Depuis un an, l’humanité est confrontée à l’épidémie de coronavirus. Plus de 2 millions de personnes sont déjà décédées de cette maladie à travers le monde. L’existence de milliards d’êtres humains a été perturbée par les confinements et toutes les mesures de restriction utilisées dans la lutte sanitaire. Les premières victimes en sont les pauvres. Ils vivent dans les logements surpeuplés où la diffusion du virus est plus importante et exercent les métiers les plus exposés, mais leur accès à des soins de qualité est souvent limité. Ebranlés par l’arrêt temporaire de l’économie, ils sont nombreux à basculer dans la pauvreté.
A la fin de l’année 2020, des vaccins ont commencé à être autorisés dans plusieurs régions du monde. Ils ont été développés en un temps record et il en existe déjà plusieurs, utilisant des techniques scientifiques différentes. Cet exploit est le résultat de la mobilisation exceptionnelle de milliers de chercheurs à travers le monde, notamment dans les institutions publiques comme les universités. C’est aussi la conséquence des financements des Etats, c’est-à-dire des peuples du monde, qui ont versé plus de 10 milliards de dollars (8,2 milliards d’euros) rien que pour la recherche directe sur le vaccin.
Pourtant, aujourd’hui, ce sont quelques multinationales du Big Pharma qui raflent la mise. Le laboratoire américain Pfizer a prévu que la vente de son vaccin lui rapporterait 15 milliards de dollars en 2021. Les vaccins, si vitaux pour l’humanité, sont traités comme des marchandises. Les entreprises privées décident à qui elles livrent et à quel prix. Cette privatisation du vaccin, pourtant un «bien commun» selon l’OMS, freine sa diffusion. Une minorité de pays riches s’est approprié l’essentiel des doses disponibles. Dans le reste du monde, certains Etats doivent payer 2,5 fois plus cher pour les mêmes vaccins. L’ONG Oxfam estime qu’un vaccin ne doit pas coûter plus de 3,40 dollars pour que son accès soit réellement universel. Nous en sommes pour l’instant bien loin. Même en Europe, les laboratoires privés ne sont pas capables d’assurer la production et les livraisons de vaccins aussi rapidement qu’ils l’avaient promis.
Voilà pourquoi nous proposons de lever les brevets sur les vaccins et les futurs traitements contre le Covid. L’argent ne doit pas être un frein à la santé mondiale. Dans beaucoup de pays, il existe des dispositifs de licences libres, licences d’office ou licences obligatoires. Ils permettent la fabrication et la diffusion libre des vaccins. Nous appelons les dirigeants de ces pays à les utiliser le plus rapidement possible. Cette action permettra d’abaisser le prix des vaccins et d’en accélérer la production. Elle peut sauver des millions de vies humaines.
Au début du mois de janvier, la Plateforme intergouvernementale scientifique et politique sur la biodiversité et les services écosystémiques (IPBES) a prévenu que nous pourrions entrer, du fait des dégâts écologiques, dans une «ère des pandémies». Nous n’y ferons pas face en privilégiant les intérêts privés et les fortunes du Big Pharma. Au contraire, nous devons construire à l’échelle mondiale une société de l’entraide. Nous pouvons commencer maintenant en affirmant que les vaccins et les traitements anti-Covid sont des biens communs.
Signataires : Jean-Luc Mélenchon président du groupe parlementaire La France insoumise, Luiz Inácio Lula da Silva ancien président du Brésil, Rafael Correa ancien Président de l’Equateur, Amado Boudou ex Vice Président de l’Argentine, Jean Ziegler vice-président du comité consultatif au Conseil des droits de l’homme des Nations Unies, Ernesto Samper ancien Président de la Colombie, puis Secrétaire Général de l’union des nation sud-américaines UNASUR, Saúl Méndez Rodriguez ancien candidat à la présidence du Panama, James Galbraith économiste américain, Hamma Hammami militant des droits de l’homme et politique tunisien, Biram Dah Abeid chef de file de l’opposition en Mauritanie et prix des Droits de l’Homme des Nations Unies, Veronika Mendoza ex-candidate à la présidentielle au Pérou, Manuel Zelaya ancien Président du Honduras, Marcos Enríquez Ominami ex-candidat présidentielle au Chili, Ignacio Ramonet ancien directeur du Monde Diplomatique et Président de l’Assocation Mémoire des Luttes, Aminata Traoré ancienne ministre de la culture du Mali, Oumar Sissoko ancien ministre de la culture du Mali Gleisi Hoffmann Présidente du Parti des Travailleurs au Brésil, Maite Mola Vice-Présidente du Parti de la Gauche européenne, Espagne, Rodriguo Muncada Défenseur de l’eau, prix Danielle Miterrand- Modatim, Chili, Manu Pineda députée européenne espagnole, Oscar Laborde vice-président du Parlement du Mercosur, Marc Botenga député européen belge (Parti du travail de Belgique), Serge Bambara dit Smockey rappeur, porte-parole du Balai citoyen (Burkina Faso), Malin Björk députée européenne suédoise (Parti de gauche), Nikolaj Villumsen député européen danois (La Liste de l’unité), Silvia Modig députée européenne finlandaise (Alliance de gauche), Abdourahmane Sano coordinateur du Front national pour la défense de la constitution (sri l), Alaa Talbi directeur exécutif du Forum tunisien pour les droits économiques et sociaux (FTDES), Enrique Santiago porte-parole du groupe parlementaire Unidas Podemos, Gerardo Pisarello porte-parole du groupe parlementaire Unidas Podemos, Amparo Botejara responsable santé de la commission exécutive de Podemos, Rosa Medel porte-parole du groupe parlementaire Unidas Podemos, Laura López porte-parole du groupe parlementaire Unidas Podemos, Juan Carlos Monedero président du think tank de Podemos, Binod Shrestha, président de la General Foundation of Nepalese Trade Unions (Gefont) au Népal, Adolfo Mendoza président du parlement Andino Bolivien, Marcos Enriquez Ominami ex candidat à la présidence du Chili, Coordinateur Groupe de Puebla, Sigifredo Reyes ex-président de l’Assemblée législative au San Salvador, Frente Farabundo Marti pour la Liberacion Nacional Cuauhténoc, Cardenas Solozarno ex-candidat présidentielle au Mexique, Fernando Buen Abad Dominguez philosophe mexicain, Pablo Rebolledo directeur Foro latino-américaine de derechos Humanos FODALCH, Hector Diaz Polanco écrivain, anthropologue, sociologue et historien, Paco Ignacio Taibo II écrivain, espagnol et mexicain (Fondo de Cultura Economica), Pedro Salmeron historien, Paloma Saiz Tajero activiste culturelle mexicain, Lorenzo Meyer historien et académicien mexicain, Jorge Eduardo Navarrete économiste et diplomate mexicain, Roberto Eibenschutz Hartman architecte, académicien et écrivain mexicain, Binod Shrestha président GEFONT, Népal, Ging Quintos Deles ancienne Conseillère de la Présidente pour le processus de paix aux Philippines, David Ibarra Munoz Ancien Secrétaire des Finances et du Crédit Publique au Mexique, Paola Pabon préfet de Pichincha en Equateur, Costas Lapavitsas économiste, ex-député grec, R.C Khuntia ancien député du Parlement indien, Chandrah Prakash Singh syndicaliste INTUC en Inde, Velayutham Ruthiradeepan syndicaliste, Vice-Président du National Trade Union Federation au Sri Lanka, Bienvenu Matumo porte parole du mouvement La Lucha, RDC.
Vous pouvez retrouver la tribune sur Libération