentiels au bon fonctionnement des économies et des communautés, l’Index des droits 2021 fait état d’une liste honteuse de gouvernements et d’entreprises qui ont poursuivi un programme anti-travailleurs. Des travailleurs ont même été pris pour cible pour avoir révélé des informations essentielles sur le virus et leurs conditions de vie. »
Bien sûr ces menaces sur la main-d’œuvre, sur nos économies et sur nos démocraties étaient déjà endémiques sur certains lieux de travail et dans certains pays avant que la pandémie de Covid-19 ne perturbe nos vies et nos moyens de subsistance. Dans de nombreux pays, la répression à l’encontre des syndicats et le refus des gouvernements de respecter les droits et d’entamer un dialogue social ont exposé des travailleurs à la maladie et à la mort ; cette attitude a également empêché les autorités de combattre efficacement la pandémie.
Voici quelques données :
87% des pays ont violé le droit de grève ;
79% des pays ont violé le droit de négociation collective ;
Dans 74 % des pays, des travailleurs/euses sont exclus du droit de constituer un syndicat et d’y adhérer ;
Le nombre de pays qui ont révoqué l’enregistrement de syndicats est passé de 89 en 2020 à 109 en 2021 ;
Deux nouveaux pays ont été inscrits sur la liste des dix pires pays pour les travailleurs (le Bélarus et le Myanmar) ;
Le nombre de pays qui s’opposent à la liberté d’expression ou la limitent est passé de 56 en 2020 à 64 en 2021 ;
La main-d’œuvre a subi des violences dans 45 pays ;
Les travailleurs n’ont pas d’accès ou n’ont qu’un accès limité à la justice dans 65 % des pays ;
Des travailleurs ont été arrêtés et détenus de façon arbitraire dans 68 pays ;
Des syndicalistes ont été assassinés dans six pays : Brésil, Colombie, Guatemala, Myanmar, Nigéria et Philippines.
Sharan Burrow a également souligné un fait nouveau : « Une nouvelle tendance inquiétante est l’augmentation de la surveillance des travailleurs et les attaques contre le droit à la vie privée. Aux États-Unis, Facebook et Google ont été exposés à des activités de surveillance illégales ou sournoises. La surveillance des travailleurs par Amazon en Europe et aux États-Unis est devenue un scandale mondial », avant d’ajouter : « Il y a de la lumière dans cette obscurité. Il existe des preuves que l’érosion des droits des travailleurs n’est pas inévitable, c’est un choix. Six pays ont vu leur note s’améliorer, dont la Bolivie, la Grèce, le Mexique, le Panama, le Soudan et le Togo. »
L’Indice des droits n’est pas seulement une liste de violations. Il dresse un tableau inquiétant des déficits en matière de droits que nous devons combler pour établir le nouveau modèle économique dont le monde a besoin ; une économie mondiale résiliente, s’appuyant sur un nouveau contrat social avec de bons emplois, des droits, une protection sociale, l’égalité et l’inclusion.