Cet article fait partie du dossier La fin du libéralisme

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Texte de référence à venir…

Sommet de Porto de l’UE : un Sommet qui n’avait de social que le nom

Le Sommet Social de l’Union européenne, qui a réuni les chefs d’État et de gouvernement à Porto les 7 et 8 mai dernier, était censé marquer un "tournant social" pour l'Union européenne, dans un contexte de profonde crise dans tout le continent. Il n’en est sorti que des mots creux et aucun engagement concret, visiblement la seule chose dont l’UE est capable en matière de social, alors même que la crise sanitaire nous montre plus que jamais l'innocuité des dogmes du marché et de la concurrence sur lesquels reposent ses politiques.

Ce n’était pas la première tentative. Il y a quatre ans déjà, à Göteborg en Suède, le Sommet social de l’Union européenne avait débouché sur de belles intentions regroupées autour des vingt principes du Socle européen des droits sociaux (soutien actif à l’emploi, égalité des chances et des genres, logements…), mais sans aucune prise d’engagements contraignants.

Cette fois, les choses devaient être différentes. Vous allez voir ce que vous allez voir nous promettaient les pontes des institutions européennes. En pleine crise sociale liée à la pandémie, alors que la pauvreté et la précarité se propage à vue d’œil, que la demande d’aide alimentaire explose dans de nombreux pays européens, que le chômage ne cesse de croître, la secrétaire d’Etat aux Affaires européennes du Portugal, pays actuellement chargé de la Présidence tournante du Conseil européen, avait annoncé vouloir « transformer les principes en actes”. 

L’échec est cuisant. A nouveau, l’Union européenne nous a montré que tout ce qu’elle sait faire en matière de social, ce sont des mots, des mots et encore des mots. Les chefs d’Etat et de gouvernement réunis se sont contentés d’une vague déclaration d’intention et ont encore une fois délibérément évité certains sujets. Le spectacle est bien triste, compte tenu de l’urgence dans laquelle sont plongés les peuples européens, et pendant que le nouveau président des Etats-Unis Joe Biden place le social comme une priorité. 

Macron : le Docteur Jekyll et Mister Hyde du social

Le pire dans tout cela, c’est le double-jeu joué par Emmanuel Macron. Docteur Jekyll-Macron joue au grand défenseur de l’Europe sociale à Porto alors qu’en France, c’est Mister Hyde-Macron qui s’apprête à relancer les injustes réformes des retraites et de l’assurance chômage, dont les effets s’avèreraient délétères en pleine crise économique, comme monnaie d’échange promis à Bruxelles contre des subventions.

A nouveau lors de ce Sommet, Macron s’est félicité d’un modèle social qu’il s’acharne méticuleusement à casser : quand il s’agit de faire reculer la pauvreté, il empêche les jeunes d’accéder au RSA ; plutôt que d’agir contre le mal-logement, il coupe les APL ; et au lieu protéger les travailleurs précaires et atypiques comme les travailleurs des plateformes, il pactise avec Uber. Il a même réussi à se féliciter des avancées concernant le congé parental… qu’il a lui-même bloqué avec Victor Orban !

Le chantier du salaire minimum européen digne

Un chantier prend de plus en plus d’ampleur sur la scène européenne : celui d’un salaire minimum européen. Bien sûr, Emmanuel Macron s’est empressé de s’en faire le promoteur arguant pour « un salaire minimum européen, adapté à chaque pays ». 

Pourtant, il serait bon de lui rappeler qu’en France le SMIC ne permet pas de vivre correctement. Que la compétition entre travailleurs, la baisse des salaires et le dumping social sont justement entraînés par les politiques de concurrence et de libéralisme de l’Union européenne dont il est le principal VRP. 

Surtout, il est un peu facile pour notre président de la République de prêcher comme il le fait le salaire minimum européen à 50 ou 60% du salaire médian dans chacun des Etats membres de l’UE lorsque dans son propre pays ce SMIC largement insuffisant est déjà à… 62% du salaire médian ! Un bon moyen pour se refaire un lifting social à peu de frais juste avant la prochaine élection présidentielle, et dans l’optique, en-même-temps, d’obtenir une bonne excuse de ne pas augmenter le salaire minimum dans son propre pays dans le cas où l’UE validerait un seuil inférieur au niveau actuel du SMIC. 

À l’opposé de cercle infernal, et bien loin de participer au concours Lépine de la meilleure invention sociale, notre mouvement défend un salaire minimum européen digne. Au Parlement européen, avec mes collègues de la délégation de la France Insoumise, nous portons la proposition d’un salaire minimum européen digne, fixé notamment à 75% du salaire médian de chaque État membre, afin que le travail permette de vivre dignement et soit enfin un véritable rempart contre la précarité. 

