Il entend ainsi « passer d’une Europe de coopération à l’intérieur de nos frontières à une Europe puissante dans le monde, pleinement souveraine, libre de ses choix et maître de son destin » ; faire avancer « l’Europe de la défense » en définissant la « boussole stratégique » de l’Europe ; « refonder en profondeur » la relation entre l’Afrique et l’Europe, « grand projet géopolitique des prochaines décennies » ; développer une « modèle européen de croissance » via la construction de « filières industrielles fortes et intégrées » ; « parachever une Europe bancaire, un vrai marché des capitaux, une Europe financière enfin intégrée » ; renforcer la lutte contre le changement climatique ; le tout pour construire une « Europe humaine »…
On cherchera en vain une mesure concrète dans les annonces du président. Et pour cause, derrière les grands discours, la déclinaison pratique de ces formules creuses risque de se résumer à une liste de courses formulée par quelques grands groupes multinationaux.
On savait déjà que la Présidence française de l’Union européenne, qui n’arrive qu’une fois tous les 14 ans et aurait pu, dans l’intérêt national et européen, être décalée de 6 mois pour ne pas être écourtée par la campagne présidentielle, sera instrumentalisée au service de sa campagne. 400 événements sont déjà prévus pour alimenter la mise en scène de « Macron Champion de l’Europe ». Ce dernier va vouloir imposer le faux débat « pour ou contre l’Europe », pour occulter son absence de stratégie sérieuse sur les enjeux. On a désormais la confirmation que cette présidence française a été préparée en étroite collaboration avec les groupes industriels et bancaires, sur les demandes desquels le gouvernement français s’est aligné. C’est ce que montre le rapport mis en ligne ces derniers jours par l’Observatoire des multinationales et Corporate Europe Observatory « Une présidence sous influence ? Les priorités biaisées du gouvernement français pour l’UE ».
Ce rapport rappelle que derrière les grands discours sur la « souveraineté » ou l’« autonomie stratégique » européenne, Macron est le président des riches, en Europe comme en France.