Cet article fait partie du dossier La Paix

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Texte de référence à venir…

Président égyptien à Paris : une visite d’État qui ne passe pas

Le 8 décembre 2020, le dictateur égyptien Al-Sissi a été reçu par Emmanuel Macron avec tous les honneurs d'une visite d’État. Y compris la remise de la plus haute distinction de la République française. Les défenseurs des droits de l'Homme ont protesté. Macron, comme Nicolas Sarkozy avec Mouammar Kadhafi, invoque la "realpolitik". Une lecture dénaturée du terme selon Arnaud Le Gall, notre spécialiste des questions internationales.

Arnaud Le Gall est membre du Monde en commun. Cette analyse revient sur la position du groupe parlementaire La France insoumise à travers la voix de Bastien Lachaud, député.

Retour sur la visite du Président égyptien

Emmanuel Macron a choisi d’offrir au dictateur égyptien une visite d’État, avec tous les honneurs qui en découlent. Peu importe pour lui qu’Abdel Fattah al-Sissi affiche l’un des pires bilans de la planète concernant les droits humains.

Est-ce l’annulation par l’Égypte de contrats de ventes d’armes en 2019 suite aux déclarations critiques de Macron depuis Le Caire en janvier 2019 – sans avoir prévenu au préalable son hôte contrairement aux usages – qui l’a motivé à dérouler un tapis rouge à Sissi deux ans plus tard ? Une fois de plus, en raison de son amateurisme solitaire et son addiction à la « diplomatie du mégaphone » Emmanuel Macron aura dû faire une penaude volte-face à 180 degrés deux ans après ses déclarations.

Les éléments de communication élyséens font diversion en ressortant l’opposition éculée entre la « realpolitik » supposée du Chef d’État d’un côté, et la défense des droits humains qu’il faudrait donc jeter aux oubliettes de l’autre.

D’un côté le sérieux selon Macron : « une politique de dialogue exigeant plutôt qu’une politique de boycott qui viendrait à réduire l’efficacité d’un de nos partenaires dans la lutte contre le terrorisme et pour la stabilité régionale ». De l’autre les idéalistes. Circulez. Mais ça n’est pas si simple. Outre le fait que de nombreux outils diplomatiques offrent des alternatives entre le tapis rouge et le boycott d’un pays stratégiquement placé et peuplé de 100 millions d’habitants, rappelons que cette opposition est en pratique infondée, et même absurde.

La realpolitk n’est pas l’oubli des principes

Définie sérieusement, la realpolitik n’est pas l’oubli des principes, mais la simple prise en compte des rapports de forces. Or sur ce terrain, il est pour le coup très peu réaliste de croire que Sissi est un rempart contre le terrorisme et représente un pôle de stabilité régional. Au contraire, ses méthodes de lutte contre le terrorisme sont inefficaces. Et l’instrumentalisation de cette lutte pour éradiquer toute forme de contestation politique ne fait qu’aggraver le mal. Les prisons égyptiennes surpeuplées mélangeant jihadistes et opposants progressistes non violents sont du pain béni pour la diffusion de la propagande des premiers.

Sur le plan économique et social, donc politique, l’Égypte est tout sauf un pôle de stabilité à moyen terme. C’est au contraire une cocotte-minute. Un pays de 100 millions d’habitants, soit dix de plus qu’en 2013, dont 33 % vivent sous le seuil de pauvreté  – pourtant calculé avec des critères locaux bien plus restrictifs que ceux de l’Onu, et dans lequel 3,5 millions de jeunes entreront sur le marché du travail d’ici 2025.  Un pays dans lequel l’armée accapare tous les secteurs de l’économie et bride  les secteurs créateurs d’emploi au profit de grand projets inutiles et délirants, comme l’illustre la grande fierté de Sissi, sa nouvelle capitale administrative, au budget évalué sans transparence entre 50 et 300 milliards de dollars, alors qu’elle restera sûrement aux trois quart vide… Alimentée par un système financier frauduleux analogue à celui qui s’est effondré au Liban en laissant le pays dans le chaos, cette nouvelle capitale illustre à elle seule la fuite en avant d’une oligarchie militaire égyptienne qui envoie son pays dans le mur. Il n’y a en France que les néolibéraux autoritaires dogmatiques et les affairistes confondant leur profits avec la santé globale de l’économie pour voir là un pôle de stabilité…

Parce qu’elle n’oppose pas le réalisme d’un côté, et les droits humains de l’autre, et que la seule politique efficace de stabilité et de lutte contre le terrorisme est celle qui prend en compte les attentes des peuples qui se battent pour leur souveraineté et leurs droits, la France Insoumise s’est donc opposée au statut de visite d’Etat offert au dictateur égyptien. Son groupe parlementaire était notamment représenté par Bastien Lachaud au rassemblement en solidarité avec le peuple égyptien, organisé le mardi 8 décembre à 18 h devant l’Assemblée nationale par les organisations de défense des droits humains.