Le social comme boussole

Ce Sommet était une occasion inespérée de mettre en place des mesures concrètes pour sortir les Européennes et les Européens de la précarité, de la pauvreté, et des conséquences sociales dramatiques de la crise sanitaire.

Il aurait été possible que l’électrochoc de la crise sociale liée à la pandémie ouvre les yeux aux dirigeants européens en les forçant à mettre de côté les paradigmes désuets de l’Europe des marchés et de l’austérité qui ont dicté les politiques européennes jusqu’ici. C’était l’occasion de s’engager à éradiquerle sans-abrisme de l’Union européenne d’ici 2030, comme demandé dans une lettre à la commission européenne largement signée par des eurodéputés de tous bords et de tous pays, de lutter contre le mal-logement, de s’engager contre l’ubérisation sur la protection des travailleurs des plateformes numériques, expression de la dérégularisation du droit du travail et de la précarité grandissante des travailleurs. Autant de sujets qui n’ont même pas mérité une simple mention dans la déclaration finale du sommet de Porto. 

L’Union européenne n’a une fois de plus pas su se montrer à la hauteur des enjeux.

Présente à Porto, c’est dans le cadre du contre-sommet social, organisé par nos partenaires du Bloc de Gauche en marge de la grand-messe officielle, que j’ai pu trouver l’issue politique qui permettrait aux peuples d’Europe de sortir la tête de l’eau. Avec toutes celles et ceux qui construisent une alternative, où l’urgence sociale et la possibilité pour toutes et tous d’accéder aux bien communs, irrigueraient désormais les politiques nationales et européennes.

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Marina Mesure

Syndicalisme international

Marina Mesure is a specialist of social issues. She has worked for several years with organizations defending workers’ rights such as the European Federation of Building and Wood Workers.

She has campaigned against child labor with the International Labor Organization, against social dumping and the criminalization of unionism. As a famous figure in the international trade union world, she considers that the principle of “equal work, equal pay « remain revolutionary: between women and men, between posted and domestic workers, between foreigners and nationals ».

Marina Mesure, especialista en asuntos sociales, ha trabajado durante varios años con organizaciones de derechos de los trabajadores como la Federación Europea de Trabajadores de la Construcción y la Madera.

Llevo varias campañas contra el trabajo infantil con la Organización Internacional del Trabajo, contra el dumping social, y la criminalización del sindicalismo. Es una figura reconocida en el mundo sindical internacional. Considera que el principio de « igual trabajo, igual salario » sigue siendo revolucionario: entre mujeres y hombres, entre trabajadores desplazados y domésticos, entre extranjeros y nacionales « .

Spécialiste des questions sociales, Marina Mesure travaille depuis plusieurs années auprès d’organisations de défense des droits des travailleurs comme la Fédération Européenne des travailleurs du Bâtiment et du Bois.

Elle a mené des campagnes contre le travail des enfants avec l’Organisation internationale du travail, contre le dumping social, la criminalisation du syndicalisme. Figure reconnue dans le monde syndical international, elle considère que le principe de « travail égal, salaire égal » est toujours aussi révolutionnaire : entre les femmes et les hommes, entre les travailleurs détachés et domestiques, entre étrangers et nationaux ».

Sophia Chikirou

Directrice de la publication

Sophia Chikirou is the publisher of Le Monde en commun. Columnist, director of a documentary on the lawfare, she also founded several media such as Le Média TV and the web radio Les Jours Heureux.

Communications advisor and political activist, she has worked and campaigned in several countries. From Ecuador to Spain, via the United States, Mexico, Colombia, but also Mauritania, she has intervened with progressive and humanist movements during presidential or legislative campaigns.

In 2007, she published Ma France laïque (La Martinière Editions).

Sophia Chikirou es directora de la publicación de Le Monde en commun. Columnista, directora de un documental sobre el lawfare, también fundó varios medios de comunicación tal como Le Média TV y la radio web Les Jours Heureux.

Asesora de comunicacion y activista política, ha trabajado y realizado campañas en varios países. Desde Ecuador hasta España, pasando por Estados Unidos, México, Colombia, pero también Mauritania, intervino con movimientos progresistas y humanistas durante campañas presidenciales o legislativas.

En 2007, publicó Ma France laïque por Edicion La Martinière.

Sophia Chikirou est directrice de la publication du Monde en commun. Editorialiste, réalisatrice d’un documentaire sur le lawfare, elle a aussi fondé plusieurs médias comme Le Média TV et la web radio Les Jours Heureux.

Conseillère en communication et militante politique, elle a exercé et milité dans plusieurs pays. De l’Equateur à l’Espagne, en passant par les Etats-Unis, le Mexique, la Colombie, mais aussi la Mauritanie, elle est intervenue auprès de mouvements progressistes et humanistes lors de campagnes présidentielles ou législatives.

En 2007, elle publiait Ma France laïque aux éditions La Martinière.

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