Chaque jour qui passe s’accompagne de toujours plus de détresse au Sri Lanka. Il y a un mois, des émeutes avaient lieu aux abords des stations-essence du pays. Un premier signe de l’ampleur des difficultés auxquelles sont confrontés les Srilankais. Ils subissent depuis plusieurs mois une perte de pouvoir d’achat sans précédent dû à l’explosion des tarifs de certains produits de première nécessité, couplée à des pénuries importantes de carburants, de nourriture mais également de médicaments. Peu à peu, l’attention s’était focalisée sur l’exécutif avec à sa tête Gotabaya Rajapaksa, président depuis 2019, accusé de ne pas faire assez pour aider la population. Les manifestations, toujours pacifiques, se sont donc enchaînées au fil des semaines.
Au même moment, une crise politique venait s’ajouter à la crise économico-sociale. Une partie du gouvernement démissionnait avec fracas, les partis d’opposition refusant dans le même temps la proposition de la formation d’une union nationale. Par ailleurs, le pays se déclarait en défaut de paiement. Malgré tout, l’exécutif a tardé à réagir et la mobilisation s’est radicalisée face à l’absence de réponse offerte par le gouvernement. Ces trois derniers jours, neuf personnes ont perdu la vie et le Premier ministre, frère du président, a été poussé vers la démission alors que des manifestants ont tenter d’envahir sa résidence.
La réaction de Gotabaya Rajapaksa n’a pas tardé : un couvre-feu est désormais mis en place, l’armée déployée afin de le faire respecter sur l’intégralité de l’île. Plus inquiétant, ordre a été donné aux militaires de faire feu à balles réelles sur toute foule trop agressive. La décision radicale laisse craindre une dérive dictatoriale au Sri Lanka, malgré la promesse présidentielle d’engager des réformes afin de réduire le pouvoir de l’exécutif. Il a également écarté toute possibilité de démission. Une position ferme qui ne pourra pas tenir sur la durée au vu de la détresse srilankaise.