Cet article fait partie du dossier Contre le lawfare

Le Monde en commun publie des articles et contenus audiovisuels accessibles dans 3 langues : français, anglais, et espagnol. L’objectif est de rendre accessible tous les contenus au plus large public. Pour cela, la langue ne doit pas être un obstacle.

Nous sommes en train de constituer un groupe de volontaires qui se chargeront de traduire l’ensemble des contenus afin de les présenter dans au moins trois langues (français, anglais, espagnol).

Si vous souhaitez rejoindre le groupe, merci de nous adresser un mail à contact@linternationale.fr 

Un refus d’extradition et une proposition d’asile au Mexique : la fin du calvaire pour Julian Assange ?

Le lundi 4 janvier 2021, le tribunal britannique a décidé que Julian Assange ne serait pas extradé vers les États-Unis, où il est actuellement inculpé pour espionnage. Il encourt une peine de 175 ans de prison. Il est actuellement incarcéré à la prison de haute sécurité de Belmarsh. Sa demande de libération sous caution sera quant à elle examinée le 6 janvier 2021. Dans cette période cruciale pour ce lanceur d'alerte, Le Monde en Commun revient sur les différentes étapes de ce cas de lawfare.

Julian Assange ne sera pas extradé aux États-Unis : c’est la décision qui a été rendue publique par la justice britannique. La raison invoquée par la juge Vanessa Baraitser ? Sa grande fragilité mentale. Les conditions de détention aux États-Unis seraient extrêmement dangereuses pour lui, puisqu’il serait exposé à des actes qui ne respectent pas les droits humains les plus fondamentaux. En cas d’extradition et de procès, il risquerait 175 ans de prison et serait jugé pour 18 motifs d’inculpation. Dix-sept d’entre eux portent sur la Loi sur l’espionnage et un sur la Loi sur la fraude et la délinquance financière.

Cette décision qui a donné lieu à un fort soulagement intervient après sept années d’enfermement entre les murs étroits d’une ambassade, une pression psychologique incessante, des trahisons qui servent les intérêts des États-Unis qui multiplient les tentatives pour que l’extradition ait lieu. Rien n’est épargné à Julian Assange : des procédures judiciaires qui ne faiblissent pas à des micros placés par la NSA dans l’ambassade de l’Équateur, la journée du lundi 4 janvier 2021 est une journée d’espoir qui pourrait marquer un tournant dans cette affaire.

Le Monde en Commun revient sur ces années au cours desquelles les poursuites, les tentatives de déstabilisation de l’empire étasunien à son égard n’ont jamais cessées.

2010, des révélations qui dérangent : le début des poursuites

Cela fait maintenant plus de dix ans que le fondateur et responsable du site WikiLeaks est poursuivi en justice. Ce site vise à corriger l’asymétrie d’information entre les citoyens et les gouvernements. Il publie régulièrement des révélations qui mettent en cause des personnalités publiques, des gouvernements : de la corruption à l’absence de respect des droits de l’homme, les révélations ont été nombreuses ces dernières années.

Sur ce site, plusieurs milliers de documents faisant état de chiffres cachés, de l’usage de la torture dans le cadre des guerres en Irak et en Afghanistan ont été rendus publics. Ce site a également relayé les cables diplomatiques américains obtenus par Chealsea Manning.

Les premières poursuites dont Julian Assange a été l’objet (qui ont été abandonnées) n’avaient rien à voir avec les révélations. En 2010, peu de temps après les révélations concernant le mode opératoire en Irak et en Afghanistan, il a en effet été accusé d’agression sexuelle en Suède puis a été placé en liberté surveillée en Grande-Bretagne puisqu’un mandat d’arrêt existait en Suède. Il a vécu pendant sept années dans l’ambassade d’Équateur à Londres. Les poursuites pour agression sexuelle ont été abandonnées en 2017. Malgré cet arrêt des poursuites, les autorités britanniques avaient maintenu leurs poursuites.

Lenín Moreno, le paroxysme du lawfare, la trahison équatorienne

Si Julian Assange pouvait rester dans l’ambassade équatorienne sans être arrêté, c’est qu’il bénéficiait d’un droit d’asile accordé par Raffael Correa. Cependant son successeur, le président Lenín Moreno a affirmé n’avoir jamais soutenu les actions de WikiLeaks en 2018 et abaisse les mesures de sécurité de Julian Assange dans l’ambassade où il est pourtant réfugié. En 2019, WikiLeaks avait les « INA Papers » qui prouvaient que la famille de Moreno était impliquée dans des affaires de corruption.

Le mot trahison avait été employé par l’ancien président Correa, qui avait déclaré que « c’est une vengeance personnelle du président Lenin Moreno parce que WikiLeaks il y a quelques jours a publié un cas de corruption très grave ». La trahison à son endroit va encore plus loin puisque le 11 juin 2019, Lenín Moreno autorise la police londonienne à pénétrer dans l’ambassade. Sans droit d’asile, il peut être arrêté. Suite à cette décision hautement politique, les États-Unis demandent son extradition.

Bien que la décision de justice écarte Julian Assange de l’extradition, il n’en reste pas moins que le gouvernement britannique n’aurait jamais dû autant se soumettre aux pressions du gouvernement américain, qui depuis des années et sans répit, poursuit Julian Assange. Le fait que cette décision de justice épargne à Julian Assange l’extradition n’absout pas le Royaume-Uni de s’être engagé dans un processus politique sur ordre des États-Unis et d’avoir mis la liberté des médias et la liberté d’expression sur le banc des accusés. Cette affaire établit un terrible précédent dont les États-Unis sont responsables et le gouvernement britannique est complice.

