Il y a 30 ans disparaissaient le Yémen du Nord (régime militaire conservateur) et le Yémen du Sud (dont les dirigeants se réclamaient du marxisme). Par voie de référendum, le 15 et 16 mai 1991, les deux peuples adoptaient une Constitution commune unifiant les pays. Mais ce processus ne s’est pas fait sur un pied d’égalité. En réalité, le Yémen du Nord a rapidement pris l’ascendant sur le Yémen du sud et en a démantelé la plupart des institutions. Cette unification est donc aussi l’histoire d’une annexion, qui s’est soldée par la disparition de l’unique expérience marxiste dans le monde arabe : la très méconnue République démocratique populaire du Yémen du sud (1967-1991). Si le Yémen apparaît aujourd’hui dans les médias comme un pays de misère, ravagé par la guerre et jouet de ses voisins, la professeure Miriam Müller-Rensch, de l’université d’Erfurt, revient avec nous sur les 50 dernières années, qui éclairent la nature des conflits en cours, les violences qui ont parsemé les dernières décennies et les frustrations sociales de la population méridionales. Certes, le marxisme-léninisme professé à Aden, capitale du Yémen du Sud, ne dépassait guère les faubourgs. Mais le nationalisme et les droits perdus (notamment pour les femmes) suscitent quelque nostalgie de cette époque.