Le mercredi 7 octobre 2020, Manuel Garcia Castellon, juge du haut tribunal de l’Audience nationale a demandé que Pablo Iglesias soit inculpé pour une affaire de vol de téléphone qui remonte à 2015. Actuellement, Deuxième vice-président du gouvernement espagnol et Ministre des Droits sociaux et de l’Agenda 2030, ainsi que secrétaire général de Podemos, on reproche au leader de Podemos d’avoir utilisé cette affaire à des fins électorales.
Retour sur les faits
En 2015, la carte mémoire du téléphone de Dina Bousselham, assistante de Pablo Iglesias lorsqu’il était député européen (2014-2015), est volée et envoyée à la rédaction du magazine Interviù. Dans la carte mémoire du portable, se trouvent des documents intimes et personnels qui sont transférés par un journaliste au commissaire José Manuel Villarejo. Précisons tout de suite que ce Commissaire est en détention provisoire depuis 2017 et que ce « ripou » présumé passe son temps à faire chanter les politiques en menaçant de révéler des enregistrements effectués à leur insu.
Toujours est-il qu’un certain nombre de conversations et de documents avaient finalement été divulgués sur internet. Entre temps la carte a été rendue à Pablo Iglesias dès 2016 qui l’a lui-même rendu, hors d’usage, à son ancienne assistante en 2017.
Il incombe désormais à la Cour suprême d’admettre ou non la requête du magistrat d’inculper Pablo Iglesias. Si cette requête était acceptée, Pablo Iglesias serait poursuivi pour avoir monté une affaire frauduleuse, ayant faite porter de fausses accusations pour en tirer un bénéfice électoral. Tout cela n’a pas beaucoup de sens, mais dès qu’il s’agit du leader de Podemos, en Espagne, tout est permis.
Dans la foulée de ces accusations farfelues, la droite demande aujourd’hui que Pablo Iglesias quitte le gouvernement. Toute la mécanique du lawfare est donc bien en place : des médias qui déclenchent « l’affaire », la « justice » qui embraye pour jeter l’opprobre sur un leader politique de gauche et les politiques qui finissent le travail en réclamant la démission.
De quoi Pablo Iglesias est-il le nom ?
Depuis qu’il est ministre, Pablo Iglesias doit affronter les médias de l’establishment qui ont lancé une croisade féroce à son encontre. Puisqu’ils se sentent menacés par Podemos et son programme, ils mettent tout en œuvre pour le discréditer et l’éliminer.
L’establishment dominant de l’État espagnol serait constitué des élites financières, économiques, politiques, militaires, catholiques, universitaires et des médias de l’État espagnol, les héritiers naturels de l’héritage du général Franco, qui ont phagocyté toutes les sphères de décision (…) et déclaré que Pablo Iglesias était « leur bête noire ».
German Gorraiz Lopez, dans un article publié sur e-noticies
Pour ses détracteurs, Pablo Iglesias est aujourd’hui une des menaces les plus importantes qui peut desservir leurs intérêts économiques. C’est en ce sens que Pablo Echenique, responsable du programme de Podemos, a tweeté le 8 octobre 2020 en partageant la réponse de Pablo Iglesias au Sénat concernant les accusations qui lui sont faites.
Heureusement, Pablo Iglesias peut compter sur de nombreux soutiens et il ne fait pas grand cas de ces accusations. Il estime que la Cour Suprême rejettera la demande des magistrats. Mais d’ici-là il est « sûr que cette affaire fera malheureusement trop de bruit. » Le leader de Podemos analyse froidement la situation : « Nous vivons une nouvelle période de transition démocratique et d’anciens pouvoirs ont recours à des moyens illégaux pour garder ces pouvoirs“.
Il semble qu’en Espagne aussi, et pour reprendre Gramsci, « le vieux monde se meurt, le nouveau monde tarde à apparaître et dans ce clair-obscur surgissent les monstres.«