Sa libération n’était qu’une question de temps face à la faiblesse de l’accusation. Jorge Glas, ancien vice-président équatorien, a été libéré la fin de semaine dernière de la prison de Latacunga, dans le centre du pays, où il purgeait une peine de huit années de prison pour avoir supposément touché des pots-de-vin. Dans sa décision, le juge d’application des peines a pris en compte la santé de l’homme de 52 ans – qui se serait dégradé en prison – mais surtout la surpopulation carcérale dans le pays qui ne permet plus d’allouer des moyens à sa détention.
L’emprisonnement de Jorge Glas en 2017 avait fait suite à l’enquête liée à l’affaire Odebrecht qui secouait au même moment le continent sud-américain. Alors vice-président de Lenín Moreno, il avait été poussé vers la sortie face à l’ampleur des accusations de corruption qui le visait. Malgré ses dénégations et l’absence de preuves concrètes (l’accusation reposant principalement sur des témoignages), il avait été condamné à la peine maximale de huit années de prison, une peine réclamée par le parquet, représentant de l’État. C’est cette même affaire qui avait tenté de faire condamner Rafael Correa et qui avait mené Lula en prison, depuis blanchi. Une véritable « lawfare » (guerre judiciaire) menée à des fins politiques sur le continent sud-américain. Jorge Glas doit encore être jugé en appel pour une autre affaire de corruption, également critiquée, tandis que Correa est toujours poursuivi par la justice du pays.
Plusieurs figures de gauche avaient dénoncé ces dérives judiciaires, notamment Jean-Luc Mélenchon et La France insoumise qui avaient rapidement apporté leur soutien aux ex-dirigeants équatoriens et brésiliens. À l’origine déclenchée par le gouvernement néo-libéral de Lenín Moreno, cette chasse aux sorcières en Équateur avait été poursuivie par son successeur, Guillermo Lasso. Preuve en est, la réaction épidermique du gouvernement équatorien et du parquet qui ont exprimé en des termes vifs leur totale opposition à la décision du juge d’application des peines. La présidence est allé jusqu’à évoquer « un rejet et un désaccord légal » avec un potentiel « abus de constitutionnalité ».
À l’inverse, la gauche équatorienne a salué la libération de Jorge Glas. Rafael Correa a ainsi élevé en exemple la lutte menée par son ancien vice-président tout en regrettant le temps écoulé. Cette victoire constitue en tout cas une étape supplémentaire vers la réhabilitation des deux figures politiques, alors que les gouvernements de gauche ne cessent de s’installer sur le continent malgré l’utilisation de la justice comme d’une arme politique.