Cet article fait partie du dossier Ecologie populaire

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Rapport du Haut Conseil pour le Climat : le mercure grimpe et les rapports s’empilent

Il y a quelques jours, un rapport de l’ONU a tiré la sonnette d’alarme : « la sécheresse sera la prochaine pandémie mondiale ». Le Brésil, le Mexique ou encore les Etats-Unis subissent déjà le manque d’eau. La température moyenne mondiale a quant à elle déjà augmenté de +1,2°C. Le Canada est un aperçu du pire : 50°C et près de 500 morts en une semaine à cause d’un dôme de chaleur. L’Organisation Météorologique Mondiale a prévenu que le seuil de +1,5°C risquait d'être atteint d'ici 2025. Concrètement, la moitié de la population mondiale devrait vivre dans des régions confrontées à des pénuries d'eau dans les prochaines années. La France ne sera pas épargnée et il faut s’y préparer : voilà la conclusion à tirer du dernier rapport du Haut Conseil pour le Climat.

Le succès sur le front de la lutte contre le réchauffement climatique s’éloigne. En effet, la hausse des températures moyennes en France a atteint 1,7 °C depuis 1900, « avec une accentuation sensible du réchauffement au cours des trois dernières décennies ». Pourtant, nous ne sommes pas dans les clous de l’Accord de Paris qui vise à limiter le réchauffement à +2 degrés. Le gouvernement se targue d’avoir atteint les objectifs de réduction des émissions de gaz à effet de serre pour 2019. « Mais il ne faut pas oublier que les plafonds d’émission avaient été relevés » a souligné la Présidente du Haut-Conseil en conférence de presse. Cette astuce gouvernementale fut en réalité un cache misère. Il y a urgence à accélérer les politiques d’atténuation du changement climatique. 

Selon le Haut Conseil pour le Climat, la France doit « pratiquement doubler » le rythme de réduction de ses émissions de CO2 pour atteindre son objectif de -40% de réduction des émissions de gaz à effet de serre à horizon 2030. Dans le détail, les émissions du bâtiment, de l’industrie et de l’énergie ont légèrement baissé. Mais celles des transports stagnent et le secteur reste le premier émetteur avec 31 % des émissions. Pour finir, la moitié de l’empreinte carbone nationale provient des importations. Une bifurcation écologique radicale s’impose. D’autant plus que l’objectif national actuel est loin d’être ambitieux. 

La recommandation du rapport est très claire : « La France doit rehausser son objectif de réduction des émissions visé pour 2030 ». 

Ce couperet tranche avec le contenu du projet de loi Climat actuellement débattu au Parlement. Mises bout à bout, les mesures qu’il contient ne permettent d’atteindre que 10% de l’objectif global. Les auteurs du rapport ne sont pas dupes. Celui-ci est jalonné de vives critiques de l’action du gouvernement. D’abord, il tance la décision du gouvernement prise début 2020 d’exiger de chaque ministère une feuille de route climat. Cela « se concrétise trop lentement ». L’évaluation des lois au regard du climat à quant à elle « peu évolué depuis la publication [de son dernier rapport] sur le sujet ». Pour finir, le plan de relance est loin d’être vert. En effet, « l’essentiel de ses dépenses s’inscrit dans la continuité de l’action actuelle, avec une réduction insuffisante des émissions ».

Outre les politiques d’atténuation, les auteurs du rapport assument une position tranchée : il faut se préparer d’urgence à faire face aux conséquences d’ores et déjà irréversibles. 

Pour cela, une vraie stratégie nationale d’adaptation au changement climatique est nécessaire. En effet, le rapport souligne que les deux-tiers de la population française sont déjà fortement ou très fortement exposés au risque climatique. Celui accroit l’intensifie et la fréquence d’évènements extrêmes. Par exemple, dans un climat non modifié par les bouleversements résultant des activités humaines, la vague de chaleur de septembre 2020 surviendrait seulement tous les 150 ans. Dans le climat actuel, elle aura lieu une fois tous les 12 ans. 

Outre les vagues de chaleur, le rapport peint un tableau exhaustif des phénomènes auxquels nous seront confrontés. Par exemple, il mentionne des phases de gel dévastateur sur des floraison plus précoce de la végétation comme au mois d’avril dernier, une perturbation complète du cycle de l’eau induisant une alternance de sécheresses intenses propices aux incendies et de précipitations diluviennes ou encore des températures nocturnes élevées amplifiées par le béton des villes qui empêcheront les organismes de récupérer. 

Nous nous dirigeons vers un quatrième été de sécheresse d’affilée. 

Il y a donc urgence à mettre en œuvre un plan national pour protéger la ressource en eau et rendre nos villes vivables. Nous devons urgemment nous adapter à cette nouvelle donne climatique irréversible. En effet, comme le soulignent les auteurs du rapport, « il n’est pas possible de continuer à émettre des GES aux mêmes niveaux, en pensant qu’il sera possible de s’adapter à n’importe quel niveau de changement climatique. »

Pour l’heure, l’actuel plan national d’adaptation au changement climatique se compose selon eux d’une « soixantaine d’actions disparates ». La stratégie nationale d’adaptation doit être « dotée d’objectifs quantifiés et de délais précis, en identifiant des secteurs prioritaires ». Le contre-budget 2021 des députés insoumis paru en mars 2020 mettait déjà en avant cette nécessité. Cette adaptation doit revêtir plusieurs aspects.

