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Pérou : deux semaines avant l’élection présidentielle, l’extrême droite ose tout

Le 6 juin 2021, le candidat de gauche Pedro Castillo affrontera Keiko Fujimori, candidate de l’extrême droite, poursuivie pour blanchiment et fille de l’ancien dictateur Alberto Fujimori. L’enseignant syndicaliste Pedro Castillo est donné favori dans un pays ravagé par le libéralisme économique, la corruption et le narcotrafic. Face à la popularité du candidat de gauche, la droite ose tout : elle agite le chiffon rouge du chavisme et la guérilla maoïste du Sentier Lumineux, quasi-inactive aujourd'hui, a commis un attentat qui a fait 18 morts ce dimanche, deux semaines avant le deuxième tour. Quelle malheureuse coïncidence… Un massacre instrumentalisé par Fujimori qui accuse Castillo depuis le début de la campagne d’avoir des liens avec le Sentier Lumineux. Ce que ce-dernier a toujours nié.

Une mobilisation nationale massive a eu lieu ce week-end pour dire non à la candidature (poussée par l’élite médiatico-néolibérale) de Keiko Fujimori. « Non à Keiko », « Fujimori jamais plus » a-t-on pu lire sur les pancartes des manifestants, qui expriment leur ras-le-bol et leur indignation face à la corruption : La candidate d’extrême droite a été plus d’un an en détention dans le cadre de l’enquête sur le scandale sans précédent Odebrecht, du nom d’un géant brésilien du bâtiment qui a reconnu avoir versé des pots-de-vin à de nombreux dirigeants politiques latino-américains. Selon la justice, la formation de Keiko Fujimori aurait reçu 1,2 million de dollars pour financer illégalement sa campagne électorale en 2011.

En manifestant contre la candidature de la fille Fujimori, le peuple a surtout exprimé sa volonté profonde de tourner la page du fujimorisme, courant d’extrême droite autoritaire et néolibéral dont Keiko Fujimori est l’héritière et la farouche partisane… Elle est allée jusqu’à qualifier la politique d stérilisations forcées menée par son père (qui purge actuellement une peine de 25 ans de prison pour corruption et crime contre l’humanité), comme une politique de « planning familial ». À Lima ce week-end, les associations de victimes du fujimorisme ont ouvert la marche, à laquelle se sont joints des collectifs féministes, LGBT, des artistes et des milliers de citoyens, conscients du risque d’avoir à nouveau un membre de la famille Fujimori à la tête de leur pays : en effet devant la popularité du candidat de gauche, la presse nationale (dont les titres sont détenus à 80% par le groupe conservateur El Comercio) multiplie les papiers et les éditos alarmistes face à la possible victoire de Pedro Castillo et parle « d’un nouveau Venezuela » si le candidat de gauche venait à être élu. Un argument-épouvantail devenu classique en Amérique Latine (et ailleurs…) dont se sert la droite pour discréditer la gauche. Les médias se sont donc mis en ordre de bataille derrière Keiko Fujimori « pour le bien de la démocratie », et l’ont faite remonter dans les sondages. 

Dimanche 23 mai, 18 personnes ont été assassinées dans la principale zone de production de drogue du Pérou. Les forces armées attribuent cet attentat au « Sentier lumineux », guérilla maoïste née dans les années 70 et quasi inactive aujourd’hui. Plusieurs voix de la classe politique se sont élevées pour mettre en garde contre l’instrumentalisation de ce massacre ; en effet, Keiko Fujimori accuse son rival depuis le début de la campagne de liens avec Sentier Lumineux, ce que Pedro Castillo nie fermement. Il a apporté son soutien aux familles des victimes : « Ma solidarité avec les familles des 18 victimes de l’attaque lâche qui a eu lieu à Pichari, VRAEM. Je condamne fermement cette attaque terroriste et j’exhorte la justice à appliquer tout le poids de la loi. Nous ne tolérerons aucun acte de violence. »

Un évènement qui est à craindre comme étant annonciateur d’une augmentation des tensions politiques, à deux semaines du second tour des élections présidentielles, dans un pays très divisé.

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Marina Mesure

Syndicalisme international

Marina Mesure is a specialist of social issues. She has worked for several years with organizations defending workers’ rights such as the European Federation of Building and Wood Workers.

She has campaigned against child labor with the International Labor Organization, against social dumping and the criminalization of unionism. As a famous figure in the international trade union world, she considers that the principle of “equal work, equal pay « remain revolutionary: between women and men, between posted and domestic workers, between foreigners and nationals ».

Marina Mesure, especialista en asuntos sociales, ha trabajado durante varios años con organizaciones de derechos de los trabajadores como la Federación Europea de Trabajadores de la Construcción y la Madera.

Llevo varias campañas contra el trabajo infantil con la Organización Internacional del Trabajo, contra el dumping social, y la criminalización del sindicalismo. Es una figura reconocida en el mundo sindical internacional. Considera que el principio de « igual trabajo, igual salario » sigue siendo revolucionario: entre mujeres y hombres, entre trabajadores desplazados y domésticos, entre extranjeros y nacionales « .

Spécialiste des questions sociales, Marina Mesure travaille depuis plusieurs années auprès d’organisations de défense des droits des travailleurs comme la Fédération Européenne des travailleurs du Bâtiment et du Bois.

Elle a mené des campagnes contre le travail des enfants avec l’Organisation internationale du travail, contre le dumping social, la criminalisation du syndicalisme. Figure reconnue dans le monde syndical international, elle considère que le principe de « travail égal, salaire égal » est toujours aussi révolutionnaire : entre les femmes et les hommes, entre les travailleurs détachés et domestiques, entre étrangers et nationaux ».

Sophia Chikirou

Directrice de la publication

Sophia Chikirou is the publisher of Le Monde en commun. Columnist, director of a documentary on the lawfare, she also founded several media such as Le Média TV and the web radio Les Jours Heureux.

Communications advisor and political activist, she has worked and campaigned in several countries. From Ecuador to Spain, via the United States, Mexico, Colombia, but also Mauritania, she has intervened with progressive and humanist movements during presidential or legislative campaigns.

In 2007, she published Ma France laïque (La Martinière Editions).

Sophia Chikirou es directora de la publicación de Le Monde en commun. Columnista, directora de un documental sobre el lawfare, también fundó varios medios de comunicación tal como Le Média TV y la radio web Les Jours Heureux.

Asesora de comunicacion y activista política, ha trabajado y realizado campañas en varios países. Desde Ecuador hasta España, pasando por Estados Unidos, México, Colombia, pero también Mauritania, intervino con movimientos progresistas y humanistas durante campañas presidenciales o legislativas.

En 2007, publicó Ma France laïque por Edicion La Martinière.

Sophia Chikirou est directrice de la publication du Monde en commun. Editorialiste, réalisatrice d’un documentaire sur le lawfare, elle a aussi fondé plusieurs médias comme Le Média TV et la web radio Les Jours Heureux.

Conseillère en communication et militante politique, elle a exercé et milité dans plusieurs pays. De l’Equateur à l’Espagne, en passant par les Etats-Unis, le Mexique, la Colombie, mais aussi la Mauritanie, elle est intervenue auprès de mouvements progressistes et humanistes lors de campagnes présidentielles ou législatives.

En 2007, elle publiait Ma France laïque aux éditions La Martinière.

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