Dom Phillips était un journaliste britannique qui collaborait régulièrement avec le Guardian. Dans le cadre d’un reportage qu’il comptait faire sur les communautés de la vallée du Javari, il s’était rendu sur place accompagné de Bruno Pereira, un spécialiste des peuples autochtones. Plusieurs rendez-vous avec des représentants des populations vivant le long du fleuve étaient prévus lorsqu’ils ont été portés disparu. Les autorités avaient alors tardé à réagir, déployant trop peu de moyens, trop tard, pour les retrouver. Finalement, deux corps auraient été identifiés, attachés à un arbre dans la zone de recherche, avec des marques de violence sur les corps. Les deux hommes ont pu devenir les nouvelles victimes d’une explosion de la violence dans l’ouest brésilien.
En effet, intimidations, meurtres et extorsions constituent désormais le quotidien de milliers d’indigènes résidants au cœur de la forêt amazonienne. Des espaces historiquement protégés sont peu à peu grignotés depuis l’arrivée au pouvoir de Jair Bolsonaro en 2019. Il est à l’origine d’une législation favorable à des acteurs privés qui surexploite les ressources naturelles. S’ajoute à cela un sentiment d’impunité pour les individus qui préfèrent agir loin de tout cadre légal, orpailleurs et braconniers, avec une complaisance du pouvoir en place. En conséquence, les actes violents visant les communautés indigènes ont explosé ces dernières années, et l’ONU a signifié son inquiétude face à des violations répétées des droits humains.
Le décès de ces deux personnes pourrait en tout cas constituer un nouveau coup porté à la campagne de Bolsonaro. Les Brésiliens sont appelés à voter dans moins de 4 mois et sa figure clivante, liée à une politique volontairement raciste, sexiste et autoritaire, tant à aliéner une partie de son électorat un peu plus modéré. Face à lui, Lula est décidé à reprendre le pouvoir.