Premièrement, il faut renforcer les réseaux et les infrastructures exposées aux évènements extrêmes tels des températures élevées ou des vents violents, mais aussi rénover les canalisations pour économiser l’eau. C’est ce que propose l’Avenir en Commun. 

Deuxièmement, il faut se préparer à des situations de crise et d’urgence. La conscription citoyenne proposée par l’Avenir en Commun est une façon d’y répondre. Enfin, le rapport préconise de penser la planification de cette adaptation « en privilégiant la cohérence fonctionnelle de certains territoires, par-delà les limites administratives », c’est-à-dire en cohérence avec la réalité écologique et sociale du pays. Concrètement, « il peut ainsi être utile de travailler à l’échelle d’un bassin-versant, d’un corridor écologique, mais aussi d’un bassin agricole ou industriel, d’un bassin d’emploi ou d’un bassin de vie. » L’Avenir en Commun ne dit pas autre chose.  

Le Haut Conseil pour le Climat et le programme de l’Avenir en Commun convergent tant sur le diagnostic que les solutions. Atténuation et adaptation ne sont pas opposées mais complémentaires : ce duo est la clé pour faire face à la phase d’incertitude écologique majeure dans laquelle nous entrons. 

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Claire Lejeune est co-responsable du département de planification écologique de l’Institut La Boétie. Elle est revenue pour l’Émission populaire sur l’appel, fait par une vingtaine de pays, dont la France, à tripler les capacités nucléaires mondiales d’ici à…

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Marina Mesure

Syndicalisme international

Marina Mesure is a specialist of social issues. She has worked for several years with organizations defending workers’ rights such as the European Federation of Building and Wood Workers.

She has campaigned against child labor with the International Labor Organization, against social dumping and the criminalization of unionism. As a famous figure in the international trade union world, she considers that the principle of “equal work, equal pay « remain revolutionary: between women and men, between posted and domestic workers, between foreigners and nationals ».

Marina Mesure, especialista en asuntos sociales, ha trabajado durante varios años con organizaciones de derechos de los trabajadores como la Federación Europea de Trabajadores de la Construcción y la Madera.

Llevo varias campañas contra el trabajo infantil con la Organización Internacional del Trabajo, contra el dumping social, y la criminalización del sindicalismo. Es una figura reconocida en el mundo sindical internacional. Considera que el principio de « igual trabajo, igual salario » sigue siendo revolucionario: entre mujeres y hombres, entre trabajadores desplazados y domésticos, entre extranjeros y nacionales « .

Spécialiste des questions sociales, Marina Mesure travaille depuis plusieurs années auprès d’organisations de défense des droits des travailleurs comme la Fédération Européenne des travailleurs du Bâtiment et du Bois.

Elle a mené des campagnes contre le travail des enfants avec l’Organisation internationale du travail, contre le dumping social, la criminalisation du syndicalisme. Figure reconnue dans le monde syndical international, elle considère que le principe de « travail égal, salaire égal » est toujours aussi révolutionnaire : entre les femmes et les hommes, entre les travailleurs détachés et domestiques, entre étrangers et nationaux ».

Sophia Chikirou

Directrice de la publication

Sophia Chikirou is the publisher of Le Monde en commun. Columnist, director of a documentary on the lawfare, she also founded several media such as Le Média TV and the web radio Les Jours Heureux.

Communications advisor and political activist, she has worked and campaigned in several countries. From Ecuador to Spain, via the United States, Mexico, Colombia, but also Mauritania, she has intervened with progressive and humanist movements during presidential or legislative campaigns.

In 2007, she published Ma France laïque (La Martinière Editions).

Sophia Chikirou es directora de la publicación de Le Monde en commun. Columnista, directora de un documental sobre el lawfare, también fundó varios medios de comunicación tal como Le Média TV y la radio web Les Jours Heureux.

Asesora de comunicacion y activista política, ha trabajado y realizado campañas en varios países. Desde Ecuador hasta España, pasando por Estados Unidos, México, Colombia, pero también Mauritania, intervino con movimientos progresistas y humanistas durante campañas presidenciales o legislativas.

En 2007, publicó Ma France laïque por Edicion La Martinière.

Sophia Chikirou est directrice de la publication du Monde en commun. Editorialiste, réalisatrice d’un documentaire sur le lawfare, elle a aussi fondé plusieurs médias comme Le Média TV et la web radio Les Jours Heureux.

Conseillère en communication et militante politique, elle a exercé et milité dans plusieurs pays. De l’Equateur à l’Espagne, en passant par les Etats-Unis, le Mexique, la Colombie, mais aussi la Mauritanie, elle est intervenue auprès de mouvements progressistes et humanistes lors de campagnes présidentielles ou législatives.

En 2007, elle publiait Ma France laïque aux éditions La Martinière.

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