Évoqué pour la première fois il y a 14 ans, négocié officiellement depuis 4 années, l’accord de libre-échange entre l’Union européenne et la Nouvelle-Zélande est désormais une réalité. Accompagnée de Jacinda Ardern, la Première ministre néo-zélandaise, c’est Ursula von der Leyen qui a eu l’honneur d’annoncer la bonne nouvelle. La présidente de la Commission européennes s’est félicitée de cette issue heureuse qui « apporte des opportunités majeure aux entreprises, aux agriculteurs, aux consommateurs, des deux côtés du monde ».
Si Ursula von der Leyen s’est gargarisée en évoquant un accord « moderne » qui est le premier à inclure des sanctions en cas de manquements aux accords de Paris, l’objectif demeure avant tout économique. Ainsi, cet accord de libre-échange permettra surtout une hausse de 30 % des échanges commerciaux entre les deux parties prenantes. Les investissements européens vers Auckland et Wellington vont même progresser de 80 %. Les prises de paroles sont univoques : l’accord d’aujourd’hui est « bon pour la Nouvelle-Zélande, bon pour l’Union européenne, mais il est aussi bon pour l’ensemble de l’économie mondiale ».
L’amour du business
Dans les faits, le texte ouvre la voie à des suppressions de droits de douane pour toute une série de produits. 97 % des produits exportés par la Nouvelle-Zélande vers l’UE seront à terme exceptés de toute imposition à l’arrivée sur le Vieux continent. Les produits agricoles comme le fromage, le vin et surtout le lait sont concernés. L’inquiétude est grande du côté des producteurs européens qui subiront désormais de plein fouet la concurrence de l’industrie agroalimentaire néo-zélandaise. L’agriculture intensive est la norme à Aotearoa où 95 % de la production laitière et 90 % de la viande bovine est exportée.
Les motivations de l’accord sont donc purement économiques malgré ses habits verts : « nous avons garanti des règles du jeu égales entre les investisseurs européens […] et les investisseurs néo-zélandais ». Aux yeux de Jacinda Ardern, ce sont les « opportunités améliorées pour les exportateurs » qui doivent être soulignées. Nous sommes dans la droite lignée des accords néolibéraux adoptés ces dernières décennies.
Et ces accords seront amenés à se multiplier au cours des années qui viennent alors que la France cède demain sa place à la tête du Conseil de l’Union européenne. Les prochains pays à bénéficier de la présidence tournante, la Tchéquie et la Suède, ont promis d’engager pleinement l’UE dans la voie de tels engagements économiques, au détriment de thématiques plus sociales et écologiques. L’Europe libérale a de beaux jours devant elle.