Colombia Humana est un parti politique colombien créé en 2011. Parti de centre-gauche, il se distingue pour ses idées progressistes et l’intégration de la question environnementale et de l’égalité femme-homme à ses revendications.
La communauté internationale et l’Union Européenne ont soutenu la mise en œuvre de l’Accord de Paix en Colombie. Ce soutien a été ratifié dans une résolution approuvée à l’unanimité en janvier 2016 au Parlement européen, et a été réitéré par la Haute Représentante de l’UE pour les affaires étrangères lors d’un débat au même Parlement en janvier 2018.
Pourtant, sur place, la situation humanitaire et politique ne cesse de se détériorer. En effet, toutes les 48 heures un.e défenseur.euse des droits humains ou un.e dirigeant.e communautaire ou politique y est assassiné. Un rapport de l’ONU du 4 mars 2020, affirme que la Colombie est le pays d’Amérique latine où l’on assassine le plus de défenseur.euse.s des droits de l’homme. Selon les rapports de plusieurs ONG colombiennes, depuis la signature des Accords de Paix en 2016, plus de 1000 dirigeant.e.s sociaux, environnementaux ou politiques ont été assassinés.
La violence a atteint son paroxysme lorsque le 9 septembre, la police de Bogota a tiré sur des manifestant.e.s qui dénonçaient les violences policières, en réponse au meurtre de l’avocat Javier Ordoñez par les forces de l’ordre. Durant cette nuit désormais connue comme « Le Massacre de Bogotá », 13 personnes ont perdu la vie. En effet, depuis le début de l’année 2020, 68 massacres ont été répertoriés. Peu après le Massacre de Bogotá, de nombreux responsables politiques ont été perquisitionnés dans ce qui s’apparente à une véritable persécution, et à une attitude anticonstitutionnelle, voire séditieuse, des forces armées de l’État colombien.
Le 24 avril Alejandro Llinas, écologiste et membre de Colombia Humana-UP qui était assassiné. Alejandro Llinás a consacré sa vie à protéger la Sierra Nevada de Santa Marta et le Parc Tayrona contre la voracité de l’industrie touristique nationale. Alejandro Llinás avait été désigné « cible militaire » par les paramilitaires, précisément parce qu’il s’opposait aux intérêts de l’industrie du tourisme.
Le 20 octobre 2020, Gustavo Herrera, directeur de la campagne présidentielle de la Colombia Humana-UP 2018 dans le département du Cauca, est assassiné. La veille, dans le département du Huila, Eduardo Alarcón Córdoba, dirigeant paysan et membre du mouvement Colombia Humana-UP, est également assassiné. Le 2 octobre 2020, à Medellín, le cadavre de Campos Elias Galindo, historien, professeur universitaire et membre de la Colombia Humana-UP, est retrouvé avec un livre brulé sur le thorax.
La guerre, que beaucoup croyaient surmontée, s’invite donc au cœur des grandes villes colombiennes, visant particulièrement les opposants politiques. Les agissements des forces de sécurité et des groupes paramilitaires sont autant d’exemples de cette répression quotidienne.
Depuis sa création en 2018, pas moins de 10 membres du mouvement politique Colombia Humana-UP, présent au deuxième tour des dernières élections présidentielles, ont été assassinés. Les statistiques montrent que les membres de la Colombia Humana-UP et du nouveau parti FARC, sont plus que toute autre formation politique, persécutés, menacés, et assassinés du fait de leurs engagement.
Au tournant du XXIème siècle, la plupart des nations considèrent la persécution politique comme un crime contre l’humanité. Tristement, ce n’est pas la première fois que la Colombie connait une telle répression, l’ex-président Juan Manuel Santos ayant reconnu la responsabilité de l’État dans l’assassinat de milliers de partisan.e.s de l’Union Patriotique.
Par la présente lettre, nous souhaitons exprimer notre plus profonde inquiétude face à la recrudescence de la violence politique et l’affaiblissement dramatique de l’État de droit en Colombie. Par ailleurs, nous voulons attirer l’attention de la communauté internationale, et du public, sur la nécessité de rester vigilants quant à l’évolution de la situation dans le pays.
Il va de soi que la situation en Colombie est un sujet de préoccupation internationale car les conséquences se feront ressentir bien au-delà des ses frontières. C’est pour cela, et pour finir, que nous appelons le gouvernement colombien à garantir la sécurité de ces citoyen.ne.s, et plus particulièrement des membres de l’opposition politique.
SIGNATAIRES :
Parlement Européen
Benoit BITEAU – Député européen Europe Écologie Les Verts – Groupe Verts/ALE
Manuel BOMPARD – Député européen La France Insoumise – GUE/NGL
Leïla CHAIBI – Députée européenne La France Insoumise – GUE/NGL
David Cormand – Député européen Europe Écologie Les Verts – Verts/ALE
Tilly METZ – Députée européenne Groupe des Verts/Alliance libre européenne – Verts/ALE
Anne-Sophie PELLETIER – Députée européenne La France Insoumise -GUE/NGL
Marie TOUSSAINT – Députée européenne Europe Écologie Les Verts – Verts/ALE
Ernets URTASUN – Député européen Initiative pour la Catalogne – Groupe Verts/ALE
Parlement français
Clémentine AUTAIN – Député France insoumise
Ugo BERNALICIS – Député France insoumise
Eric COQUEREL – Député France insoumise
Alexis CORBIÈRE – Député France insoumise
Caroline FIAT – Député France insoumise
Bastien LACHAUD – Député France insoumise
Michel LARIVE – Député France insoumise
Jean-Luc MELENCHON – Député France insoumise
Danièle OBONO – Député France insoumise
Mathilde PANOT- Député France insoumise
Loïc PRUD’HOMME – Député France insoumise
Adrien QUATENNENS – Député France insoumise
Muriel RESSIGUIER – Député France insoumise
Sabine RUBIN – Député France insoumise