Communiqué de presse du groupe parlementaire de La France insoumise.

Le dictateur égyptien Abdel Fattah al-Sissi sera en visite d’État en France le 7 décembre. La France insoumise dit sa fraternité pour le peuple égyptien. Mais elle désapprouve la « grande pompe » réservée à l’accueil d’un homme ayant tué tous les espoirs nés de la révolution de 2011 en faisant de son pays une prison. La répression totale qu’exerce le régime égyptien contre toute forme de contestation, au prétexte bien connu de lutter contre le terrorisme, commande plus de réserve. Encore une fois, la politique étrangère du président français reste à courte vue. Elle est lourde de déconvenues à venir. 

Au prétexte que l’Égypte achète des armes à la France, et affronte des groupes armés, notamment dans le Sinaï, Emmanuel Macron perd de vue tous les principes politiques défendus par la France. Il oublie l’inefficacité, du point de vue de la lutte contre le terrorisme, de cette répression aveugle n’ayant d’égale qu’une brutalité envers les civils qui fournit sans cesse aux jihadistes de nouvelles recrues. Il oublie les milliers de prisonniers politiques, à commencer par les progressistes, dont nous demandons encore une fois la libération. 

Ces pactes avec des dictatures sanglantes discréditent la parole de la France, et entravent la possibilité d’une action extérieure indépendante au service de la coopération entre les États et les peuples.

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Marina Mesure

Syndicalisme international

Marina Mesure is a specialist of social issues. She has worked for several years with organizations defending workers’ rights such as the European Federation of Building and Wood Workers.

She has campaigned against child labor with the International Labor Organization, against social dumping and the criminalization of unionism. As a famous figure in the international trade union world, she considers that the principle of “equal work, equal pay « remain revolutionary: between women and men, between posted and domestic workers, between foreigners and nationals ».

Marina Mesure, especialista en asuntos sociales, ha trabajado durante varios años con organizaciones de derechos de los trabajadores como la Federación Europea de Trabajadores de la Construcción y la Madera.

Llevo varias campañas contra el trabajo infantil con la Organización Internacional del Trabajo, contra el dumping social, y la criminalización del sindicalismo. Es una figura reconocida en el mundo sindical internacional. Considera que el principio de « igual trabajo, igual salario » sigue siendo revolucionario: entre mujeres y hombres, entre trabajadores desplazados y domésticos, entre extranjeros y nacionales « .

Spécialiste des questions sociales, Marina Mesure travaille depuis plusieurs années auprès d’organisations de défense des droits des travailleurs comme la Fédération Européenne des travailleurs du Bâtiment et du Bois.

Elle a mené des campagnes contre le travail des enfants avec l’Organisation internationale du travail, contre le dumping social, la criminalisation du syndicalisme. Figure reconnue dans le monde syndical international, elle considère que le principe de « travail égal, salaire égal » est toujours aussi révolutionnaire : entre les femmes et les hommes, entre les travailleurs détachés et domestiques, entre étrangers et nationaux ».

Sophia Chikirou

Directrice de la publication

Sophia Chikirou is the publisher of Le Monde en commun. Columnist, director of a documentary on the lawfare, she also founded several media such as Le Média TV and the web radio Les Jours Heureux.

Communications advisor and political activist, she has worked and campaigned in several countries. From Ecuador to Spain, via the United States, Mexico, Colombia, but also Mauritania, she has intervened with progressive and humanist movements during presidential or legislative campaigns.

In 2007, she published Ma France laïque (La Martinière Editions).

Sophia Chikirou es directora de la publicación de Le Monde en commun. Columnista, directora de un documental sobre el lawfare, también fundó varios medios de comunicación tal como Le Média TV y la radio web Les Jours Heureux.

Asesora de comunicacion y activista política, ha trabajado y realizado campañas en varios países. Desde Ecuador hasta España, pasando por Estados Unidos, México, Colombia, pero también Mauritania, intervino con movimientos progresistas y humanistas durante campañas presidenciales o legislativas.

En 2007, publicó Ma France laïque por Edicion La Martinière.

Sophia Chikirou est directrice de la publication du Monde en commun. Editorialiste, réalisatrice d’un documentaire sur le lawfare, elle a aussi fondé plusieurs médias comme Le Média TV et la web radio Les Jours Heureux.

Conseillère en communication et militante politique, elle a exercé et milité dans plusieurs pays. De l’Equateur à l’Espagne, en passant par les Etats-Unis, le Mexique, la Colombie, mais aussi la Mauritanie, elle est intervenue auprès de mouvements progressistes et humanistes lors de campagnes présidentielles ou législatives.

En 2007, elle publiait Ma France laïque aux éditions La Martinière.

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