Le symbole est fort. À 10 minutes en voiture du siège mondial de Starbucks, les employés de l’enseigne à l’angle de Broadway et de Denny Way viennent d’adopter à l’unanimité la syndicalisation. Une première à Seattle, mais une décision inscrite dans un mouvement de fond qui touche l’ensemble des États-Unis. 150 magasins ont ainsi déclenché une procédure de syndicalisation auprès de Starbucks Workers United. Ce syndicat est une réponse à l’absence de structure syndicale dans l’entreprise depuis les années 80. Mais ce parcours vers la syndicalisation ne se fait pas sans difficultés. Le groupe mondial multiplie aux États-Unis les initiatives qui visent à briser le mouvement.
Ce tournant de la syndicalisation est particulièrement récent. Il a commencé l’année dernière dans la ville de Buffalo, État de New York, lorsqu’un local de l’enseigne a adopté lors d’un vote la syndicalisation. Une grande première alors que Starbucks dispose de 6 000 adresses dans l’ensemble des États-Unis. Mais le parcours pour arriver à ce stade a été semé d’embuches par une direction profondément opposée à l’organisation des travailleurs. Aux promesses de hausse des salaires ou des avantages se sont ajoutés les intimidations et les mises à la porte des éléments les plus virulents sur la question. Les dirigeants de l’entreprise ont également convié ces salariés à des réunions en tête-à-tête, sans réussir à convaincre.
Bernie Sanders s’est saisi de la question, apportant tout son soutien aux milliers de salariés de Starbucks qui vivent et travaillent dans des conditions déplorables. Dans une lettre envoyée à Howard Schultz, PDG de la multinationale, il appelle la direction à respecter les droits des travailleurs protégés par la Constitution des États-Unis et donc de cesser toute pratique visant à affaiblir les syndicalisations. Les moyens démesurés déployés par Starbucks ont déjà été jugés illégaux à plusieurs reprises par les autorités fédérales. Pourtant, les bénéfices du groupe ont dépassé les 29,1 milliards de dollars l’année dernière. Des bénéfices amplement suffisants pour répondre aux demandes des salariés pour de meilleures salaires et conditions de travail. Si aujourd’hui seul 7 magasins sont syndiqués, l’entêtement de Starbucks pourrait au contraire accélérer la volonté d’union portée par ses employés.