Suite à ce verdict, la justice américaine pourrait faire appel. Nous devons donc rester mobilisés pour que toutes les charges retenues contre lui soient abandonnées !

Réaction d’Amnesty International suite à l’annonce de la justice britannique

Le Président mexicain, Andrés Manuel López Obrador a annoncé peu de temps après la décision de la justice britannique qu’il offrait l’asile politique à Julian Assange. Il a également déclaré : « je me félicite que le Royaume-Uni agisse de la sorte. Parce que c’est un journaliste et qu’il mérite une chance ». Cette excellente nouvelle constitue un moyen de prendre ses distances et de marquer une indépendance forte vis-à-vis des États-Unis pour le Mexique. C’est donc une annonce hautement symbolique qui a été faite le 4 janvier 2021 par AMLO.

Si les soutiens de Julian Assange sont soulagés de cette décision, il ne s’agit pas pour autant d’une victoire pour le journalisme ou les lanceurs d’alerte. Les États-Unis ont en effet deux semaines pour faire appel. La justice britannique évoque des enjeux de santé : cet informaticien qui devrait être considéré comme un héros n’est toujours pas reconnu comme tel. L’année 2021 marquera-t-elle un tournant dans ce laboratoire du lawfare, cette affaire dans laquelle les États-Unis franchissent toutes les limites que se fixerait un État de droit ?

Vous trouverez ci-dessous plusieurs réactions suite à la journée du 4 janvier :

Refuser d’extrader #Assange à la #US pour des raisons de santé mentale, c’est humain, mais cela ne protège pas les futurs lanceurs d’alerte.
Les soutiens de Julian Assange célèbrent devant le tribunal après que le juge ait refusé son extradition vers les États-Unis
« Le Mexique offre l’asile politique à Julian Assange »

Dans le même dossier

Quelques voitures tournent autour des rond-points, des klaxons et un fond sonore d’applaudissements. Ces images d’iraniens célébrant l’attaque de drones sur Israël ont fait le tour des réseaux sociaux. Mais les spécialistes sont formels : la population iranienne est…

Partagez !

Marina Mesure

Syndicalisme international

Marina Mesure is a specialist of social issues. She has worked for several years with organizations defending workers’ rights such as the European Federation of Building and Wood Workers.

She has campaigned against child labor with the International Labor Organization, against social dumping and the criminalization of unionism. As a famous figure in the international trade union world, she considers that the principle of “equal work, equal pay « remain revolutionary: between women and men, between posted and domestic workers, between foreigners and nationals ».

Marina Mesure, especialista en asuntos sociales, ha trabajado durante varios años con organizaciones de derechos de los trabajadores como la Federación Europea de Trabajadores de la Construcción y la Madera.

Llevo varias campañas contra el trabajo infantil con la Organización Internacional del Trabajo, contra el dumping social, y la criminalización del sindicalismo. Es una figura reconocida en el mundo sindical internacional. Considera que el principio de « igual trabajo, igual salario » sigue siendo revolucionario: entre mujeres y hombres, entre trabajadores desplazados y domésticos, entre extranjeros y nacionales « .

Spécialiste des questions sociales, Marina Mesure travaille depuis plusieurs années auprès d’organisations de défense des droits des travailleurs comme la Fédération Européenne des travailleurs du Bâtiment et du Bois.

Elle a mené des campagnes contre le travail des enfants avec l’Organisation internationale du travail, contre le dumping social, la criminalisation du syndicalisme. Figure reconnue dans le monde syndical international, elle considère que le principe de « travail égal, salaire égal » est toujours aussi révolutionnaire : entre les femmes et les hommes, entre les travailleurs détachés et domestiques, entre étrangers et nationaux ».

Sophia Chikirou

Directrice de la publication

Sophia Chikirou is the publisher of Le Monde en commun. Columnist, director of a documentary on the lawfare, she also founded several media such as Le Média TV and the web radio Les Jours Heureux.

Communications advisor and political activist, she has worked and campaigned in several countries. From Ecuador to Spain, via the United States, Mexico, Colombia, but also Mauritania, she has intervened with progressive and humanist movements during presidential or legislative campaigns.

In 2007, she published Ma France laïque (La Martinière Editions).

Sophia Chikirou es directora de la publicación de Le Monde en commun. Columnista, directora de un documental sobre el lawfare, también fundó varios medios de comunicación tal como Le Média TV y la radio web Les Jours Heureux.

Asesora de comunicacion y activista política, ha trabajado y realizado campañas en varios países. Desde Ecuador hasta España, pasando por Estados Unidos, México, Colombia, pero también Mauritania, intervino con movimientos progresistas y humanistas durante campañas presidenciales o legislativas.

En 2007, publicó Ma France laïque por Edicion La Martinière.

Sophia Chikirou est directrice de la publication du Monde en commun. Editorialiste, réalisatrice d’un documentaire sur le lawfare, elle a aussi fondé plusieurs médias comme Le Média TV et la web radio Les Jours Heureux.

Conseillère en communication et militante politique, elle a exercé et milité dans plusieurs pays. De l’Equateur à l’Espagne, en passant par les Etats-Unis, le Mexique, la Colombie, mais aussi la Mauritanie, elle est intervenue auprès de mouvements progressistes et humanistes lors de campagnes présidentielles ou législatives.

En 2007, elle publiait Ma France laïque aux éditions La Martinière.

Nous utilisons des cookies pour vous garantir la meilleure expérience sur notre site. Si vous continuez à utiliser ce dernier, nous considérerons que vous acceptez l'utilisation des cookies.