Cet article fait partie du dossier La solidarité internationale

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Une autre relation avec l’Inde est possible

« L’entente entre deux dirigeants politiques qui sont tous les deux marqués par des violences autoritaires, comme votre Premier ministre et notre Président, ne suffit pas à exprimer la relation entre nos deux pays ». C’est ainsi que Jean-Luc Mélenchon a entamé l’échange en visioconférence, dont nous publions ici quelques extraits, avec Vijoo Krishnan, Secrétaire général du All India Kisan Sabha, une des principales organisations de paysans indiens forte de 16 millions de membres, et Revati Laul, journaliste connue notamment pour ses enquêtes sur les pogroms visant les minorités religieuses en Inde.

Rencontre entre Jean-Luc Mélenchon et Vijoo Krishnan, Secrétaire général du All India Kisan Sabha, une des principales organisations de paysans indiens forte de 16 millions de membres, et Revati Laul, journaliste connue notamment pour ses enquêtes sur les pogroms visant les minorités religieuses en Inde.

La relation entre l’Inde et la France n’est pas en discussion. L’Inde est historiquement un pays ami, stratégiquement situé, et représentant pas loin du quart de l’humanité. Mais, particulièrement en matière diplomatique, les symboles comptent. Et Emmanuel Macron affaiblit encore un peu plus les principes de notre République en offrant le statut d’invité d’honneur des cérémonies du 14-Juillet à Narendra Modi, Premier ministre indien. L’idéologie et l’action de ce dernier sont pourtant aux antipodes des principes de Liberté, Egalite, Fraternité, sans lesquels la célébration de notre fête nationale est vidée de son sens républicain. 

En Inde cette visite est présentée par les médias proches du pouvoir comme un blanc-seing à la politique de Narendra Modi. Ce dernier, membre d’une formation politique directement inspirée du fascisme européen, défend l’idée d’une Inde réservée aux hindous, dans laquelle les musulmans et chrétiens notamment sont considérés comme des sous-citoyens, et régulièrement victimes de pogroms dans le silence du gouvernement et la complicité actives des militants suprémacistes hindouistes. Une Inde dans laquelle les oppositions sociales, politiques, intellectuelles, sont violemment réprimées.

Voir les articles du Monde en commun à ce sujet
L’Inde de Modi (partie I) : l’hindouisme politique, entre contestation sociale et lynchages racistes
L’Inde de Modi (partie II) : La France et ses armes contre les droits humains

La visioconférence entre Jean-Luc Mélenchon et ses deux interlocuteurs indiens offre une autre conception des relations entre la France et l’Inde. Principal enseignement : si les différences entre nos deux pays sont évidentes, à bien y regarder les convergences le sont plus encore.

La dérive identitaire et autoritaire d’un néolibéralisme reprenant désormais les principales thèses de l’extrême droite s’observe en Inde et en France. Dans chaque cas la montée du néolibéralisme a détruit les conquêtes sociales – aussi maigres étaient-elles dans le cas indien – donc provoqué la montée des discours identitaires, des haines, et la remise en cause des acquis démocratiques. En Inde comme en France, l’opposition sociale est criminalisée. Mais, en Inde comme en France, la nécessaire union de l’opposition politique, sociale, populaire à cette dérive autoritaire voire fascisante ne peut réussir que sur la base de revendications sociales et démocratiques aptes à répondre aux aspirations du grand nombre.

C’est cette méthode portée par l’Union Populaire qui a permis à la gauche de transformation de relever la tête en France. C’est cette méthode qui a permis la victoire de la mobilisation massive des paysans indiens opposés à la réforme portée par Modi, pour ne se limiter qu’à ces deux exemples.

Voir les articles du Monde en commun à ce sujet
Le vent de la révolte se poursuit en Inde, 250 millions de travailleurs en grève !
Après plus d’un an et demi de mobilisation, victoire pour le mouvement paysan indien !

Enfin, à l’heure où les identitaires cherchent partout à diviser en manipulant les religions et en usant de l’ethnicisme, ce qui fut un temps banal doit être réaffirmé avec force : il y a une philosophie commune possible, l’humanisme. Elle est d’autant plus essentielle, et évidente, que l’humanité fait face à des défis communs menaçant son avenir même, comme la crise écologique.

Cette première rencontre en appelle d’autres avec des représentants de l’opposition politique, sociale, intellectuelle à Narendra Modi. L’internationalisme est une dimension fondamentale de l’union populaire.

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